Nantes : les travailleurs et travailleuses de la restauration rendent visite aux patrons


Face aux conditions de travail déplorables, le patronat de la restauration confronté lors d’une de ses réunions


Une action organisée par le Front Uni de la restauration et la CGT a eu lieu à Divatte sur Loire, à l’est de Nantes, ce 27 mai lors d’un rassemblement de l’Union des Métiers et des Industries de la Restauration (UMIH44), un syndicat de patrons de la restauration.

Dans cette petite commune située sur les bords de Loire, le patronat s’était rassemblé au calme pour partager petits fours et muscadet en toute sérénité… sans inviter bien sur celles et ceux qu’ils exploitent en toute impunité et à qui ils refusent la moindre considération, tout en s’enrichissant sur leur dos et leurs tendinites.

À l’heure où, comme chaque année en ce début de saison estivale, les patrons de la restauration viennent pleurer dans les médias mainstream du manque de personnel qualifié, du sous-effectif de main d’œuvre sans jamais comprendre que cette «pénurie» ne relève que de leur inhumanité et leur mépris des travailleur-ses, une dizaine de salarié-es de la restauration et de soutiens de la CGT ont donc pris l’initiative de mettre fin aux festivités afin de confronter ces patrons à leurs responsabilités et leur rappeler que le temps de l’exploitation prenait fin : «Vos établissements ne fonctionnent que grâce à notre force de travail et nous n’allons pas rester indéfiniment à accepter ce que tout le monde refuse ailleurs !»

Le banquet a ainsi été interrompu par les travailleur-ses, qui ont pris la parole pour faire entendre leurs revendications devant le patronat déconcerté et mal à l’aise.

Il faut dire que la colère est grande dans ce secteur d’activité qui se trouve être une véritable zone de non-droit du travail. La convention collective des hôtels, cafés, restaurants (HCR) est en effet totalement dérogatoire au droit commun du travail : heures de nuit non majorées ; augmentation du nombre d’heures travaillées par jour (passant de 8 heures travaillées de nuit maximum dans le code du travail à 11 heures d’affilée de nuit dans la convention collective des HCR) ; dimanches et jours fériés non majorés…

Sans compter le recours constant au travail non-déclaré, aux nuits de travail de 12 heures, aux temps de pause tout simplement inexistants, aux maladies professionnelles et accidents du travail habituels… La consommation de cocaïne et d’alcool devient monnaie courante dans beaucoup d’établissements pour supporter la pénibilité du travail, le port de charges lourdes, les journées et les nuits sans fin, les longues périodes de jeûne et les services interminables.

C’est aussi un milieu où règne une culture viriliste qui prône la souffrance dans le travail, et dans laquelle les agressions sexuelles, les propos sexistes, racistes et discriminatoires sont bien souvent tolérés dans la plus grande omerta. À Nantes également, un collectif de travailleuses de la restauration s’est récemment formé pour aborder les questions de sexisme dans le milieu de la restauration. En plus de la création récente du FUR, il est évident que la fin de l’impunité du patronat de la restauration a sonné dans ce milieu professionnel resté trop longtemps éloigné des luttes politiques et syndicales.


Les revendications du collectif sont nombreuses. Au-delà du simple respect du droit, les travailleur-ses de la restauration exigent :

  • l’augmentation de la grille des salaires de 5% et son indexation sur l’inflation
  • des contreparties financières et de repos au travail de nuit et travail le dimanche
  • des heures supplémentaires alignées sur le droit du travail
  • des primes à l’achat d’équipements de protections individuelles (audition, pieds, dos…)
  • la fin des coupures
  • la réduction générale des horaires de travail
  • la prévenance des planning de 7 jours à un mois
  • la reconnaissance des maladies du travail que l’on développe dans nos métiers.

Les travailleur-ses s’organisent et appellent au plus grand nombre de salarié-es de la restauration à les rejoindre, car notre plus grande force face aux puissants et à l’argent, reste le nombre et la solidarité !


Pour Contacter le FUR : Instagram @fur44_

Mail : fuchr44@protonmail.com

Facebook : Front Uni de la Restauration 44.

Et pour toute réclamation, le président de l’UMIH44 se propose généreusement de répondre à nos revendications «sans chichi», n’hésitez pas à le contacter !


Dessins : Ana Pich

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Une réflexion au sujet de « Nantes : les travailleurs et travailleuses de la restauration rendent visite aux patrons »

  1. Connaissez vous l »embauche » en contrat AFPR ? Un employé payé par nos impots, qui engage le salarié à être super carpette sinon il se fait radier de Pole Emploi, alors que si l’entreprise daigne t’embaucher avec un vrai contrat de travail (car sous ce contrat vous n’êtes pas protégé par aucun des droits des travailleurs, mais ça ils te le disent pas avant que tu signes..) elle est récompensée en gagnant un deuxième cadeau (après celui de l’employé corvéable à merci gratuit) de toucher une prime !
    Bien des entreprises en abusent, restos comme multinationales comme on voit ici https://youtu.be/Yo6tSgfZ6EY?feature=shared&t=309
    Trop peu de gens conaissent ces arnaques que constituent toutes ces formes de « contrats aidés »… En tout cas trop de boites en abusent pour avoir des employés jetables gratos, dans des domaines où la formation (qui est le prétexte intial du contrat) n’est pas vraiment assurée.

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