Chez Boeing : la grève paye


L’inspiration nous vient des travailleurs et travailleuses de Boeing aux États-Unis. Ils n’ont même pas eu à faire grève pour obtenir des accords historiques.


CHEZ BOEING : LA GRÈVE PAYE

La menace des syndicats d’un appel à la grève à partir du 13 septembre des 33000 salariés de Boeing a permis aux travailleurs et travailleuses de décrocher une augmentation de 25% des salaires sur 4 ans. Mais pas seulement, si le préavis de grève est levé les salariés toucheront un prime de 3000$. Cet accord comprend aussi des avancées en termes de retraites et de soins. Ainsi que l’engagement de conserver les emplois du côté de Seattle en construisant les futurs avions commerciaux dans cette région.

Cet accord est considéré comme historique, en effet il répond à 4 enjeux majeurs des luttes sociales, des salaires qui permettent une meilleure répartition des richesses, des soins accessibles, une retraite digne et le maintien de l’emploi local.

Le plus étonnant dans cette négociation est que Boeing est en crise depuis plusieurs mois. Les nombreuses avaries d’appareil ayant occasionner de lourdes pertes. Cet accord nous montre que les discours de “situations économiques compliqués”, de “conjonctures économiques qui se dégradent”, “pression des investisseurs” ou encore de “sanction des marchés financiers” ne sont que des excuses creuses des dirigeants pour maintenir un ordre établi. Seul l’inversion du rapport de force peut briser ce discours.

Cette victoire ouvrière aux États-Unis rappelle le bras de fer qui avait touché le secteur automobile il y a un an. En novembre 2023, le gros syndicat United Auto Workers, soutenu par une large partie des Américains, avait paralysé les trois énormes entreprises de construction automobile, les «Big Three» : Ford, General Motors et Stellantis, nœud de l’économie US. Le syndicat UAW avait mis en grève plus de 45.000 ouvriers de plusieurs grands sites industriels chez les constructeurs automobiles : arrêts surprise, blocage de production, chaînes de production désorganisées. La stratégie s’était révélée efficace, et avait même forcé les deux principaux candidats à la présidentielle à venir apporter leur soutien aux grévistes. Les trois constructeurs avaient fini par accepter une forte augmentation de salaires et des concessions importantes dans la gestion de la production. On pensait les USA vaincus par le néolibéralisme tout puissant, mais les résistances perdurent.

Néanmoins, ce rapport de force ne peut s’inverser qu’en faisant changer la peur de camps. La bourgeoisie et son exercice du pouvoir se sont radicalisés. Nos méthodes doivent s’y adapter. Le récent coup de force de Macron s’alliant avec l’extrême droite pour nier les résultats des législatives est une preuve de plus. Voter ne suffira pas à inverser le rapport de force. Des journées éparpillées de grève avec manifestations ne suffiront pas non plus. C’est d’ailleurs une des nombreuses leçons à tirer de la défaite de la lutte contre la réforme des retraites. 13 jours de grèves générales consécutifs en 2023 auraient eu un impact bien plus important. L’histoire nous l’enseigne, en 1936 bien que le Front Populaire ait gagné les élections, c’est bien la grève générale qui a suivi qui a permis d’obtenir des victoires sociales majeures.


Face aux forcenés qui gouvernent, exploitent et fascisent la société notre réponse doit venir de la base. À Nantes une Assemblée populaire de résistance à lieu chaque semaine pour se former, s’organiser. Ces espaces d’auto-organisation doivent émerger partout et permettre la naissance d’un grand mouvement social.


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Une réflexion au sujet de « Chez Boeing : la grève paye »

  1. Quand les luttes sont conduites par des syndicats contestataires menant des actions radicales, ( comme pour les travailleur.euse.s de Boeing), la lutte paye, mais quand ce sont des syndicats réformistes comme en France, qui plus est, sont confisqués par une bourgeoisie qui va éparpiller des journées de grèves au lieu declancher une grève générale reconductible pendant une réforme impopulaire comme la réforme des retraites, alors la force du mouvement ouvrier devient affaiblit au point d’enchaîner les défaites.

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