À peu de chose près… Donald Trump réélu président des USA : on fait le point

Donald Trump touché à l'oreille par la balle d'un sniper lors d'un meeting de campagne.

Donald Trump, le milliardaire putschiste, est largement réélu à la tête de la première puissance mondiale. Il écrase sa rivale démocrate et disposera de tous les pouvoirs fédéraux – la présidence, le Sénat, la Cour suprême – pour les prochaines années.

Un retour fou, 4 ans après avoir organisé une tentative de coup d’État en envoyant ses supporters attaquer le Capitole. Idiocratie et néofascisme, on fait le point.

Cette victoire du camp de la Bible, des armes, de la misogynie et du grand capital est l’épilogue d’une campagne sidérante, qui a montré au monde la décadence de l’Empire États-unien. Le président en état de sénilité terminale Joe Biden a dû se retirer brutalement de la campagne après un débat catastrophique où il n’arrivait plus à prononcer la moindre phrase intelligible. Sa vice-présidente Kamala Harris l’a remplacé au pied levé dans la dernière ligne droite.

Donald Trump a été visé par deux tentatives d’assassinat, qui ont renforcé son aura et son «mythe» auprès de ses fans. Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X – Twitter – a littéralement mis son réseau social au service de l’extrême droite. Le camp démocrate, devenu repoussoir et ridicule, n’a suscité aucun enthousiasme alors que le Trumpisme menait campagne jusque sur les campus et parvenait à créer une émulation populaire autour de passions tristes.

La campagne du capital

Aux USA, non seulement la gauche a disparu du champ politique, mais il faut être sponsorisé par des milliardaires pour pouvoir se présenter. Les deux grands partis ont besoin de dons pour financer leurs campagnes. Si vous n’avez pas plusieurs centaines de millions d’euros à mettre sur la table, vous n’avez aucune existence politique ni médiatique, aucune chance d’être élu, ni même entendu. Le filtre se fait par l’argent, des grandes entreprises financent ouvertement leur candidat préféré, c’est une ploutocratie assumée.

Dans un pays où le mot «socialisme» est la pire des insultes politiques et où la lutte des classes a été effacée de l’histoire, il n’est pas étonnant qu’un milliardaire comme Donald Trump, qui a construit sa carrière grâce à la fortune de son père, entrepreneur immobilier, puisse se présenter comme le «candidat du peuple contre les élites». Quand on démolit les repères entre exploités et exploiteurs, et où tout le monde pense qu’il peut devenir riche avec du mérite, tous les renversements sont possibles.

Dans cette course au mécénat, c’est Kamala Harris qui avait raflé la plupart sponsors. À elle seule, elle avait reçu plus d’un milliard de dollars – et les Démocrates près de 15 milliards au total, un record – de la part de richissimes donateurs, loin devant Trump qui n’en récoltait «que» trois fois moins. Harris est un produit marketing, vide, soutenu par les grandes stars de la musique, par Obama et une certaine presse.

Kamala Harris est surtout un rouage de la violence de classe aux USA. C’était la procureure de San Francisco, qui a officié au moment du grand tournant sécuritaire dans années 1990. Derrière la communication publicitaire et les vidéos Tiktok destinées à séduire l’électorat noir et jeune, sa vie a été consacrée à mettre en prison des afro-américains et à appliquer des politiques carcérales violentes. Elle avait même réclamé l’emprisonnement de parents qui n’auraient pas envoyé leur enfant à l’école. Sur le spectre politique français, la démocrate se situerait entre Macron et Sarkozy.

America horror again

Entre 2016 et 2020, Donald Trump a redonné de la vigueur aux groupes suprémacistes, qui ont repris les rues, y compris en assassinant des militant-es de gauche, comme à Charlottesville. Il a attaqué le droit à l’avortement, démoli les rares mesures écologiques, renforcé le mur séparant les USA du Mexique, fait des choix géopolitiques hasardeux, organisé un coup d’État grotesque pour rester au pouvoir…

Maintenant réélu, il n’aura plus de limite. Donald Trump incarne le triomphe de l’inversion du réel et de la bêtise contemporaine. Milliardaire : il est considéré comme un «défenseur du peuple» par ses électeurs. Jouisseur misogyne accusé de viols : il est soutenu par les évangélistes et les Amish puritains qui promeuvent le caractère sacré du mariage et l’abstinence. Soutenu par des républicains traditionnellement hostiles au pouvoir de Washington qui empiéterait sur leurs «libertés», il veut instaurer un régime plus autoritaire. À l’ère des fake news généralisées, le vote n’a plus rien de logique ni de rationnel.

