Au début de l’été, le gouvernement passait en force, avec l’appui de la droite extrême et de l’extrême droite, sa loi Duplomb. Celle-ci porte littéralement le nom d’un lobbyiste des pesticides : Laurent Duplomb, député LR, est un gros exploitant agricole qui a rédigé un cocktail de mesures écocidaires.

Face à ce coup de force, une pétition exigeant la suppression de cette loi rencontre un succès phénoménal : plus d’1,6 million de signataires ce mardi 22 juillet. Pour faire taire cette mobilisation populaire, les menteurs de l’agro-industrie sont dans tous les médias pour nier les dangers des pesticides. Quelques chiffres pour les combattre.
99,8% de personnes intoxiquées par le glyphosate en France
C’est le résultat d’une étude publiée le 12 janvier 2022 dans la revue scientifique spécialisée Environmental Science and Pollution. Elle a été réalisée sur 6.848 participants volontaires de toute la France métropolitaine et à La Réunion. Les chiffres sont sans appel : 99,8% des échantillons d’urine testés contiennent du glyphosate, un herbicide toxique. Avec la marge d’erreur, on peut considérer que la contamination de la population française à ce produit chimique est totale.
Les taux de concentration du pesticide sont plus élevés chez les hommes, les enfants et les agriculteurs, en particulier les viticulteurs du fait de l’utilisation intensive des pesticides dans les vignobles. Et ils diminuent avec l’âge, ce qui veut dire que les nouvelles générations sont plus exposées que leurs grands-parents et arrières-grands-parents. Le glyphosate est présent en plus grande quantité chez les consommateurs d’eau du robinet, Et les taux augmentent au printemps et en été, ce qui coïncide avec les périodes agricoles durant lesquelles les pesticides sont le plus utilisés.
Commercialisé par Monsanto à partir de 1974 sous le nom de «Round-up», le glyphosate est aujourd’hui le pesticide le plus utilisé en France et dans le monde. Il est suspecté d’être cancérigène, il affecte le développement neurobiologique, perturbe nos hormones, peut provoquer des malformation de fœtus… Il est aussi classé toxique pour les organismes aquatiques. Il est pourtant retrouvé dans la plupart des cours d’eaux européens. La commission européenne, totalement contrôlée par les lobbies, a même prolongé l’autorisation de ce produit chimique pour 10 ans l’an dernier.
51% de baisse de fertilité masculine
Entre entre 1973 et 2018, la fertilité masculine a baissé de moitié. Une analyse publiée en 2023 dans la revue Environmental Health Perspectives met en évidence l’effet néfaste d’insecticides répandus sur le système reproducteur masculin, dont le glyphosate. La méta-analyse conclut à l’existence d’un lien «fort, robuste et constant entre l’exposition aux insecticides et la faible concentration en spermatozoïdes dans le sperme, et ce, quel que soit le lieu de vie». «Les insecticides interfèrent directement avec les hormones (…) et/ou endommagent les cellules des testicules» explique l’étude. La qualité du sperme et la concentration de spermatozoïdes diminuent au fil des année.
Un tiers des cours d’eau français pollués
En avril 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, organisme public chargé de contrôler la sécurité des produits de consommation, alertait sur la présence de multiples pesticides dans au moins un tiers de l’eau potable en France. La même agence estimait que les techniques actuelles de traitement de l’eau courante ne sont pas en mesure d’éliminer certains pesticides de l’eau du robinet.
Selon l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, moins de 8% des cours d’eau du bassin de la Vilaine sont en «bon état écologique». Plus de 9 cours d’eau sur 10 sont donc en mauvais état ! Avec toutes les conséquences que cela comporte pour la faune, la flore et pour les êtes humains.
La France championne d’Europe des pesticides
Notre pays est le troisième utilisateur mondial de pesticides, et le champion d’Europe en terme de volume de produits chimiques utilisés pour l’agriculture : environ 100.000 tonnes par an, dont une bonne moitié de fongicides et un bon tiers d’herbicides. Des traces de pesticides sont retrouvés dans un fruit et légume sur deux. Une légère nuance : rapporté à la surface cultivée, la France utilise 3,45 kilogrammes de produits par hectares et par an, légèrement derrière l’Italie et la Grèce, mais au dessus de la moyenne européenne. Pas beaucoup plus rassurant.
