Carambolage policier

En haut, la fiction : des voitures de police empilées pour le film Taxi 2.
En bas, la réalité : le carambolage avec trois voitures de police samedi matin à Paris.

C’est une scène mythique qui a fait rire et rêver toute la génération des années 1990 : dans la série de films Taxi, les policiers sont présentés comme étant totalement stupides et incompétents. C’était l’époque où l’on pouvait encore rire d’un carambolage des forces de l’ordre sans risquer de finir en garde à vue.

Dans le deuxième épisode de Taxi, une longue scène montre des voitures de police se rentrer dedans les unes dans les autres, au point de former un empilement de véhicules sérigraphiés. Dans la comédie anti-raciste Blues Brothers, sortie en 1980, pas moins de 103 voitures étaient détruites dans une scène spectaculaire où les voitures de police qui poursuivaient les héros s’empilaient à la chaine. Dans ces deux films, effet visuel et comique garanti.

Samedi 22 mars, à Paris, au petit matin, la réalité a presque dépassé la fiction. Selon la version officielle, un véhicule aurait «refusé d’obtempérer aux injonctions des policiers», ce qui a provoqué une course poursuite à toute vitesse dans les rues de la capitale. Le véhicule poursuivi a percuté un feu rouge. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire.

Mais une première voiture de police s’est encastrée dans le véhicule poursuivi, à pleine vitesse. Puis une deuxième. Et une troisième ! Que s’est-il passé ? Les images de vidéosurveillance montrent le carambolage : il semble que les policiers n’ont même pas essayé de freiner. Ils ont arrêté leurs voitures dans celle de leurs collègues. Tous les conducteurs ont-ils été testés à l’alcool et aux stupéfiants ? On peut en douter.

10 policiers ont été «légèrement blessés» selon la presse, de même que les trois occupants du véhicule poursuivi. Celui-ci n’était d’ailleurs pas signalé volé, comme l’ont prétendu les premières sources. Tout ça pour ça.

Pour rappel, les policiers ne peuvent engager une course poursuite que pour les délits les plus graves. Et pas pour des refus d’obtempérer, qui sont exclus des consignes officielles. Quelle était la nécessité d’une manœuvre aussi dangereuse dans les rues de la capitale, risquant de blesser ou tuer des passant-es, des cyclistes ou d’autres automobilistes, alors que la ville est truffée de caméras et qu’il est facile de noter la plaque d’immatriculation ? Aucune, à part jouer les cowboys et de mettre tout le monde en danger. Finalement, des policiers ont failli s’entretuer. Seront-ils mis en examen pour tentative d’homicide sur forces de l’ordre ?

En décembre 2023, déjà à Paris, un homme 84 ans qui traversait sur un passage piéton lorsque le feu était au vert pour lui, avait été fauché en pleine après-midi par des motards de la BRAV, la police mobile ultra-violente, qui roulait à toute vitesse sans respecter le code de la route. Cet homme est décédé le lendemain. Des habitant-es parisien-nes et des élu-es s’étaient «plaints depuis des mois des comportements dangereux» de ces policiers à moto avant l’accident.

Dans la nuit du 8 au 9 janvier 2020 à Rennes, c’est une animatrice périscolaire de 21 ans, Maëva, qui avait été percutée de plein fouet sur un passage clouté par une voiture de police banalisée, sans gyrophare ni sirène. Elle était décédée. Le policier mis en cause, un ancien agent de la BAC, avait déjà commis 8 infractions pour excès de vitesse. Il avait écopé de sursis.

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