Une militaire israélienne est décrite comme une « otage », des civils palestiniens enfermés en dehors de tout cadre légal sont appelés « prisonniers »

Encore une opération de manipulation des médias français à propos de Gaza : «otage», «19 ans», «Hamas». Ce sont les mots diffusés par la quasi-totalité des organes de presse le 5 janvier 2025.
Une vidéo de Liri Albag, israélienne détenue depuis le 7 octobre 2023 à Gaza, a été diffusée pour réclamer de nouvelles négociations. Le Hamas réclame un échange réciproque de prisonniers palestiniens et israéliens. Des négociations refusées catégoriquement par le gouvernement fasciste israélien, qui préfère depuis 15 mois poursuivre son opération génocidaire à Gaza plutôt que d’obtenir la libération de ses propres ressortissants.
En décembre 2023, l’armée israélienne avait même abattu dans les ruines de Gaza des captifs israéliens qui étaient torse nus, agitant des drapeaux blancs et parlaient hébreu, tellement les soldats sont conditionnés à tirer sur tout ce qui bouge. Et Netanyahou a refusé plusieurs propositions de trêve, malgré la demande insistante des familles israéliennes et les manifestations.
Mais revenons à Liri Albag. Elle est présentée comme une jeune femmes de «19 ans» – son âge est systématiquement mis en avant, contrairement à celui des victimes palestiniennes – et comme une «otage». Par contre, AUCUN média n’a précisé qu’il s’agit d’une militaire. Ce qui change beaucoup de choses.
Liri Albag a été capturée le 7 octobre 2023 au matin, alors qu’elle était en tenue de soldat, sur la base militaire israélienne de Nahal Oz, située en bordure de Gaza. Son groupe, l’unité 414, est chargé de surveiller la frontière militarisée qui enferme Gaza depuis 2007, et à utiliser les tourelles d’artillerie télécommandées installées sur le mur de séparation, contre les palestiniens. En clair : tirer sur quiconque s’approche trop près du mur de démarcation.
Ces militaires sont chargés de contrôler les caméras de surveillance le long de cette frontière, et d’envoyer des forces en cas d’incidents potentiels. L’unité 414 dispose aussi de tireurs d’élite. En 2018, de grandes marches pacifiques de palestiniens ont essayé de s’approcher du mur, pour dénoncer l’apartheid israélien. L’armée coloniale a ouvert le feu sur ces civils désarmés, causant plus de 200 morts et 29.000 blessés, dont plus de 7.000 par des tirs à balles réelles.
En plus de tirer sur des civils, les soldat-es qui gardent ce mur violent le droit international. Depuis 2014, le mur est déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice, et des associations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty International le considèrent comme un rouage essentiel du système d’Apartheid mis en place par Israël à l’encontre des palestiniens.
Le 7 octobre 2023, jour de sa capture, l’unité de Liri Albag a tiré sur les membres du Hamas qui s’approchaient de la frontière. Des images publiées par l’armée israélienne montrent des ombres avançant vers le poste de l’unité 414 qui tombent sous les rafales israéliennes et touchés par une munition explosive. Par la suite, le commando du Hamas a réussi à prendre la base, et a capturé des soldats. Notamment Liri Albag.
Pourquoi toutes ces explications sont-elles importantes ? Parce que cette israélienne n’est pas une jeune otage civile, comme l’insinuent nos médias. Il s’agit d’une sentinelle militaire chargée de protéger un mur illégal, qui a fait feu sur l’ennemi, et a été capturée au combat. C’est une prisonnière de guerre.
Certes, elle était incorporée dans le cadre de son service militaire. Mais les soldats français ou allemands enrôlés de force et capturés au combat dans les deux guerres mondiales aussi, et il n’étaient pas considérés comme des «otages».
Sur la vidéo diffusée le 5 janvier par le Hamas, Liri Albag est vivante, elle n’est pas amaigrie, donc nourrie malgré le siège et la destruction intensive de Gaza. Elle semble ainsi mieux traitée que les centaines de milliers de victimes de l’armée Israélienne, et des deux millions de gazaouis qui souffrent de famine.
Ces articles de presse et la diffusion de la vidéo de Liri Albag dans les réseaux pro-israéliens sont accompagnés de commentaires dénonçant «l’atrocité» de cette captivité. Des commentaires qui montrent une fois de plus l’incroyable double standard de ces gens. Depuis 15 mois, le monde entier voit des enfants palestiniens démembrés, brûlés vifs et tués de balles dans la tête par l’armée israélienne. Mais les défenseurs d’Israël trouvent épouvantable la vidéo d’une militaire capturée et maintenue en bonne santé dans des conditions dantesques.
Puisqu’on parle de détention «atroce», évoquons le camp de Sde Teiman, installé par Israël en plein désert du Neguev, à 30 kilomètres de Gaza.
Il s’agit d’un camp de torture qui sert à concentrer des détenus palestiniens capturés par les soldats à Gaza. Un médecin du camp, des employés et des détenus y ont rapporté des actes de barbarie, de la violence par électrochocs lors des interrogatoires, provoquant une douleur extrême, mais aussi une déshumanisation totale : les détenus sont ligotés à des lits, les yeux bandés, déféquant dans des couches et interdits de parler. Des viols ont aussi été commis pour briser les détenus : des témoignages parlent d’insertions de tiges de métal dans l’anus, ou d’obligation de s’asseoir sur des objets pointus qui pénètrent et blessent pendant les interrogatoires, provoquant des saignements.
Suite à ces révélations sur l’usage de torture, neuf réservistes israéliens avaient été poursuivis au mois de juillet dernier. Mais dès leur arrestation, une foule armée, emmenée par des élus et des ministres d’extrême droite, avait envahi la base militaire pour les soutenir. Non seulement les soldats tortionnaires et violeurs n’ont pas été condamnés, mais l’un d’entre eux est devenu une star de la télé.
Résumons : quand une militaire israélienne est en captivité à Gaza, c’est une « otage », et c’est le comble de l’horreur. Quand des civils palestiniens sont torturés dans un camp militaire israélien en dehors de tout cadre l’égal, ce sont des « prisonniers », et c’est anecdotique. Voilà la ligne officielle.
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3 réflexions au sujet de « Otage à Gaza : les mots sont importants »
C’est pas une « otage » , c’est une الْغَنيمَة … un sort plus enviable que les prisonier de Bibi pour sur.
Contre Attaque : les lunettes contre la désinformation.
Quand un patron assassine des millions de pauvres avec la collaboration des États, la bourgeoisie appelle ça un homme d’affaire et quand un justicier, un héros vient mettre une balle dans le dos d’un patron qui assassine des personnes par milliers alors les États bourgeois le condamne comme étant un assassin. Bien sûr que l’assassinat de Netanyahu serait un acte héroïque, mais la bourgeoisie ferait de cet acte de bravour et de justice sociale, un acte de monstruosité. Les tyrans sanguinaires, les milliardaires, les grands bourgeois cossus et les dictateurs ne sont que les grands assassins de tout un pan de l’humanité et du monde du vivant en générale et c’est par l’art du messonge que la bourgeoisie légitime ses faits atroces