La banalisation de la parole raciste, l’application du programme du RN par le gouvernement, les milliardaires d’extrême droite qui contrôlent les médias : tout cela a des conséquences très concrètes et détruit des vies. Les violences racistes explosent en France dans une indifférence glaçante. Tour d’horizon de faits connus rien que ces derniers jours.

Assassinat islamophobe dans une mosquée près d’Alès
Vendredi 25 avril, à La Grand-Combe, petite ville de 5.000 habitants dans le Gard, il n’est pas encore 8h du matin. Aboubakar se trouve seul dans la mosquée de la commune et passe la serpillière.
David, un homme d’une trentaine d’années, entre dans le bâtiment sans retirer ses chaussures, semblant perdu et étranger aux coutumes islamiques. Les caméras de surveillance montrent d’abord les deux hommes échanger poliment. Après quelques minutes, l’agresseur sort à l’extérieur, fume une cigarette et regarde son téléphone. Quelques instants plus tard, il retourne dans la mosquée et relance la conversation avec Aboubakar, qui l’emmène dans la salle de prière. Aboubakar semble expliquer à l’homme comment prier.
Au moment de s’agenouiller, l’agresseur sort un grand couteau de cuisine et poignarde violemment Aboubakar : ventre, bras, visage, jambes, dos. 50 coups de couteau sont donnés, Aboubakar s’effondre sur le tapis. L’assassin prend des photos de la victime avec son téléphone, puis quitte les lieux.
Il a donc fait semblant de vouloir se convertir à l’Islam pour frapper la victime par surprise. Dans plusieurs vidéos enregistrées après l’agression, l’assassin exhibe l’arme du crime et déclare : «Je l’ai fait, ton Allah de m**… Je vais me faire arrêter, c’est sûr, il y a une caméra.»
Contrairement à ce qu’affirmaient d’abord les médias, qui parlaient d’un crime commis «entre fidèles», les musulmans de la Grand-Combe expliquent «On ne l’avait jamais vu auparavant. Il est venu uniquement pour tuer, peu importe qui».
À l’annonce de cette attaque, le ministre de l’Intérieur et des Cultes Bruno Retailleau n’a pas changé son agenda. Il est resté dans l’Ain, où il tenait meeting dans sa campagne pour la présidence des Républicains. Lui qui aime tant parler d’insécurité et d’ensauvagement n’a pas eu un mot pour la victime.
Ce dimanche, des milliers de personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Aboubakar. En-dehors de quelques élus Insoumis, pas un député, pas un préfet, pas un grand média ou ministre n’était présent. La vie d’un musulman ne vaut rien pour les autorités françaises.
Agression raciste près de Tours
C’est un déferlement de violences qui a eu lieu à Joué-lès-Tours, près de Tours. Deux mères de famille française d’origine maghrébine ont été étranglées et tabassées aux cris de «sales arabes» par trois personnes.
Le 8 avril, Zora et Lila ont un banal accrochage entre leur voiture et une autre roulant en sens inverse. Mais plutôt que de faire un constat amiable, la situation dégénère. Les trois occupants de l’autre véhicule leur disent : «c’est à vous de partir, sale arabe». Zora et Lila sont insultées, étranglées, frappées. «J’ai pas arrêté de crier : arrêtez, arrêtez… J’ai sorti mon téléphone pour filmer, pensant que ça les arrêterait, raconte Lila à France Bleu, Mais non. Ils se sont jetés sur moi».
Zora est plaquée au sol, étouffée par une main posée sur sa bouche. «L’adolescent me frappait, pendant que la dame me tenait les jambes.» Lila est étranglée par l’arrière. Les agresseurs finissent par lâcher leurs victimes. Celles-ci font constater par un médecin «des griffures, des marques, des bleus…» «On n’a même pas eu le temps de se remettre, qu’il fallait déjà calmer nos enfants.» Les familles sont choquées de l’état dans lequel les deux mamans sont sorties de cette agression, explique France Bleu.
Zemmour invité près d’Angers : les anti-racistes réprimés
Samedi 26 avril, à Chemillé, petite commune située au sud d’Angers, le politicien pétainiste Eric Zemmour, condamné pour ses propos racistes à plusieurs reprises, organisait un meeting. La mairie, complice, avait gracieusement prêté une salle au candidat d’extrême-droite. En revanche, la préfecture a choisi d’interdire une manifestation d’opposants prévue devant le lieu du meeting, en raison de «risques élevés de troubles graves à l’ordre public».
En France, la liberté d’expression est réservée aux fascistes. Si vous dénoncez le racisme, votre parole est censurée, à coups de matraque s’il le faut : vous êtes considéré comme un «trouble».
Ainsi, ce samedi, environ 200 manifestant-es, dont de nombreuses familles, se sont retrouvé-es au rendez-vous, dans une ambiance totalement calme. Cela n’a pas empêché la compagnie de CRS déployée pour l’occasion de charger sans sommation, frappant dans la foule. On a décidément beaucoup de mal à distinguer la police «républicaine» d’un service d’ordre néonazi.
Ouest-France rapporte que la charge a «bousculé une famille avec deux enfants, choqués par l’événement». Opération réussie, les manifestant-es se sont dispersé-es peu après. Plusieurs personnes ont été verbalisées. Eric Zemmour, lui, a pris la parole pendant près d’une heure, bien protégé par les pouvoirs publics.
Attaque fasciste d’un bar à Albi
Vendredi 24 avril, une vingtaine de nervis d’extrême droite ont attaqué un bar à Albi, dans le sud-ouest de la France. Des victimes ont été hospitalisées et des plaintes ont été déposées, notamment contre un ancien candidat RN.
En représailles à une altercation présumée face à des antifascistes, un commando d’extrême droite du collectif violent Patria Albiges a tenté de prendre d’assaut un bar de la ville, considéré comme recevant une clientèle de gauche.
Les agresseurs étaient équipés d’une bombe lacrymogène et de cagoules. Sur une vidéo, on voit le commando gazer la terrasse, mais aussi donner des coups de poings à une cliente âgée d’une soixantaine d’années. Libération a identifié le frappeur comme étant Matteo V., membre d’un groupe de supporters ultras de l’Olympique Lyonnais. D’autres militants d’extrême droite ont tapé dans le tas avant de fuir vers la cathédrale.
À la tête du groupe : Thomas Rouquette, leader de Patria Albiges et ancien candidat du RN aux municipales de 2020 à Albi. Autre fasciste identifié : Lorenzo Bodino, porte-parole de Patria Albiges, condamné en avril 2023 à huit mois de prison avec sursis pour l’agression de deux étudiants de gauche.
Cette attaque a engendré plusieurs blessures. Un client était toujours hospitalisé ce dimanche matin et la femme sexagénaire frappé a eu le nez cassé.
Et cette série de faits récents a eu lieu en plus de l’attaque dans un lycée nantais commis par un jeune fasciné par Hitler. La situation est critique. Rejoignez les collectifs antiracistes et antifascistes de votre commune, diffusez les contre-discours, organisez-vous, entraînez-vous : le salut ne viendra pas des autorités mais de l’autodéfense populaire.
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