Viktor Orban, le Premier Ministre d’extrême droite de la Hongrie, préfère les nazis aux LGBT. Chaque année en février, il autorise et protège une manifestation hitlérienne à Budapest. Cette marche, qui commémore une bataille datant de 1945 qui avait opposé des soldats nazis et leurs collaborateurs hongrois aux soviétiques, est l’occasion pour les nostalgiques du Troisième Reich de parader dans la capitale du pays avec des uniformes de SS et de la Wehrmacht, des insignes d’unités ayant supervisé la Shoah, des drapeaux à croix gammées, des armes… Lors de ces défilés nazis, Orban interdit et réprime les mobilisations antifascistes.
Dans le même état d’esprit, il a fait voter au mois de mars une loi anti-LGBT, interdisant « l’exposition de l’homosexualité et la transidentité » dans l’espace public. S’inspirant de lois imposées par Poutine en Russie, il s’agit de faire disparaître les personnes LGBT des rues et lieux communs, et de les exclure du reste de la société.
La semaine dernière, la police hongroise annonçait donc l’interdiction de la Marche des fiertés prévue samedi 28 juin, en se basant sur cette loi. Le ministre de la Justice hongrois insistait encore il y a quelques jours, dans une lettre adressée à tous les dirigeants européens : «La situation juridique est claire, la Pride est un rassemblement interdit par la loi». Les participant-es s’exposaient à des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros. L’appel à participer à la Marche est beaucoup plus durement réprimé, passible d’un an de prison, rappelait le ministre.
L’extrême droite hongroise a une conception de la légalité à géométrie très variable. Il y a quelques semaines, Orban accueillait à bras ouvert Netanyahou à Budapest, alors que le dirigeant israélien est visé par un mandat d’arrêt pour «crimes contre l’humanité». Si le gouvernement hongrois veut appliquer la loi, qu’il commence par respecter le droit international.
Mais revenons à la Marche des fiertés. Jusqu’au bout, Orban et sa clique ont tenté d’empêcher l’événement, plaidant pour qu’il se déroule dans un lieu fermé, comme un stade ou un hippodrome, à l’abri des regards. Le maire écologiste de Budapest, qui est un opposant à Orban, a déclaré que la Marche des Fiertés était un «festival municipal», afin d’éviter qu’elle tombe sous le coup de la loi.
Finalement, ce samedi, près de 200.000 personnes ont défilé à Budapest. Non seulement la répression et les menaces de Viktor Orban ont été inopérantes, mais le Premier Ministre est humilié par l’immense mobilisation populaire, à un an des élections.
En effet, les années précédentes, cette Pride de Budapest réunissait entre 30.000 et 50.000 personnes. En tentant de l’interdire, il a provoqué la plus importante mobilisation LGBT de l’histoire du pays !
Cette déferlante était aussi la plus importante manifestation anti-Orban depuis que l’extrême droite est arrivée au pouvoir, en 2010.
Seule ombre au tableau : le gouvernement avait déployé des caméras tout au long du parcours, équipées d’un logiciel de reconnaissance faciale. Certains observateurs estiment que cette grande manifestation a peut-être été une sorte de test pour ce nouveau dispositif. En vertu de la nouvelle loi, la police pourrait ainsi tenter d’identifier les participant-es et distribuer des amendes de manière massive et automatisée. Mais un grand nombre de manifestant-es avait déjà trouvé la parade : casquettes, lunettes de soleil, déguisements… ou masques représentant Viktor Orban maquillé, pour échapper à la surveillance.
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