Ils s’appelaient Samuel Moeika et Johan Kaidine. Ils avaient 30 et 29 ans, et ont été abattus par les agents du GIGN, venus de France métropolitaine pour mettre au pas leur archipel, ce jeudi 19 septembre.
Au petit matin, l’unité d’élite de la gendarmerie a lancé une opération coup de poing dans une tribu Kanak, la tribu Saint-Louis, pour arrêter une dizaine d’indépendantistes. Touché par les tirs des militaires, le premier est décédé dans l’ambulance qui l’amenait à l’hôpital et le deuxième a été retrouvé mort par balles dans une rivière. Ces deux nouvelles victimes de la guerre coloniale portent le bilan de la répression française dans l’archipel depuis le mois de mai à au moins 13 morts.
Le lieu où s’est déroulée l’opération, le territoire de la tribu Saint-Louis, est un bastion indépendantiste historique en Kanaky, et c’est le lieu d’origine de Chistian Tein, le leader de la CCAT, la Cellule de coordination des actions de terrain qui est le collectif en pointe dans le mouvement en cours contre la réforme électorale imposée par Macron. Cette tribu poursuit les actions et les barrages depuis plusieurs mois, et se trouve aujourd’hui assiégée par les forces de répression françaises. La semaine dernière, les gendarmes ont construit un mur le long de la route qui entoure le territoire de la tribu, renforçant l’atmosphère d’apartheid et rappelant le mur qui encercle Gaza.
Le 10 juillet, c’était déjà un membre de la tribu Saint-Louis, Rock Victorin Wamytan, âgé de 38 ans, qui était abattu par un sniper du GIGN. Il était le neveu d’un leader indépendantiste. La veille, le Haut-commissaire de la République du territoire avait menacé les manifestants pour la liberté de la Kanaky. Il avait déjà prévenu ceux qui bloquent les routes qu’«ils prennent le risque de se faire tuer. Des unités d’élite de la gendarmerie sont sur zone, comme le GIGN». Ce jeudi 27 septembre, le même fonctionnaire utilisait les mêmes éléments de langage : les deux hommes auraient été tués lors d’une «réponse aux tirs des militants indépendantistes» de la part de la police.
Le 18 juin, Lionel Païta, âgé de 26 ans, était enterré après avoir agonisé plusieurs jours. Il avait reçu un tir dans la tête par un gendarme, près d’un des barrages érigés par le peuple en lutte de Kanaky. Avant lui, deux hommes de 19 et 36 ans avaient été assassinés par des colons, le plus jeune d’une balle dans le dos alors qu’il fuyait. Une adolescente Kanak de 17 ans avait péri d’une balle dans la tête au milieu d’une route, et un autre le 24 mai, tué par des policiers en civil. Par ailleurs, des dizaines de Kanak ont été blessés par balle par les milices de colons et la police. Leur nombre ainsi que les séquelles ne sont pas connues.
Par ailleurs, les leaders indépendantistes ont été déportés en métropole, dans des prisons situées à plusieurs milliers de kilomètres de leurs familles. Et en juillet, un cargo affrété par l’État français a débarqué à Nouméa chargé d’équipements militaires, notamment de nombreux blindés.
Le projet colonial renforcé par Macron sur l’archipel se précise. La députée Sonia Backès exprimait en juillet ses envies de rétablir l’apartheid en Nouvelle-Calédonie, dénonçait les autochtones «qui font fuir les entreprises et les talents». Dans son discours, elle opposait les Kanak, accusés d’avoir un «un système [politique] féodal» et les colons qui auraient «un système démocratique», ou encore «un système [économique] communautaire» face à «un système capitaliste». Elle recyclait ainsi la vieille opposition coloniale entre l’occident «civilisateur» et les peuples «primitifs et barbares».
Ainsi, pour cette députée macroniste, il s’agirait de «deux civilisations qui se côtoient en Nouvelle-Calédonie», comme «l’eau et l’huile», selon ses mots. Deux liquides qui ne se mélangent pas, et qu’il faudrait donc séparer. Des propos ouvertement ségrégationnistes.
Le 24 septembre sera une journée de mobilisation Kanak visant à commémorer le début de la colonisation française en 1853. Ce sera une date sous haute surveillance de l’État français, le couvre-feu a été prolongé et durci au moins jusqu’à cette journée.
Une réflexion au sujet de « Guerre coloniale en Kanaky : deux hommes abattus par la gendarmerie »
En kanaky, la police assassine et l’état français utilise la prison et la déportation pour des opposant.e.s arrêté.e.s parce qu’iels brandissaient le drapeau de la kanaky ou pour avoir été présent.e.s sur un barrage. Pendant ce temps des colons ayant assassiné volontairement des manifestant.e.s , sont tranquillement chez eux avec un bracelet électronique.