Pour la libération de Gino, antifasciste menacé d’extradition vers la Hongrie d’extrême droite

Une banderole réclame "Libérez Gino" lors d'une manifestation antifasciste à Paris.

Il est enfermé depuis plusieurs mois dans la prison de Fresne, et la justice française va décider de son sort mercredi 12 février. Lui, c’est Rexhino Abazaj, surnommé Gino, qui a été interpellé en novembre dernier par des policiers français de la sous-direction antiterroriste. Son crime ? S’opposer au fascisme.

Tout remonte au mois de février 2023, en Hongrie. Des néo-nazis célébraient le “Day of honour” : pas grand chose d’honorable dans ce jour puisqu’il célèbre en réalité la bataille de Budapest, c’est-à-dire la lutte des soldats nazis et leurs collaborateurs hongrois contre les soviétiques durant la seconde guerre mondiale. À cette occasion, des milliers de nostalgiques d’Hitler, certains même vêtus d’uniformes SS, se rassemblent pour défiler, organiser des concerts et surtout commettre des violences, sous le regard bienveillant du gouvernement de Viktor Orbán.

En 2023, un affrontement avait éclaté à la sortie d’un concert de rock néonazi organisé par la division locale de Blood and Honour, groupuscule interdit en France. La police avait libéré les militants d’extrême droite sans poursuites, alors que 17 antifascistes, parmi lesquels l’eurodéputée italienne Ilaria Salis et Gino, ont été pourchassés dans toute l’Europe. Les autorités hongroises ont mis d’énormes moyens. La justice du pays les accuse de «participation à une organisation criminelle» et de «coups et blessures provoquant un risque immédiat de mort». Viktor d’Orbán a instrumentalisé ces événements pour mettre en scène un soi-disant «terrorisme antifasciste» qui s’en prendrait à «d’honnêtes citoyens». Les autorités hongroises ont émis un mandat d’arrêt européen contre Gino.

Alors qu’il vivait depuis quelques années en Finlande, Gino y était menacé d’extradition. Il est ainsi venu trouver refuge en France, «le pays des droits de l’Homme», au printemps dernier dit-il. Et c’est en France qu’il a été arrêté.

Il y a quelques jours, les députés LFI Raphaël Arnault et Thomas Portes sont allés le rencontrer dans sa cellule. Enfermé 22 heures sur 24, ses journées ne sont ponctuées que par une sortie dans une petite cour et d’une douche, lorsque c’est possible. Mais en Hongrie, c’est l’enfer carcéral qui est promis aux antifascistes, qui sont menacés de mort jusque dans leurs cellules et placés à l’isolement sans justification. Une forme de « torture blanche ».

L’audience qui va avoir lieu mercredi 12 février pour décider de son extradition est donc décisive. Car même si la justice française ne cède pas à la demande de la Hongrie, elle peut choisir de l’expulser vers l’Albanie, dont il possède la nationalité, bien qu’il ait toujours vécu en Italie. Et l’Albanie risquerait de l’envoyer vers Budapest. Ce serait donc quasiment la même chose. «Gino, comme tout le monde, mérite un procès équitable et, malheureusement, en Hongrie, nous n’avons aucune garantie que cela se produira, ni que ses droits seront respectés», écrit sa sœur à StreetPress.

Dans un communiqué de presse, le Comité pour la libération de Gino rappelle que «la Hongrie mène une véritable chasse à l’homme à travers toute l’Europe, en bénéficiant, à travers l’émission du mandat d’arrêt européen, de l’appui des polices de différents États membres de l’Union Européenne». Il précise que «les peines encourues sont complètement disproportionnées. Si la France remet Gino à la Hongrie, il encourt jusqu’à 16 ans de prison et risque de voir ses droits les plus élémentaires bafoués».

Le Comité souligne que «livrer un militant antifasciste aux autorités hongroises signifierait que la France est prête à collaborer sciemment avec un régime qui fait fi des droits les plus élémentaires. […] La France ne doit pas se plier aux demandes des autorités hongroises, mais elle ne doit pas non plus échapper à ses responsabilités de protection des personnes qui voient leurs droits fondamentaux menacés. Il ne faut donc pas simplement empêcher l’extradition de Gino, il faut qu’il soit impérativement remis en liberté».

Il faudra être nombreux et nombreuses au rassemblement organisé mercredi 12 février, devant la Cour d’appel de Paris, face au Palais de justice, métro Cité, pour exiger cette libération.


Plus d’infos sur Instagram : @Liberez_Gino

Une campagne internationale de solidarité a lieu.

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Une réflexion au sujet de « Pour la libération de Gino, antifasciste menacé d’extradition vers la Hongrie d’extrême droite »

  1. Bonjour Contre Attaque notre camarade est tout simplement victime de la classe bourgeoise qui intoxique les esprits et fait monter le facsime à l’internationale pour nous sceller à son pouvoir. Nous nous organisons dans nos collectifs et nos localités pour apporter notre soutien à Gino et faire face aux groupuscules nazis qui envahissent de plus en plus nos villes .

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