Le ministre fasciste israélien Bezalel Smotrich annonce ce dimanche 9 mars que son gouvernement va créé une «administration de la migration» pour appliquer le «plan» de Donald Trump visant à vider totalement la bande de Gaza de ses deux millions de survivants, afin d’y implanter un complexe touristique.

Le même jour, le ministre de l’énergie israélien, Eli Cohen, ordonne l’arrêt de la fourniture d’électricité dans la bande de Gaza. L’unique ligne électrique qui fournit de l’énergie au territoire palestinien dévasté permet d’alimenter l’une des dernières usines de dessalement de l’eau, dont dépendent plus de 600.000 personnes.
«Nous mettons en place une direction des migrations, nous nous préparons à cela sous la direction du Premier ministre et du ministre de la Défense», a déclaré Smotrich devant un groupe de la Knesset – le Parlement Israélien – chargé de «renforcer l’emprise de l’État d’Israël» sur la Cisjordanie occupée. Il est même très précis : «Si nous faisons partir 5000 [Gazaouis] par jour, cela prendra un an. La logistique est compliquée, car il faut savoir qui va dans quel pays» et annonce que «le budget ne sera pas un obstacle». Pour cause, Israël vit sous perfusion militaire et économique des USA, qui lui apportent un soutien inconditionnel, et des moyens illimités.
Un autre ministre chargé des «Implantations et des Missions nationales», c’est-à-dire du vol des terres palestiniennes pour créer de nouvelles colonies israéliennes, membre du même parti que Smotrich, déclare que la suppression de la menace que constitue selon lui Gaza ne peut être réalisée qu’à travers «un plan de migration volontaire». Le ministre israélien de la Défense avait déjà annoncé la création d’une agence spéciale pour le «départ volontaire» des habitants de Gaza le 17 février dernier, après les déclarations abjectes de Donald Trump.
Ces annonces interviennent alors que les dirigeants arabes viennent de se réunir au Caire, en Égypte, et ont proposé un plan de 53 milliards de dollars pour reconstruire Gaza et garantir aux deux millions de Gazaouis de rester sur place. Trump a immédiatement balayé cette proposition. Son objectif, comme celui des fascistes israéliens, est bien d’organiser un nettoyage ethnique complet.
Bezalel Smotrich est un colon religieux d’extrême droite, homophobe, qui a personnellement bloqué l’arrivée d’aide humanitaire à Gaza. Il avait revendiqué sa volonté d’affamer ses habitants et de coloniser le territoire. Il a toujours été contre un potentiel accord de cessez-le-feu, mais a dit qu’il restait au gouvernement pour «continuer le combat».
En janvier, Smotrich avait déclaré, à la veille de la trêve, pour rassurer ses fidèles, que la bande de Gaza était «ruinée et désintégrée, inhabitable, et elle le restera. Ne vous laissez pas impressionner par la joie forcée de notre ennemi. C’est une société animale qui sanctifie la mort. Très bientôt, nous effacerons à nouveau leur sourire et le remplacerons par des cris de douleur et les gémissements de ceux qui n’ont plus rien». Il projetait à l’époque une «victoire complète» avec une «prise de contrôle progressive de toute la bande de Gaza».
Le projet de déportation des gazaouis n’est pas nouveau. Le 22 janvier 2024 à Bruxelles, lors d’une réunion du Conseil des affaires étrangères de l’Union Européenne, le chef de la diplomatie Israélienne proposait la construction d’une île artificielle en Méditerranée pour y «loger» la population palestinienne. Peu avant, des médias révélaient un autre projet du gouvernement israélien : celui de déporter la population de Gaza vers un pays africain, affirmant même que des négociations avaient lieu avec le Congo. Une proposition finalement démentie face au scandale.
Le 13 octobre 2023, soit 6 jours seulement après l’attaque du Hamas, le ministère israélien du Renseignement recommandait déjà le transfert forcé et permanent des 2 millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza vers le désert du Sinaï, en Égypte, et de créer une zone «stérile» de plusieurs kilomètres le long de la frontière égyptienne pour empêcher le retour de la population près des frontières avec Israël.
Au début de la seconde guerre mondiale, les nazis annonçaient leur volonté de chasser tous les juifs d’Europe et envisageaient sérieusement de les déporter sur l’île de Madagascar. Un plan appelé «Madagaskar Projekt» a même été élaboré par des cadres du Reich. Face aux contraintes logistiques posées par la guerre, et animé par un antisémitisme exterminateur, Hitler avait opté pour la solution finale et les camps de la mort.
L’idée d’îles «ghettos» ou d’îles «prison» pour parquer les indésirables n’est pas unique dans l’histoire. Au large de l’Australie, l’île de Nauru et celle de Manus ont été transformées en camps visant à enfermer des personnes sans-papiers pendant des mois voire des années. Ce modèle inspire l’Europe, qui installe des points de contrôles et des camps de réfugiés sur les îles aux portes de l’Europe. Cependant, le projet israélien serait d’une ampleur sans commune mesure.
Pour finir, la création d’une «administration» spécifiquement chargée de déplacer les gazaouis coïncide avec l’annonce d’un plan militaire «plus agressif prévoyant le déploiement de 50.000 soldats» à Gaza, «dans le cadre d’une attaque coordonnée». Cette nouvelle agression militaire du territoire déjà détruit et baigné de sang serait tout simplement inédite, plus importante que tout ce qui a été mis en œuvre jusqu’à présent à Gaza. Le ministre Smotrich a déclaré lors d’une conférence à Jérusalem : «Nous nous préparons, nous accumulons des capacités, et quand nous serons prêts, nous ouvrirons à nouveau les portes de l’enfer sur le Hamas».
C’est donc un scénario cauchemardesque qui se profile à court terme : une reprise et même une amplification des massacres à Gaza, une immense opération de déplacement forcés, et l’arrêt du courant électrique pour rendre la situation encore plus invivable.
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