À Gaza, Israël arme une milice liée à Daesh


La politique du pire.


Qu'y a t'il de mal à ça ? 

Netanyahou reconnaît qu'il arme un clan proche de Daesh à Gaza.

Soutenir les factions les plus criminelles pour neutraliser la juste cause palestinienne : c’est la stratégie adoptée depuis des années par Israël. Netanyahou vient de reconnaître qu’il armait un « clan » lié à Daesh à Gaza. Oui, Daesh, le groupe djihadiste international responsable d’atrocités absolues, y compris sur le sol français.

En 2019, Netanyahou faisait cette confession : «Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie». Avi Primor, ancien ambassadeur d’Israël l’avait déjà confirmé dans une interview télévisée en 2015 : «C’est le gouvernement israélien, c’est nous qui avons créé le Hamas, afin de créer un poids contre le Fatah».

Cela vous choque ? C’est pourtant une stratégie cynique pour empêcher par tous les moyens des négociations de paix. Pour neutraliser les revendications légitimes du peuple palestinien, il fallait à la fois créer des divisions au sein du peuple palestinien et encourager la montée d’un ennemi indéfendable, avec qui aucun compromis n’est possible. Israël préfère un ennemi religieux que la revendication d’autodétermination d’un peuple colonisé. Face au Hamas, le sujet a été transformé en question religieuse et plus politique, et le gouvernement israélien pouvait ainsi prétendre « lutter contre le terrorisme islamiste », et obtenir toujours plus de soutien de l’occident.

Mais après avoir encouragé le Hamas pour fracturer le mouvement palestinien, Israël soutient Daesh pour neutraliser le Hamas. Toujours plus loin dans l’horreur.

Ces dernières semaines, Israël organise avec les USA des pseudo-distributions de nourriture dans le Sud de Gaza, après avoir coupé l’approvisionnement pendant deux mois. Pas par générosité, mais pour éviter une accusation de génocide par la famine. Des images de Gazaouis affamés entassés derrière des clôtures pour obtenir une miette d’aide ont été diffusées. Il ne s’agit pas d’une action humanitaire, mais d’une humiliation et d’une déshumanisation qui rappelle les pires heures de l’histoire. Cette mise en scène a finalement tourné au fiasco sanglant : les soldats israéliens ont tiré sur les palestiniens venus chercher à manger, tuant des dizaines de personnes, et la « mission » a été annulée.

Dans ce cadre, des pillages de matériel médical et alimentaire ont eu lieu. Ils ont été commis par une milice armée de Gaza agissant en toute impunité. L’historien Jean-Pierre Filiu, qui revient de Gaza, a confirmé que de l’aide humanitaire était détournée par des groupes armés protégés par Israël. La milice en question obéit à un certain Yasser Abou Shabab : cet homme est un chef de gang lié à Israël et proche de Daesh.

Dans un contexte de guerre génocidaire, comment ce groupe armé takfiriste peut-il agir dans les ruines de Gaza, semer la terreur, voler des denrées, et cela alors que dans le même temps, l’armée israélienne tire sur tout ce qui bouge et que des drones surveillent tout ? C’est l’ancien ministre israélien Lieberman qui a donné l’explication : « l’État d’Israël distribue des armes à toutes sortes de clans, notamment des salafistes affiliés à Daesh.! ».

Ces informations auraient dû faire l’effet d’une bombe. Elles ont pourtant été confirmées tranquillement par Netanyahou. Dans une vidéo en réponse à Lieberman, il déclare : « nous avons activé des clans à Gaza qui s’opposent au Hamas. Qu’y a t il de mal à ça ? Le rendre public c’est rendre service au Hamas ».

Sur France 5, des journalistes expliquent que la décision d’armer cette faction proche de Daesh a été décidée personnellement par Netanyahou sans en informer son propre cabinet de guerre ! Cet homme n’est pas seulement un génocidaire poursuivi par la justice internationale, c’est aussi un complice du terrorisme international. Daesh est responsable de milliers de morts au Proche-Orient et de dizaines en France, avec des conséquences politiques et géopolitiques monstrueuses. Comment la communauté internationale peut-elle encore laisser agir Netanyahou une minute de plus ?

Ces révélations sont à mettre en lien avec les menaces israéliennes contre la France. Le ministre fasciste Ben Gvir a lancé cette mise en garde glaçante il y a quelques jours : «Macron fait le jeu du terrorisme islamique. Sa flatterie envers le Hamas ne se terminera pas par une simple gifle à la sortie de l’avion, et même un casque ne l’aidera pas. Le terrorisme islamique explosera au visage de tous les citoyens français. Lorsque Macron comprendra cela, il sera trop tard. Citoyens de France, réveillez-vous !» Ce sont des propos extrêmement graves, et d’autant plus troublants qu’il n’y a aucune raison qu’une reconnaissance de la Palestine par la France puisse attiser un quelconque « terrorisme islamiste », bien au contraire. À moins qu’une puissance hostile commette un attentat sous faux drapeau ? Ben Gvir est-il en train d’avouer à l’avance que son pays encourage d’éventuels attentats de Daesh en France, en représailles ? Même si elle est dérangeante, la question mérite d’être posée.

Le terrorisme djihadiste reste l’allié des fascistes et des colonialistes du monde entier. Son idéologie de mort et d’oppression est du pain béni pour tous les autocrates. Daesh et les autres factions du même type ont contribué à tuer la révolution syrienne. En Syrie justement, la multinationale Lafarge, par l’intermédiaire d’un de ses dirigeants, par ailleurs élu du Front National, a financé Daesh. Les attentats, partout où ils ont lieu, servent aux gouvernants à durcir toujours plus leurs moyens de surveillance et de répression, et l’anti-terrorisme est souvent utilisé contre les minorités et les mouvements d’opposition.


Partout, et en particulier à Gaza, dans un engrenage mortifère, l’extrême droite encourage l’obscurantisme et la violence armée confessionnelle plutôt que la coexistence et l’émancipation.


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