Ventes d’armes : les exportations françaises s’envolent, notamment vers Israël


2024 a été la deuxième meilleure année pour l’industrie militaire française, selon le rapport sur les exportations d’armement. Et malgré ses déclarations, la France continue de fournir des armes à l’entité génocidaire israélienne.


Sébastien Lecornu, ministre des armées, confronté à son mensonge sur les ventes d'armes à l'État d'Israël.

«La position de la France est on ne peut plus claire. Il n’y a pas d’armes vendues à Israël», assurait le 6 juin le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Le même jour Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères, jurait sur RTL : «Nous ne livrons pas de matériel militaire utilisé à Gaza». Lors d’une audition en février 2024, Sébastien Lecornu jouait sur les mots, expliquant que la France ne fournissait à Israël que des équipements permettant «d’assurer sa défense». Ce qui ne veut absolument rien dire, puisque l’extrême droite israélienne estime qu’il faut exterminer ou déporter tous les Palestiniens et Palestiniennes pour assurer sa prétendue «défense». Quant à Macron, le roi des mythos, il estimait dès le mois d’octobre 2024 : «Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza». Il promettait : «La France n’en livre pas».

Ce sont tous des menteurs, en plus d’être complices de crimes contre l’humanité. Une nouvelle preuve a été révélée par Médiapart, qui a a eu accès au rapport 2025 sur les exportations d’armes du pays.

2024, une année “exceptionnelle” pour les exportations d’armes françaises

Pour rappel, le “pays des Droits de l’Homme” est le deuxième exportateur d’armes au monde. Et l’année 2024 a été très juteuse pour les marchands de mort : avec 21,6 milliards d’euros, l’année 2024 est la deuxième meilleure année du secteur depuis 2017. “Un chiffre en nette augmentation par rapport à 2023 (8,3 milliards), qui représente deux fois la moyenne des dix années précédentes (11,5 milliards par an)” et qui se rapproche du record de 2022 à 27 milliards. Cette “bonne santé du secteur” est notamment due à la vente de Rafales en Indonésie ainsi qu’en Serbie, et la vente de sous-marins aux Pays-Bas. La crise, ce n’est pas pour tout le monde.

Sébastien Lecornu explique dans le rapport que 2024 a été «une grande année européenne pour la France». En effet, le continent représente à lui tout seul 60% du carnet de commande. «Le besoin de certains pays européens de compenser des décennies de sous-investissement et de remplacer les matériels cédés à l’Ukraine offre à la France l’opportunité de nouer de nouveaux partenariats en matière d’armement». Autrement dit, le business de la mort est florissant, et la France se taille une belle part. En n’hésitant pas à fournir des armes à des pays en guerre. En mai 2019, le ministère des affaires étrangères évoquait «une sale guerre» au Yémen, et assurait ne pas livrer d’armes aux pays impliqués. Le rapport révèle pourtant les juteuses commandes passées dans le cadre de ce conflit : 718 millions pour les Émirats Arabes Unis, 170 millions pour l’Arabie Saoudite.

La France, partenaire actif du génocide à Gaza

Depuis le début de la création de l’État colonial israélien, la France en est l’un des soutiens les plus actifs. Elle l’a notamment aidé à devenir l’une des plus grandes puissances militaires mondiales, et une puissance nucléaire. Parce que l’État français partage la même vision du monde colonialiste et impérialiste que l’État sioniste. Entre 1948 et 1969, elle était même son premier fournisseur d’armes. Et ce partenariat n’a jamais cessé, comme le prouve encore le rapport.

Les exportations vers l’État sioniste sont même à leur plus haut niveau depuis 8 ans, avec 27,1 millions d’euros en 2024. “En 2024, six licences représentant 6,4 millions d’euros ont par ailleurs été délivrées pour du matériel ML5 (conduite de tir, de surveillance et d’avertissement) et trois licences, soit 5 millions d’euros, pour la catégorie M15 (matériel d’imagerie ou de contre-mesures).” Aymeric Elluin, responsable «Armes et peine de mort» à Amnesty international France explique que «ces éléments d’imagerie et de conduite de tirs sont indispensables à la conduite d’opérations terrestres». Si le nombre de licences accordées à Israël a baissé (75 en 2023, 50 en 2024), le montant, lui, a doublé : 176,2 millions en 2023, 387,8 millions en 2024.

Avant le mois d’octobre 2023, durant la décennie passée, la France a vendu pour 200 millions d’euros d’armes à Israël. Rien que depuis l’élection de Macron en 2017 et 2023, 111 millions d’euros d’armes ont été exportées vers l’État colonial. La France est le premier fournisseur européen d’armement à l’État d’Israël et échange aussi des «savoirs» avec lui. Par exemple, Darmanin avait officiellement demandé des conseils à Israël pour maintenir l’ordre après les révoltes pour Nahel durant l’été 2023.

Déjà en mars 2024, Stop Arming Israel publiait, aux côtés de Progressive International, du Palestinian Youth Movement, du conseil francilien du Mouvement de la Paix, de l’AFPS, de l’UJFP, de Droit-solidarité, d’Attac, de BDS France et de The Ditch, “un rapport détaillé basé sur les données d’importation des douanes israéliennes, qui démontre que contrairement aux affirmations du gouvernement, la France a livré des composants militaires à Israël de façon continue et massive pendant toute la durée du génocide à Gaza”. Ces organisations se sont plongées dans les données douanières et fiscales de l’État israélien, dans la catégorie relevant des «armes et munitions» importées. Plus de 15 millions d’articles vendus par la France figurent comme pouvant être destinés à l’usage de l’armée israélienne. Ces produits entrent dans la catégorie «bombes, grenades, torpilles, mines, missiles et autres munitions de guerre» d’une valeur de plus de 7 millions d’euros, ainsi que 1868 articles dans la catégorie «pièces et accessoires de lance-roquettes, grenades, lance-flammes, artillerie, fusils militaires et fusils de chasse», d’une valeur de plus de 2 millions d’euros.

En juin 2025, un rapport de Disclose révélait que la France s’apprêtait à livrer des équipements pour mitrailleuses à destination d’Israël. Les dockers de Fos-Sur-Mer avaient bloqué l’exportation de 14 tonnes de pièces détachées. Ces pièces sont fabriquées par la société française Eurolinks, basée à Marseille. La CGT des dockers avait aussi refusé de charger deux autres conteneurs remplis de tubes de canons, eux aussi destinés à Israël.

Ces révélations avaient forcé Sébastien Lecornu à réagir : «Dans le contexte de la guerre à Gaza, la France ne livre pas d’armes à Israël mais exporte des composants ayant vocation en particulier à être intégrés dans des systèmes défensifs ou à être réexportés vers des pays tiers». Mensonge éhonté. Dès 2014, après un bombardement à Gaza tuant 3 enfants, on trouvait dans les décombres un débris de composant sur lequel on pouvait lire Eurofarad-Paris-France. Explicite. Le gouvernement cherche à temporiser, évoquant le fait qu’Israël ne représente “que” 0,13% du total des commandes enregistrées. Quelle consolation pour les milliers de morts palestiniens.

L’embargo est possible, encore faut-il le vouloir. La France n’a aucun problème à tenir l’embargo sur les armes contre la Russie et l’Iran. Sans l’armement et les munitions fournies par les puissances occidentales, les bombardements de Gaza finiraient en quelques jours.

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