Le 7 octobre 2024, le tribunal d’application des peines tiendra audience pour statuer sur la libération conditionnelle du plus ancien prisonnier d’Europe.
Communiste libanais et combattant de la résistance palestinienne, Georges Ibrahim Abdallah rejoint d’abord le Front Populaire pour la Libération de la Palestine en 1971 et co-fondera le groupe FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) en réponse à l’envahissement du Liban par 60 000 soldats de Tsahal, l’armée israélienne.
Figure majeure du mouvement de résistance à la colonisation israélienne et pour la libération de la Palestine, Georges Abdallah est arrêté à Lyon en 1984 pour détention de faux-papiers. Alors en attente de son procès, la promesse de sa libération faite par le chef des services de renseignement Yves Bonnet dans le cadre d’un échange de prisonniers ne sera jamais tenue. Ce dernier avouera-même avoir «un problème de conscience avec cette affaire. La France a trahi la parole donnée.» Le militant sera par la suite condamné à 4 ans de prison, ses chefs d’inculpation ayant été artificiellement grossis par de nouveaux motifs tels qu’association de malfaiteurs, détention d’armes et d’explosifs.
Cette première forfaiture signe les prémisses d’un des plus gros scandales judiciaires, lorsque que USA s’en mêlent. Partie civile lors de son procès, le porte-parole de l’ambassade des États-Unis regrette la légèreté de la peine prononcée, le patron de la CIA allant même jusqu’à déclarer «Si jamais la France ne condamne pas Abdallah à la perpétuité, ça va mal se passer entre nos deux pays, il y aura une rupture diplomatique. Ce sera un énorme scandale.». C’est sous cette pression politique que Georges Abdallah sera à nouveau jugé, dans le cadre cette fois d’une justice d’exception, sans jury, pour complicité d’assassinats : les preuves sont inexistantes ou fabriquées et l’avocat général requiert au maximum dix ans d’emprisonnement. Les juges, supervisés par les USA, décident néanmoins d’infliger la perpétuité à Abdallah. Et ce alors que nous apprendrons plus tard que son avocat de l’époque était un agent à la solde de la DGSE, chargé de leur répéter la moindre information sur son client. Bref c’est une véritable machination politique qui a refermé sa mâchoire sur un homme coupable d’avoir résisté !
Libérable depuis 1999, Georges Abdallah a formulé neuf demandes de libération conditionnelle. En 2013, pour la deuxième fois, le tribunal d’application des peines s’est prononcé en faveur de sa libération, décision confirmée par la cour d’appel. Tous les signaux semblaient au vert pour sa remise en liberté. Mais c’était sans compter sur les manœuvres obscures du gouvernement, prêt à tout pour ne pas contrarier l’Oncle Sam.
Un mail révélé par Wikileaks montre que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a écrit à Laurent Fabius alors ministre des Affaires étrangères : «Bien que le gouvernement français ne soit pas légalement en mesure d’annuler la décision de la Cour d’appel, nous espérons que les autorités françaises pourront trouver une autre base pour contester la légalité de cette décision.» Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls, qu’on connaît habituellement si motivé à l’idée d’envoyer des OQTF, refuse de signer l’arrêté d’expulsion de Georges Abdallah, dernière condition nécessaire à sa libération et à son retour dans son pays. Et depuis c’est le flou le plus total dans ce vide juridique, le pays des droits de l’Homme s’acharne à attendre la mort en prison d’un homme qui n’aurait pas dû y passer une seconde. Encore un exemple de la déchéance morale des gouvernements occidentaux, surtout quand se souvient des applaudissements nourris du congrès américain à destination de Benjamin Netanyahou quelques mois plus tôt, bien que poursuivi par le Cour Pénale Internationale pour les crimes de masse commis à Gaza et en Cisjordanie.
Cela fait maintenant 40 ans que Georges Abdallah est injustement emprisonné, 25 ans qu’il aurait dû être libéré, et alors qu’on assiste à un génocide à Gaza, que le spectre de la guerre au Liban se rapproche, nous devons nous faire entendre et exiger sa libération !
En effet, le 7 octobre prochain – coïncidence ou clin d’œil politique de mauvais goût ? – sera examinée sa dixième demande de liberté. Il importe de montrer que les résistants d’hier et d’aujourd’hui continueront de se battre contre le projet génocidaire sioniste. Le combat de Georges Abdallah est le même 40 ans plus tard, il est le nôtre ! Les crimes de l’entité coloniale s’aggravent et les gouvernants occidentaux continuent de soutenir le régime israélien au mépris de toutes les conventions du droit international.
Face à l’apathie morale de ceux qui nous gouvernent organisons nous, prenons la rue. Des initiatives pour Georges Abdallah auront lieu tout au long du mois d’octobre.
Photo : collectif Vacarme(s)
Une réflexion au sujet de « 1984-2024 : Après 40 ans d’emprisonnement injuste, exigeons la libération de Georges Abdallah »
Bien que libérable depuis 1999, Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier politique en France. C’est tout une mafia occidentale qui condamne un innocent pendant qu’elle applaudit les crimes de son tyran sanguinaire de Netanyahou. Nos vies sont imprégnées par l’injustice, Georges Ibrahim Abdallah et les personnes civiles en Palestine et au Liban sont les victimes des États criminels et de la caste gouvernementale et occidentale mafieuse .