On croit que le paysage audiovisuel français a touché le fond, et pourtant il continue à nous révolter davantage. Ce 23 octobre, en direct, sur une chaine de télévision nationale : l’interview complaisante d’un des plus grands criminels de l’humanité encore en vie. Netanyahou était sur Cnews.

Dans un long échange animé par Laurence Ferrari, souriante sur fond de drapeau israélien, le Premier Ministre de l’État colonial a pu dérouler ses éléments de langage en parlant d’une « guerre de civilisation contre la barbarie ». Netanyahou a entre autres choses déclaré : « Nous ne combattons pas seulement pour nous, mais nous combattons pour vous aussi. On est vraiment de retour au Moyen-Age », ressuscitant ainsi les croisades pour le public français réactionnaire, ou encore critiqué Macron car il ne soutiendrait pas assez inconditionnellement l’anéantissement de Gaza.
Mais Netanyahou a surtout déclaré : « Il y a beaucoup de désinformation à la télévision » et « J’apprécie que votre chaîne se batte pour la liberté, pour la civilisation judéo-chrétienne, attaquée par le fondamentalisme islamique ». Netanyahou tue les vrais journalistes, ceux qui filment la réalité à Gaza, sur le terrain, et félicite les propagandistes de plateau occidentaux.
Il faut se rendre compte de la gravité de ces propos. Un dirigeant violant toutes les règles du droit international, mis en cause pour des faits de génocide et visé par un mandat d’arrêt, a pu utiliser Cnews comme son porte-voix. La chaine russe RT a été interdite pour infiniment moins que ça au début de la guerre en Ukraine. Cnews est complice de crimes de guerre et félicitée pour cela.
Pour trouver un équivalent, imaginez un responsable de la police politique syrienne qui serait convié à justifier en direct les exécutions et la torture de masse lors de la répression de la révolution syrienne. Ou des gradés poutiniens qui expliqueraient tranquillement l’offensive en Ukraine et ses massacres, sur fond de drapeau russe. Ou des génocidaires serbes couverts de sang, invités en prime time lors de la guerre en ex-Yougoslavie.
Dans le même registre, le 7 octobre, BFMTV organisait une émission spéciale en direct de Tel-Aviv, présentée par Benjamin Duhamel, et tendait encore une fois le micro à Olivier Rafowicz, colonel de l’armée israélienne. Ce dernier félicitait ce média : «Vous, en tant que chaîne, et je dis que votre chaîne fait du travail excellent par rapport à la présentation du conflit, des deux côtés».
Le militaire d’une armée commettant un génocide remercie une chaine française pour son soutien à la propagande de guerre. Pire, il faut savoir que Rafowicz n’est pas un simple soldat : il a été candidat pour un parti israélien fasciste nommé Israel Beytenou. Un parti plus raciste et belliciste encore que celui de Netanyahou. BFM est donc une tribune pour l’extrême droite la plus radicale en Israël, qui l’en remercie !
Liberté d’expression ? Peut-on donner la parole sans contradiction aux pires criminels de la planète ? Rappelons que c’est l’État qui offre les fréquences aux chaînes de télévision. Ces créneaux sur la TNT permettent à 97% de la population de recevoir ces chaînes gratuitement par une antenne, et sont données par l’Arcom, anciennement le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) : l’autorité de régulation de l’audiovisuel.
Rien n’oblige l’État a fournir à Bolloré, qui possède Cnews, et Rodolphe Saadé, propriétaire de BFM, des fréquences qui leur permettent de toucher 70 millions de personnes. En principe, l’Arcom est censée s’assurer que les chaînes sont en «capacité de répondre aux attentes d’un large public», qu’elles permettent la «sauvegarde du pluralisme des courants d’expression socioculturels» et qu’elle produisent de l’information. Aucun de ces critères n’est réuni, ni pour Cnews ni pour BFM.
En offrant à ces médias des canaux TNT, c’est l’État français lui-même qui se rend complice d’apologie de crimes contre l’humanité.
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3 réflexions au sujet de « Un génocidaire poursuivi par la justice internationale félicite Cnews »
Au moins là, on sait pourquoi les milliardaires rachètent les la presse deficitaire française et les medias de masse. Le principe ce n’est pas d’aller gagner de l’argent avec de ça, mais de faire de l’info H24 pour bourrer le crâne de la population et utiliser leurs vassaux de « journalistes » pour diffuser l’idéologie (au parfum de merde et de sang) et redorer le blason de leurs maîtres : tyrans sanguinaires, grands bourgeois cossus, milliardaires et dictateurs assassins.
Trust chantait : Vos idées ne sont fondées que par overdose de télé.
Il faudrait que les gens balancent leur télé, ça leur dégagerait les neurones.
LCI a fait exactement la même chose il y a quelques semaines. Sur toutes les autres chaînes c’est pareil ou quasi, qu’elles soient privées ou PUBLIQUES. Mais qui regarde ces poubelles et leurs animateurs pourris ? Le problème c’est le public captif des hostos, des cliniques, des ehpad, des lieu d’attente au public, squattés par ces chaînes des 1000 Collines. Quant à l’arcom mieux vaut ne pas compter dessus, tant ça roupille dur, tout en comptant ses sous… Ya qq temps Zalea avait tout expliqué en un doc sur leur predecesseur le CSA. C’est en vision libre, chercher « Aux chiottes le CSA »…