La Confédération Paysanne réprimée, la FNSEA toujours plus menaçante


Contrairement à ce qui est dit dans les médias, le monde agricole n’est pas un bloc monolithique : il est traversé par une lutte des classes. Celle des petits contre les gros, des paysans contre les agro-industriels, des accapareurs de terres contre ceux qui peinent à vivre de leur travail. La preuve, encore, ce jeudi 5 décembre.


En haut : la Confédération Paysanne mobilisée qui va se faire réprimer par la BRAV.
En bas : un tracteur de l'agro-industrie répand des pesticides en toute impunité.

La Confédération Paysanne réprimée à Paris

Contre le traité de libre échange Mercosur, 200 membres de la Confédération Paysanne, le syndicat de gauche du monde agricole, qui prône le respect de la terre et de ses travailleur-ses, ont manifesté devant le Grand Palais à Paris. L’objectif : bloquer l’inauguration de la bourse européenne de commerce. Un symbole fort contre la mondialisation capitaliste qui met en concurrence les paysan-nes à travers le monde.

Les manifestant-es ont déployé une énorme banderole jaune avec l’inscription «Sauvez les paysan-nes, mangez un trader». L’action coup de poing a été accompagnée du slogan : «On vous nourrit, respectez-nous».

Alors que les membres de la Confédération Paysanne essayaient d’entrer à l’intérieur du bâtiment, où se réunissent notamment les spéculateurs des céréales, ils et elles ont subi une forte répression. Des dizaines de policiers et de gendarmes, mais aussi la BRAV, sont intervenus avec brutalité.

Cinq paysan-nes ont été arrêté-es et placé-es en garde à vue pour «violences et tentatives d’intrusion». Benoît Biteau député écologiste et paysan bio, indique que «la Confédération Paysanne a été nassée» par les forces de l’ordre. Il a ajouté : «Ceux qui dégradent les biens publics, entraînant des centaines de milliers d’euros de dégâts, réparés avec les deniers publics ne sont jamais inquiétés, un deux poids, deux mesures inadmissible».

En effet, alors que ces paysan-nes respectueux-ses du vivant et hostiles au néolibéralisme sont envoyé-es en cellule, les lobbys de l’agro-industrie peuvent tout saccager tranquillement. Et même faire sécession en toute sérénité.

LA FNSEA menace les élus et abolit tous les contrôles

Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, gros syndicat de droite favorable aux dérégulations et à l’agriculture intensive et chimique, a d’abord réclamé que les députés ne votent pas la motion de censure contre le gouvernement. Lors des manifestations d’agriculteurs au début de l’année, on savait que cette organisation faisait semblant de s’opposer au gouvernement, il est désormais officiel qu’elle est le bras armé du macronisme.

Puis, une fois la chute du gouvernement votée, la FNSEA a menacé les députés qui avaient voté la censure du gouvernement Barnier. Lors d’un discours, le dirigeant leur a promis qu’ils recevront «la visite des agriculteurs pour avoir des explications». Une «visite» qui n’est pas courtoise.

On se souvient que pour quelques autocollants sur des permanences d’élus macronistes pendant la réforme des retraites, les médias hurlaient à la mort et parlaient de «menaces» insupportables contre la démocratie. Mais la FNSEA, elle, peut intimider les députés tranquillou parce qu’ils ne votent pas comme elle le voulait.

Encore plus fou ce jeudi : le patron de la FNSEA a tout simplement réclamé une suspension des contrôles des exploitations agricoles tant qu’un nouveau gouvernement ne sera pas nommé
Lors d’un meeting, Arnaud Rousseau a exigé que les agriculteurs puissent travailler sans aucune restriction. «Nous n’avons plus d’État, nous n’avons plus de gouvernement pour nos solutions, eh bien je vous dis les amis, à compter (de maintenant), il n’y a plus de contrôles dans nos exploitations !»

Pour bien comprendre la portée de ce propos, c’est comme si tous les restaurants déclaraient qu’ils refusaient les inspections d’hygiène et les contrôles sanitaires, que les automobilistes décidaient de faire cesser les contrôles routiers et le respect du Code de la route, ou que les patrons abolissaient le droit du travail dans les entreprises. Hop, plus de règles : une sécession. Si on faisait comme Arnaud Rousseau, on arrêterait de payer des taxes et des impôts, on pillerait les magasins et on se vengerait des empoisonneurs.

Pour rappel, Arnaud Rousseau possède une énorme exploitation de 700 hectares. Il dirige le groupe Avril, une multinationale de l’agrobusiness spécialisée dans l’huile et qui a réalisé plus de 9 milliards d’euros de recettes en 2022. Il n’a aucun intérêt commun avec les petit-es paysan-nes et aucune intention de lutter contre le libre-échange, la mondialisation et la spéculation. Il fait partie du même monde. C’est un grand bourgeois qui appelle à violer les règles environnementales et sanitaires. Et quand il s’agit d’Arnaud Rousseau, aucun dirigeant ne pleurniche contre cette remise en cause de « l’État de droit ».


Garde à vue pour les petit-es paysan-nes, appel à s’exonérer de toutes les lois du côté des agro-industriels. Il y a bien une lutte des classes dans nos campagnes.


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