Ça sent le roussi

La crise de régime s’approfondit. Michel Barnier et son gouvernement tomberont-ils dès le mercredi 4 décembre ? Et Macron sera-t-il contraint de démissionner ? C’est désormais un scénario envisagé. C’est même «probable», confirmait mercredi 27 novembre un cadre macroniste à la presse.
On le sait, les macronistes ont détruit l’économie française avec leurs politiques néolibérales : ils ont creusé la dette de façon abyssale, refusé d’augmenter les salaires qui auraient pu faire tourner la consommation, fait plongé la balance commerciale et donné des centaines de milliards d’euros d’argent public sans contrepartie aux chefs d’entreprises. Et pour couronner le tout, ils ont menti sur les comptes publics, pour maquiller leurs erreurs.
Les néolibéraux prétendaient mener une politique économique «raisonnable», ils ont fait tout l’inverse : la situation des finances est catastrophique. C’est dans ce contexte qu’intervient le vote du budget pour l’année prochaine, avec un plan d’austérité drastique, mais aussi le projet de loi de finances de la Sécurité sociale.
Ces dernières semaines, le projet de loi de finances a été largement retouché par les députés de gauche, qui avaient proposé de nombreuses modifications pour ajouter des mesures sociales et taxer les riches pour combler les déficits. Des propositions rejetées à l’Assemblée Nationale. Le budget de la sécurité sociale n’a quant à lui pas pu être examiné dans les délais. Dans les deux cas, ce sera la version gouvernementale des textes, violemment anti-sociale, qui sera soumise au vote.
Le premier texte doit donc arriver à l’Assemblée nationale le lundi 2 décembre, mais le Premier Ministre l’a reconnu mardi dernier lors d’une interview sur TF1, il n’a «pas de majorité», et il compte donc utiliser le 49.3.
Un classique du macronisme direz-vous. En effet, le 49.3, procédure d’exception qui permet de se passer du vote des députés, a été utilisé des dizaines de fois depuis l’élection de Macron. Sauf que cette fois-ci, le camp macroniste n’a pas de majorité ni suffisamment d’alliés à l’Assemblée. Ce qui veut dire qu’une motion de censure pourrait être votée suite à ce 49.3… et donc faire tomber le gouvernement.
Si Barnier dégaine le 49.3, mardi sans doute, il lui faudra le soutien du RN ou du PS pour ne pas tomber : il faudra qu’une de ces deux formations refuse de voter la motion de censure. Et donc endosse la responsabilité d’un soutien à un gouvernement illégitime et détesté qui passe en force des mesures injustes. Difficile à assumer.
Les Macronistes appellent déjà les socialistes à la «responsabilité». Barnier menace d’une «tempête» en cas de chute de son gouvernement. Mais le PS, pas encore prêt à se discréditer définitivement, a annoncé qu’il voterait la censure en cas de 49.3. Le Front Populaire peut encore servir à ce parti qui était mort après François Hollande, et que la France Insoumise a ressuscité en 2022.
Il ne reste que le RN pour arbitrer la situation : sauver Barnier et afficher une complicité totale avec le macronisme, ou faire tomber le gouvernement et entrer dans une situation inconnue ?
En fin de semaine, le Premier Ministre a cédé de nombreuses demandes du Rassemblement National sur le budget, pour acheter son soutien : la baisse de l’aide médicale d’État, le gel de l’électricité et une nouvelle loi immigration. Après avoir empêché les propositions de la gauche, il continue donc de mettre la barre à l’extrême droite toute. Et en retour, le RN s’est bien dispensé de demander l’abrogation des retraites, contrairement à la gauche.
Ces prochains jours, ce sera donc quitte ou double. Il y a une chance sur deux que Michel Barnier ne passe pas la semaine à Matignon. Et que la France se retrouve sans gouvernement.
Sauf que Macron ne pourrait pas, à nouveau, dissoudre l’Assemblée et provoquer des élections législatives : il l’a déjà fait en juin dernier, il faut attendre un an pour recommencer. Cela impliquerait 7 mois d’instabilité politique, alors que la situation financière, nous l’avons dit, est catastrophique, et que les marchés financiers attaquent déjà la France.
Dernière solution : démissionner, pour provoquer des élections présidentielles. La chute de Macron.
Selon un sondage de BFMTV, une large majorité des français estiment que, si une motion de censure était votée, Macron et sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale sont responsables. Mieux, 63% des Français seraient favorables à la démission du président. Et donc la fin de son mandat et de nouvelles élections. Un basculement politique.
Bonne nouvelle ? Pas forcément. Si Macron démissionnait, et on peut en douter vu la mégalomanie du bonhomme, la Constitution impose que l’élection présidentielle soit organisée dans les 35 jours. Cela laisserait moins de 15 jours aux candidats pour trouver 500 parrainages d’élus, verrouillant de facto cette élection au profit des candidats du système. Avec un risque très élevé d’une victoire de l’extrême droite, plus que jamais soutenue par le système.
Tout ça est encore de la politique fiction, rien ne dit qu’une motion de censure sera effectivement validée ces prochains jours. Mais si tel est le cas, ça risque de tanguer. Dans le cas contraire, si la motion de censure est rejetée, cela veut dire que l’alliance entre Macronistes et RN est plus scellée que jamais, et que nous allons subir une saignée néolibérale, raciste et policière comme jamais ces prochains mois.
Et tout ça alors que d’importantes manifestations sociales sont annoncées tout le mois de décembre. Quel que soit le scénario, préparez-vous pour la bagarre.
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