Diplomatie : la France paillasson d’Israël
Les images sont insolites : on y voit deux gendarmes français se faire arrêter de façon musclée par la police israélienne. La scène s’est déroulée le 7 novembre à Jérusalem Est, dans un monastère placé sous souveraineté française depuis 160 ans : l’église du Pater Noster, autrement nommée l’Eléona, qui est un site de pèlerinage chrétien. La France est souveraine depuis des siècles dans trois autres lieux en Palestine, comme l’église Sainte-Anne à Jérusalem qui appartient elle aussi au «domaine national français en Terre Sainte».
Le 7 novembre 2024 donc, le ministre français des Affaires étrangères devait visiter l’Eléona lors d’une visite diplomatique. Il n’a pas pu y entrer, puisque des policiers israéliens armés y ont pénétré avant son arrivée. Une première provocation, violant un territoire français. En 1996, Jacques Chirac s’était déplacé à Jérusalem et avait expulsé des agents israéliens de l’église Sainte-Anne en affirmant : «Je ne veux pas de gens armés en territoire français… J’attendrai». Lors du même déplacement, Chirac avait sévèrement recadré les policiers et militaires israéliens, dénonçant leurs provocations à l’égard des palestiniens.
Rien de tout cela en 2024. Jean-Noël Barrot, l’actuel ministre, est apparu tremblant, le regard paniqué, avec son pins jaune de solidarité avec Israël, répondant péniblement à une journaliste devant l’église : «c’est de nature à fragiliser les liens avec Israël que j’étais pourtant venu cultiver».
Deuxième épisode quelques minutes plus tard : les policiers israéliens ont carrément arrêté violemment deux gendarmes français qui sécurisaient le lieu. Dans la vidéo de la scène, l’un des gendarmes demande à l’agent israélien : «Est-ce que vous êtes sûrs de vouloir arrêter des militaires français ?» Réponse : «oui». Le gendarme : «Mais monsieur vous êtes en France, vous êtes sur le territoire français». L’agent israélien tente d’attraper le gendarme qui crie «Ne me touche pas», avant d’être balayé, mis au sol par trois policiers et embarqué.
Dans la soirée, le ministre des Affaires Étrangères publie un tweet pathétique : «Je condamne fermement ces actes, alors que la France travaille à l’apaisement dans la région.»
Cette fois-ci, les plateaux télé qui hurlent à la mort dès qu’un policier ou un gendarme est menacé sont restés bien silencieux concernant ces militaires victimes de violences de la part de la police israélienne.
On peut se moquer de cette scène et n’avoir aucune sympathie, ni pour les gendarmes, ni pour les domaines français au Proche-Orient qui restent des morceaux de son empire, mais avoir conscience que c’est une agression symbolique délibérée d’un État fasciste, sur ordre de Netanyahou.
Pourtant, Macron avait tout bien fait : soutien inconditionnel à Israël, interdiction des manifs pour la Palestine, proposition de coalition pour bombarder Gaza, livraison d’armes… La France est un des pays les plus pro-Israéliens du monde – après les USA – mais elle se fait quand même humilier. Cela en dit long sur la radicalisation du régime israélien.
Pourtant, cette provocation n’est que la dernière d’une longue liste. Récapitulons :
13 octobre 2023
L’armée israélienne vise la presse, tue une journaliste de Reuters et blesse 6 autres reporters, dont un de l’Agence France Presse. Aucune sanction du gouvernement français contre les responsables.
31 octobre 2023
Deux enfants de nationalité française sont tués par les bombardements sur la bande de Gaza. Obeyda et Janna avaient 7 et 10 ans. Les frappes visaient un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza. Aucune condamnation ni sanction de la France contre Israël, qui n’avait d’ailleurs pas bien fait le travail d’évacuation de ses ressortissants à Gaza.
Le 3 novembre 2023
L’Institut français de Gaza est volontairement visé par une frappe israélienne. Il abritait l’Agence France Presse. «La localisation de l’AFP à Gaza est connue de tous et a été rappelée à plusieurs reprises ces derniers jours, précisément pour prévenir une telle attaque» a déclaré le PDG de l’AFP. Aucune sanction.
Le 13 décembre 2023
Un agent du Ministère des Affaires Étrangères français à Gaza est tué par une frappe israélienne dans le sud de la bande de Gaza. Ce crime de guerre contre un employé de la France, le gouvernement Macron le condamne à peine, et ne donne lieu à aucune sanction. Un fait inédit.
Le 5 février
Stéphane Séjourné, ministre macroniste incompétent est allé, une fois de plus, se soumettre au Premier Ministre fasciste Benjamin Netanyahou et lui rappeler «l’amitié de la France» après toutes ces exactions. Une soumission totale.
Le 9 février 2024
Un professeur de français nommé Rami Fayyad, qui travaillait depuis vingt ans à l’Institut français de Gaza décède faute de traitement, du fait des «conditions sanitaires catastrophiques» sur place. Aucune sanction du gouvernement français contre les responsables.
Le 20 avril 2024
Le ministère israélien des Affaires Étrangères annonce un coup de pression contre la France : la convocation des ambassadeurs des pays du Conseil de sécurité ayant voté en faveur de l’adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies. «Les ambassadeurs de France, du Japon, de la Corée du Sud, de Malte, de la République slovaque et de l’Équateur sont convoqués demain» et «une vive protestation leur sera exprimée», a indiqué le porte-parole du ministère. Selon ce gouvernement, «un geste politique aux Palestiniens et un appel à reconnaître un État palestinien est une prime au terrorisme». Aucune riposte française.
Ces dernières semaines, après que Macron ait timidement dénoncé l’attaque du Liban, le gouvernement israélien a carrément menacé le président. Et en parallèle, Israël a attaqué les casques bleus au Liban, qui comptent un important contingent français.
Non seulement la diplomatie française ne soutient pas ses propres ressortissants, journalistes, humanitaires, soldats et infrastructures, mais elle continue de soutenir inconditionnellement Israël !
Sans même parler de faire respecter le droit international ou de soutenir les 2,4 millions de gazaouis qui vivent l’enfer depuis des mois, des attaques répétées de bâtiments et des meurtres de ressortissants par une armée étrangère devraient provoquer AU MINIMUM une condamnation ferme par le président, une convocation de l’ambassadeur du pays concerné, éventuellement son expulsion et de lourdes sanctions.
3 réflexions au sujet de « Insolite : Des militaires français victimes de violences policières israéliennes »
Se torcher le cul avec le diplomatie dans la situation où ils sont c’est une politique précaire. Après tout , rien n’empêche la France de livrer de la DCA au Liban … on est pas non plus forcé de le faire ouvertement non plus , quelques Mistrals en scred histoire de faire passer un petit message , ça mange pas de pain 🙂
Les fouteurs de merde ne règles jamais les problèmes, ils ne font que les créer et les aggraver. N’attendons rien de bon des médias des milliardaires, c’est un tas d’ordure juste bon à mettre dans le trou
Null doute que macron a une part de responsabilité. Comme en 14 comme en 39 l’État a trahi son peuple et son armée.
Affaiblir la France économiquement, militairement, diplomatiquement, sur tous les front pour nous livrer pied et poing lié. Et y a encore des militaires, policier pour défendre ces traitres