
Le Superbowl, finale du championnat football américain, est le plus grand événement sportif et télévisuel des États-Unis, ponctué par les shows spectaculaires des plus grandes stars du pays. Dimanche 9 février, le Superbowl avait lieu à la Nouvelle-Orléans, dans un stade de 80.000 personnes, et regardé par 126 millions de téléspectateurs. Il avait lieu en présence de nombreuses personnalités, dont Donald Trump.
À la mi-temps, c’est l’artiste Kendrick Lamar, accompagné d’une grande équipe de danseurs et danseuses, qui a partagé la scène avec l’acteur Samuel L. Jackson, la chanteuse SZA et la championne de tennis Serena Williams, dans un show millimétré. Mais ce n’est pas cela qui a le plus retenu l’attention.
Un membre de la troupe du rappeur est monté sur un véhicule et a subitement brandi un drapeau palestinien sur lequel on pouvait lire les inscriptions « Gaza » et « Soudan ». Il est ensuite descendu sur la pelouse pour rejoindre les autres danseurs, mais a immédiatement été plaqué au sol par le service d’ordre. La scène n’est pas apparue à l’écran, mais elle a été photographiée par les agences de presse et filmée par de nombreux spectateurs. L’image est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Ce geste d’humanité et de solidarité élémentaire est traité comme s’il s’agissait d’un crime impardonnable. Le danseur a été placé en détention et risque des poursuites, même si la police n’est pas capable de dire à la presse quel est le délit qu’aurait commis cet homme. Les organisateurs de la soirée nient toute responsabilité et annoncent que l’individu sera banni à vie des stades de la NFL. L’équipe de Kendrick Lamar, plutôt que de défendre un de leurs membres qui n’a rien fait de mal, se désolidarise et déclare que «cette séquence ne faisait pas partie de la production et n’a jamais fait partie des répétitions». Minable.
Dans le même show, le même soir, le rappeur connu pour son antisémitisme Kanye West a acheté un spot publicitaire, afin de vendre des T-shirts à croix gammée. Dans la courte vidéo diffusée dans des millions de foyers, il est assis sur un siège de dentiste, téléphone vissé dans la main. «Comment ça va les gars ? J’ai dépensé tout l’argent de la pub pour me faire ces nouvelles dents. Donc j’ai encore dû tourner à l’iPhone. Bref, allez sur yeezy.com», déclare-t-il. Accompagnant les images, le message «Go to yeezy.com»
Sur le site en question, il n’y a qu’un seul produit en vente : un T-shirt blanc avec une croix gammée noire. La référence du produit est HH, pour «Heil Hitler». Une publicité le soir du Superbowl coûte 8 millions de dollars les 30 secondes. Ce mardi 11 février, le site est toujours en ligne, et le vêtement nazi est toujours en vente.
L’opération semble être de banaliser les croix gammées dans l’espace public, comme s’il s’agissait d’un logo anodin. Toutes les limites ont été franchies.
Deux jours plus tôt, le 7 février, Kanye West avait revendiqué sur Twitter être un nazi avec une série de messages tels que : «I’m a nazi» ou «I love Hitler», likés chacun des dizaines de milliers de fois.
Moralité de cette lamentable affaire : en Occident, il est désormais plus risqué de défendre un peuple colonisé qui subit un génocide que de glorifier Hitler. Nous l’avions déjà remarqué avec le salut nazi d’Elon Musk le 20 janvier. Tous les repères et les valeurs les plus fondamentales, celles sur lesquelles se fondent nos pensées et nos actes, semblent définitivement renversées.
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