En réalité, Trump n’est pas un OVNI politique mais le résultat de décennies d’abrutissement méthodique de la population États-unienne et de droitisation des Républicains. Souvenons-nous que Bush le cow-boy régnait déjà il y a 20 ans, et que le mouvement du Tea Party accusait Obama d’être un dictateur soviétique il y a 15 ans.

Pendant sa campagne, Trump a annoncé son souhait de «supprimer» des pans entiers de la Constitution américaine. Il a promis de mener guerre aux «ennemis de l’intérieur», en particulier les militant-es de gauche, en envoyant «la garde nationale ou l’armée» si nécessaire, ou encore son projet de «déporter entre 15 et 20 millions» d’exilé-es sans-papiers. Il a aussi, naturellement, menacé les médias, et dit qu’il pourrait les «fermer» s’ils publient des informations «sensibles», et même emprisonner des journalistes. John Kelly, l’ancien chef de cabinet de Trump, son collaborateur le plus proche, a même révélé la fascination de Trump pour Hitler dans le New York Times.

Mais l’axe sur lequel Trump a tout misé durant cette campagne, c’est l’immigration, martelée comme un refrain obsessionnel. Dans un pays littéralement fondé par des envahisseurs qui se sont appropriés des terres qui ne leur appartenaient pas, la traque de prétendus «clandestins», en particulier mexicains, est devenue le point principal de la campagne.

En fin de campagne, un document nommé «Projet 2025» a été rendu public et attribué à des proches de Trump : un plan qui prévoit de centraliser le pouvoir autour du président, de s’en prendre à la séparation des pouvoirs, de placer des pro-Trump à tous les postes clés… une offensive dictatoriale. L’équipe de Trump s’est désolidarisée de ce «projet 2025» embarrassant. L’avenir nous dira s’il est réellement appliqué.

Musk au pouvoir ?

En revanche, Trump a bénéficié d’un soutien total d’Elon Musk, le milliardaire illuminé qui a pris le contrôle de X, et veut l’intégrer au gouvernement. Invité lors de ses meetings, Musk pourrait être chargé d’une grande réforme de l’État, en licenciant des milliers de fonctionnaires, comme il l’a fait au sein de Twitter. Trump a déclaré que son ami Musk était très fort pour «trouver des milliards à économiser». Un État entier géré par un manager tyrannique et libertarien : le rêve américain.

Ces dernières semaines, le patron de X a tout misé sur son candidat, multipliant les publications suprémacistes et les memes d’extrême droite. Il a même modifié l’algorithme de son application pour mettre en avant les contenus réactionnaires et invisibiliser des démocrates et la gauche.

Le président pourrait aussi nommer comme ministre de la santé Robert Kennedy junior, qui affirme, que le coronavirus est «ethniquement ciblé» pour nuire aux personnes noires et aux personnes blanches tout en épargnant les «Ashkénazes et les Chinois», que les gouvernements ont profité de la pandémie pour installer la 5G, et permettre la collecte des données au profit de milliardaires comme Bill Gates, Mark Zuckerberg.

Entre autres lobbyistes des armes, du pétrole et autres bonimenteurs.

La Palestine au cœur de la défaite démocrate

Les démocrates ont renié la question sociale et l’écologie depuis longtemps – et c’est ce qui avait déjà valu leur défaite en 2016 – mais ils auraient pu gagner s’ils n’avaient pas armé et soutenu le génocide à Gaza. Depuis des mois, un immense mouvement de fond se lève pour la Palestine aux USA. Il secoue la jeunesse, notamment sur les campus, soulève de profondes questions, à la fois du côté d’une génération de juif-ves américain-es qui dénonce Israël et du côté d’afro-américain-es et de minorités qui s’identifient à la cause anti-colonialiste.

Ces forces en mouvement, qui étaient déterminantes dans le vote des jeunes, ont été balayées d’un revers de la main par Kamala Harris. Alors que son gouvernement a apporté un soutien constant et inconditionnel à Israël, a empêché toutes les résolutions de cessez-le-feu à Gaza, a envoyé des milliards de dollars d’armes pour continuer le massacre, elle pouvait tout à fait annoncer un changement de politique pendant sa campagne. Elle ne l’a pas fait.

Pire, dans un État comme le Michigan, qui fait partie des États qui pouvaient faire basculer l’élection, et composé d’une forte minorité d’habitant-es d’origine arabe, elle a continué à soutenir Israël. Dans les derniers jours de la campagne, les démocrates ont dépensé leurs derniers millions de dollars pour démolir la candidate écologiste, pro-palestinienne, Jill Stein, en diffusant des clips orduriers contre elle. C’est cet alignement jusqu’au-boutiste de Kamala Harris derrière les sionistes qui lui a été fatal.

