Bruno Retailleau veut des données chiffrées afin de discriminer des parties de la population.

La campagne annuelle du recensement a démarré. Celle-ci a été instituée à partir de 1981 afin, en principe, de mieux connaître la répartition de la population et ses caractéristiques, et ainsi améliorer les politiques publiques.
Cette année, trois nouvelles questions sont posées aux habitant-es du pays. Et l’une d’elle attire particulièrement l’attention : celle sur l’origine géographique des parents. En plus des questions posées habituellement sur l’âge, le sexe, le niveau d’études, le logement, les liens familiaux… Il y aura la question : «Quel est le lieu de naissance de vos parents ?» Cela permettra de connaître précisément le nombre de personnes issues de l’immigration et leur pays d’origine.
Ce nouvel item inquiète certains collectifs luttant contre les discriminations. La Ligue des droits de l’homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) et trois syndicats (CGT, FSU et Solidaires) appellent à ne pas répondre à la question, craignant l’utilisation de ces données pour des politiques publiques xénophobes.
À l’inverse, d’autres estiment qu’il faut visibiliser la question des origines pour mieux lutter contre les discriminations. La cheffe du département de la démographie de l’Insee, l’institut de statistiques, considère que cette question va «mettre en évidence des types de ségrégation ou d’inégalité de situation» liées à l’origine des parents.
La défenseure des droits et d’autres démographes estiment que ces données peuvent servir à «lutter contre le racisme». En effet, certains groupes antiracistes sont favorables à un tel recensement, pour mieux traiter la problématique. On peut imaginer que des statistiques prenant en compte les origines permettraient de mieux saisir la question des discriminations policières et judiciaires, qui expliquent en partie la surreprésentation de personnes non-blanches en prison, ou l’exclusion géographique ou professionnelle des descendant-es d’immigré-es, par exemple. C’est d’ailleurs sur ces bases que certains pays, comme le Brésil ou les USA jadis, ont expérimenté des politiques d’«affirmative action», de la discrimination positive pour tenter de résorber ces inégalités raciales.
Mais le Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a tranché le débat sur BFM le 19 janvier. Pour lui, les statistiques ethniques, d’accord, mais uniquement si elles ne servent pas à la «discrimination positive». Il nous dit explicitement qu’il veut des données chiffrées afin de traiter négativement des parties de la population. En gros, des statistiques afin de nourrir les politiques racistes.
Précédemment, Marine Le Pen avait quasiment dit la même chose. Bruno Retailleau a au moins un mérite : celui de n’avoir jamais tenté de dissimuler qu’il est d’extrême droite.
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