Israël a largué près de 80.000 tonnes d’explosifs sur Gaza selon le diplomate Mohamad Safa. L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’Homme estimait déjà au printemps qu’en l’espace de six mois d’opération génocidaire, entre le 7 octobre 2023 et le 24 avril 2024, l’armée israélienne avait déversé environ 70.000 tonnes de bombes sur ce petit territoire palestinien, assiégé et densément peuplé.
80.000 tonnes d’explosifs, c’est l’équivalent de 5 fois la puissance de la bombe nucléaire larguée sur Hiroshima au Japon, dont la puissance était de 12 kilotonnes. Cela équivaut aussi à 36 kilogrammes d’explosifs pour chaque homme, femme et enfant vivant à Gaza – la population était estimée à 2,2 millions d’habitant-es avant le début de l’opération génocidaire.
Les USA ont fourni à l’armée israélienne des bombes d’une tonne : les bombes Mark 84 qui pèsent 2000 livres. Ces obus sont capables de causer des cratères de 5 à 30 mètres de profondeur, et génèrent plus de 14.000 fragments qui s’éparpillent dans un rayon d’un kilomètre.
Lors des frappes à Raqqa en Syrie et à Mosul en Irak contre l’État Islamique, les États-Unis jugeaient leur bombe de 230 kilogrammes trop puissante pour être utilisée en milieu urbain. À Gaza, 90% des bombes utilisées par l’armée Israélienne pèsent entre 450 kg et 900 kg. Israël bombarde donc l’une des zones les plus densément peuplées au monde avec des armes 2 à 4 fois plus puissantes que les missiles américains qui étaient jugés trop dangereux dans sa guerre contre Daesh.
Une autre comparaison : le 13 octobre 2023, une semaine seulement après le 7 octobre, Israël avait déjà bombardé «ce que les États-Unis ont tiré en Afghanistan en un an», estimait Marc Garlasco, ancien enquêteur de l’ONU sur les crimes de guerre. En effet, en 6 jours seulement, l’armée israélienne reconnaissait avoir envoyé «environ 6000 bombes» sur la bande de Gaza, soit «4000 tonnes d’explosifs». À titre de comparaison, le maximum de bombes tirées par l’armée des USA en Afghanistan sur un an a été de 7.423. Gaza est une zone 2.000 fois plus petite que l’Afghanistan. Pendant toute la guerre en Libye, l’alliance de l’OTAN avait déclaré avoir largué 7.600 bombes et missiles. Les ordres de grandeurs par rapport à Gaza sont incommensurables.
La carte satellitaire de l’ONU prise le 6 juillet montre, pour chaque point rouge, un endroit bombardé : tout le territoire a été dévasté, plus que les villes allemandes à la fin de la seconde guerre mondiale. 65% de tous les bâtiments sont détruits. Toute vie est rendue impossible, puisqu’en plus des destructions, au moins 10% des munitions terrestres n’ont pas explosé et représentent un danger pour des années. C’est une opération d’anéantissement quasiment sans équivalent dans l’histoire humaine, sur un territoire enfermé par des murs, qui n’a pas de véritable armée ni de moyens de défense.