Un saut dans l’inconnu

Avec la victoire de Trump, les données géopolitiques mondiales risquent d’être bouleversées. Trump est un allié de Poutine et annonce depuis longtemps que les USA arrêteront de soutenir l’Ukraine s’il est élu. Il faut donc s’attendre, à brève échéance, à un arrêt de la guerre en Ukraine au profit de la Russie et de Poutine qui sera tenté de pousser son avantage.

Trump, soutenu par les évangélistes, est aussi férocement pro-Israël. Sa victoire est une aubaine pour Netanyahou, qui aura les mains encore plus libres. Trump avait notamment déclaré à propos de Gaza : «Je pense que ça pourrait être encore mieux que Monaco», ajoutant : «Cela pourrait être le plus bel endroit, avec sa météo, l’eau, tout, le climat pourrait être magnifique». Une déclaration faussement infantile qui pourrait cacher un soutien à une colonisation et reconstruction du territoire par Israël, sur les ruines du génocide.

Ailleurs, les choix de Trump restent imprévisibles. Il avait menacé la Corée du Nord de la rayer de la carte, avant d’aller faire des accolades à Kim Jong Un, puis de se fâcher à nouveau avec lui. Face à la Chine qui menace Taïwan, il choisira sans doute le conflit.

En revanche, il a promis à de nombreuses reprises pendant la campagne qu’il ne lancerait aucune guerre. Ce n’est pas le moindre des paradoxes aux USA : l’extrême droite se proclame comme étant le camp de la «paix» face à des démocrates bellicistes et interventionnistes. Trump a même critiqué Liz Cheney, une républicaine qui a rejoint Kamala Harris, pour son agressivité géopolitique. Cette dernière fait partie des «faucons», qui rêvent de nouvelles guerres menées par les USA. Trump a dit qu’elle devrait aller elle-même faire la guerre face aux fusils de l’ennemi. Cette déclaration a fait hurler les démocrates, qui ont soutenu leur nouvelle alliée.

Un avenir sombre

«Félicitations Président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes» s’est empressé de tweeter Macron, visiblement très à l’aise avec la fascisation du monde. Netanyahou jubile. Les autres dirigeants du monde suivront. La réélection de Trump ne suscite pas la même désapprobation internationale qu’en 2016, le trumpisme s’est normalisé.

Pour autant, l’horizon au sein de la première puissance mondiale est de plus en plus sombre. Le pays est dévasté par les opiacés, des drogues qui tuent près de 100.000 personnes par an par overdose. La population est surarmée. La polarisation politique entre les territoires n’a jamais été aussi forte. Les braises de l’insurrection suite à la mort de George Floyd couvent toujours. La question palestinienne mobilise fortement la jeunesse urbaine.


Face aux offensives racistes, écocidaires, anti-LGBT, anti-IVG et aux tentatives de coups de force de Trump et de ses partisans de plus en plus fanatisés et incontrôlables, les mois qui viennent risquent d’être agités aux USA.


Faire un don à Contre Attaque pour financer nos articles en accès libre.

Pour ne rien manquer de nos publications, suivez-nous sur nos réseaux



5 réflexions au sujet de « À peu de chose près… Donald Trump réélu président des USA : on fait le point »

  1. A la place de Bibi, j’éviterais de jubiler … le Don c’est pas vraiment son ami de 30 ans et c’est un spécialiste du backstab.

  2. Les États Unis : une terre d’envahisseurs qui après avoir décimé les amérindiens en créant le Far West se mettent à voter Trump pour lutter contre l’immigration et créer Fascsisme Land

  3. Du Far West a Facsisme Land la bourgeoisie Américaine tourne toujours autour de la domination du mâle Alfa blanc

  4. Le problème, ce n’est pas Trump. Cette ordure n’a jamais caché qu’il en était une, d’ordure. Le problème, c’est l’abruti de base qui lui a permis d’arriver au pouvoir.
    Nous, européennes et européens, avons perdu toute légitimité à critiquer la stupidité d’une population (pauvre de surcroit) incapable de comprendre qu’ils ont fait le choix du pire (pour eux et pour la planète), et qu’ils vont juste accentuer leur état d’esclave et permettre aux musk et compagnie d’être encore plus riche.
    Car en Europe en général, et en France en particulier, c’est exactement la même chose. La fachosphère est majoritaire à l’assemblée nationale, le gouvernement est d’extrême-droite, et le sénat va intégralement dans le sens des milliardaires.
    Ici, on ne déporte pas les « illégaux », on coule leurs bateaux (eux avec).
    Ici, on détruit la Sécurité Sociale, l’Hôpital Public, l’École Public, l’Université, pour que seuls les plus riches aient accès aux soins et à l’éducation.
    Le français moyen ne veut rien voir, et vote pour une blondasse millionnaire qui n’a que faire des gueux qui la mettront au pouvoir.
    Il est peut-être temps d’une révolution.

Laisser un commentaire