291 produits chimiques autorisés
Selon les données des ONG recueillies par le média Reporterre, la France se place «dans le top 3 des pays européens qui autorisent le plus de pesticides», avec 291 molécules autorisées. Et la loi Duplomb veut en réintroduire d’autres, qui avaient été interdits.
3% de cancers du pancréas en plus par an
3% chaque année, c’est le taux d’augmentation du cancer du pancréas en France, le plus foudroyant et difficile à soigner, qui ne laisse quasiment aucune chance aux malades. Cette augmentation est deux à trois fois plus rapide que dans la plupart des autres pays européens. Sans pouvoir le prouver formellement, cette hausse très supérieure aux pays voisin est fortement suspectée d’être liée à l’usage pesticides.
Pesticides interdits mais toujours utilisés
Au début de l’été, lors de manifestations contre la loi Duplomb, une «inspection citoyenne» organisée par des faucheurs volontaires sur un site BASF – le géant allemand de l’agrochimie – situé à côté de Lyon a révélé la présence de stocks de Fastac, un pesticide interdit depuis 2020 dans toute l’Union Européenne. Si, même au sein des usines chimiques, il reste des stocks de produits interdits, on n’ose imaginer l’usage qui en est fait dans les exploitations.
Cocktail chimique illégal dans les cheveux d’une fillette
En Charente-Maritime, le taux de cancers infantiles est anormalement élevée, notamment dans la commune de L’Houmeau près de La Rochelle. Des parents vivant près d’un champ de céréales ont décidé d’envoyer une mèche de cheveux de leur fille (en parfaite santé) ainsi qu’un échantillon d’eau prélevé au robinet à un laboratoire d’analyse. Résultat : «plusieurs pesticides dans les cheveux de leur fille âgée de 3 ans et dans l’eau du robinet consommée au quotidien» explique Le Parisien.
«Trois fongicides ont été identifiés dans la mèche prélevée sur leur enfant. De l’azoxystrobine d’abord, mais surtout du fludioxonil et du pyriméthanil à des taux bien supérieurs à la normale» explique le quotidien. Le Laboratoire a écrit à la famille : «Il est fortement recommandé d’identifier l’origine du polluant et de rapidement mettre en place des actions pour réduire sa présence dans votre environnement et alimentation». Plus grave encore, l’eau du robinet contient de l’atrazine et du terbuméton, deux pesticides interdits depuis plus de deux décennies pour leur dangerosité avérée. Soit les agriculteurs continuent de l’utiliser, soit sa présence continue à s’accumuler dans l’eau et les organismes, même après des décennies.
De même, le nombre de cas d’enfants atteints par les cancers est alarmant dans le Pays de Retz, au sud ouest de Nantes. Des enquêtes ont révélé un «cocktail» de facteurs polluants, sans être capables de désigner des responsabilités claires et avérées.
Métam-sodium
En octobre 2018, dans un champ de mâche en Maine-et-Loire, 61 personnes suffoquent et sont prises d’irritations aux yeux, comme si elles subissaient du gaz lacrymogène. Les pompiers interviennent, 17 personnes finissent au CHU. L’intoxication vient d’un pesticide très puissant : le métam-sodium. C’est un produit très dangereux, «une substance plus nocive que le glyphosate, qui ne tue que les mauvaises herbes. Le but est de tuer toute vie dans le sol» expliquait un spécialiste qui ajoutait : «Tout ce qu’il rencontre succombe». Ce produit était massivement répandu en pays nantais par les grosses firmes maraîchères et bénéficiait d’une dérogation malgré sa dangerosité.
Voilà le monde que veulent imposer Duplomb et ses complices : l’empoisonnement de la population pour le profit de quelques gros exploitants et géants de la chimie, le tout validé par la classe politique en costard qui a les moyens de manger bio et varié, et qui vit à l’écart de l’agriculture intensive et des épandages.
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