30 Janvier 1649 : le Roi d’Angleterre décapité


«Niez, si vous l’osez, qu’une nation ait le droit de déposer et de punir son tyran» John Milton, pamphlétaire anglais du 17ème siècle


Dessin représentant la décapitation du Roi d'Angleterre

Le mois de janvier est dangereux pour les monarques. Le 30 janvier 1649, le roi d’Angleterre Charles Ier était décapité. Le 21 janvier 1793, le roi de France Louis XVI l’était à son tour.

Macron déclarait en 2015 : «La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même… La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! Ce qu’on attend du président de la République c’est qu’il occupe cette fonction». Si notre Roi à nous a peu de chance de perdre sa tête d’ici la fin du mois, janvier a été le mois privilégié pour couper les têtes des tyrans couronnés.

Un Roi qui perd la tête

30 janvier 1649. Charles Ier d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande est décapité dans la maison des banquets de Whitehall, Londres. Il est condamné au terme de son procès pour “maintenir en lui-même un pouvoir illimité et tyrannique de gouverner selon sa volonté, et de renverser les droits et libertés du peuple”. Toute ressemblance avec des personnages actuels serait fortuite et ne pourrait qu’être le fruit d’une pure coïncidence… Si Macron était jugé pour les mêmes crimes, quelle serait la sentence ?

Souverain autoritaire tenté par l’absolutisme, Charles Ier voulait gouverner sans le Parlement (encore une fois, toute ressemblance avec des personnages actuels…). À la mort du monarque s’ouvre la seule période républicaine de l’histoire d’Angleterre. Elle durera peu, puisque la monarchie est rétablie en 1660.

Le 21 janvier 1793, c’est Louis XVI qui met sa tête sur le billot de la guillotine. Louis Capet répond à 33 chefs d’accusation, parmi lesquels avoir tenté de dissoudre l’Assemblée, refusé de contresigner l’abolition des privilèges et avoir donné l’ordre de tirer sur le peuple (une dernière fois, toute ressemblance avec des personnages actuels serait fortuite…).

Brève histoire de la Première Révolution anglaise

La Révolution anglaise de 1640 – 1660, révolution bourgeoise au sens marxiste du terme, est marquée par une guerre civile opposant royalistes et parlementaires. La bourgeoisie qui s’est enrichie grâce au commerce et souhaite obtenir davantage de pouvoir politique et économique, est majoritaire à la chambre des Communes, et s’oppose au Roi d’Angleterre Charles Ier qui veut imposer un pouvoir absolu à l’image de la France et de l’Espagne.

La guerre civile éclate entre parlementaires, qui lèvent leur propre armée, et royalistes. Des émeutes éclatent à Londres, des révoltes locales sont recensées dans des dizaines de villes. Insurrection à Birmingham, où un comité de travailleurs – couteliers, forgerons, menuisiers, verriers… – est formé, ainsi qu’une milice qui se bat contre les royalistes. Dans le nord, une armée populaire se lève et libère toute la région, Manchester se soulève. Les terres des royalistes sont confisquées et le Parlement accorde un droit de préemption pour les paysans, mais de seulement 30 jours. Sans aucun moyen de payer pour ces terres en si peu de temps, c’est la bourgeoisie qui s’accapare les terres confisquées.

Un groupe hétérogène de révolutionnaires radicaux, les Niveleurs – «Levellers» –, profite de l’absence temporaire de répression pour présenter un programme révolutionnaire largement soutenu par la population et l’armée : suffrage universel masculin, élection des juges, des magistrats de ville et de comté, des curés de paroisse, abolition de la dîme, liberté religieuse pour tous, abolition des impôts indirect, suppression des enclôtures – réforme agraire –, abolition de la prison pour dette…

La République est déclarée en mai 1649, mais elle est aux mains des conservateurs qui bloquent toute avancée sociale. Oliver Cromwell – qu’on comparera à un Napoléon Bonaparte anglais –, militaire issu de la petite noblesse, devient Lord Protecteur de la République. Ainsi dévoyée, celle-ci ne satisfait personne, et la monarchie est restaurée dès 1660.

Un symbole qui fera date

En France, la mort de Charles Ier connaît un écho retentissant, mais peu de gens la soutiennent. Elle a cependant ouvert la voie, et rendu pensable et pensée la mort d’un Roi. Elle sera convoquée à la fois par les partisans de la mort de Louis XVI et ses opposants lors du procès de 1793. L’historiographie a été tentée de comparer les deux régicides pour en montrer les différences.

Victor Hugo expliquait ainsi : «Londres a tué le roi, Paris la royauté ; Ici le coup de hache à l’homme est limité, Là, c’est la monarchie énorme et décrépite, C’est le passé, la nuit, l’enfer, qu’il décapite». L’un n’était qu’un homme qui était Roi, l’autre était la royauté. L’un doit mourir parce qu’il est un mauvais Roi, l’autre parce qu’il est un Roi tout court.

La figure du Roi reste un fantasme convoqué par l’extrême-droite. Chaque année, une poignée de royaliste se réunissent sous la colonne Louis XVI à Nantes, pour déposer des fleurs. Le 18 janvier dernier, des centaines de personnes défilaient à Paris pour rendre hommage à Louis XVI. Un défilé organisé par l’association le Souvenir de Louis XVI, émanation de l’Action française, mouvement royaliste violent créé en 1899. Des centaines de néofascistes ont défilé en plein Paris, hurlant «tout le monde déteste la République», avec la bénédiction des autorités.

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