«Le PDG de TotalEnergies appelle Donald Trump à lutter contre le réchauffement climatique». Un article du Gorafi ? Que nenni ! C’est le titre d’un article du très sérieux Financial Times publié le 3 novembre, et repris par La Tribune en France. C’est un peu comme si Coca Cola appelait Mc Donald’s à lutter contre l’obésité.
On y apprend que le richissime roi du pétrole Patrick Pouyanné a demandé à Donald Trump, avant son élection, de ne surtout pas toucher aux engagements climatiques des États-Unis si ce dernier devait les remporter – spoiler alert : il les a remportées. Une demande pour le moins originale, venant du PDG de l’une des 5 supermajors pétrolières historiques, qui construit en ce moment même le plus grand oléoduc chauffé au monde – le projet EACOP – en Ouganda.
Pouyanné qui, rappelons-le, défendait le recul de l’âge de départ à la retraite et qui a aussi généreusement augmenté son propre salaire en pleine crise économique, met en garde l’industrie pétrolière si les États-Unis revenaient à l’ère du «Wild west» – le Far ouest, l’ouest sauvage –, c’est-à-dire un retour à l’époque de la découverte des premiers gisements de pétrole aux États-Unis dans les années 1850.
Donald Trump, lors de sa campagne, a en effet bénéficié de larges soutiens financiers de la part de l’industrie pétro-gazière, en échange de promesses d’avantages fiscaux et de dérégulation du secteur. «Nous sommes impatients de collaborer avec lui et son gouvernement sur les sujets importants relatifs à la production pérenne de pétrole et de gaz aux Etats-Unis» déclarait Jeff Eshelman, directeur de l’IPAA – Independant Petroleum Association of America après sa victoire. Trump avait en outre promis de ressortir de l’accord de Paris comme il l’avait fait lors de son dernier mandat. Il souhaitait notamment abolir l’IRA – Inflation Reduction Act – qui soutient actuellement le financement de l’industrie verte «Drill, baby drill» – Fore, bébé, fore ! – est un slogan bien connu du parti républicain.
Pouyanné l’écolo ?
Patrick Pouyanné serait-il devenu un farouche militant écologiste prêt à rejoindre les Soulèvements de la Terre ? Vous vous en doutez, la réponse est non – et dans tous les cas, pas sûr qu’il y serait accueilli les bras ouverts. Ce trait d’humour du PDG de la 4e entreprise la plus polluante de France – les 3 premières étant les banques BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole, grandes financeuses de projets écocidaires – mérite un peu de contexte.
Selon lui, une dérégulation du secteur pétrolier américain reviendrait à «diaboliser» le secteur, et de ce fait rendre plus compliquées les discussions avec les acteurs institutionnels et exposerait le secteur aux «attaques de militant-es climatiques» – bouh les méchant-es écoterroristes.
Mais si on creuse un peu plus loin, on trouve également une raison surtout économique : la dérégulation du secteur américain, c’est une augmentation de sa capacité de production et une baisse des prix de l’énergie promise par Trump. Et donc une concurrence accrue pour TotalÉnergies, qui reste soumise aux (bien pauvres) réglementations européennes.
Une réflexion au sujet de « Humour : nos patrons ont un incroyable talent »
L’humour de ce facsiste fossile de Pouyanné ne fait rire que celleux qui se gave à détruire la planète