«Si vous revenez, on fait tout sauter» : en Italie, la famille Ramponi explose une expulsion


Trois policiers morts et quinze blessés dans l’explosion d’une ferme que les autorités italiennes voulaient expulser : la famille Ramponi seule face à l’État


La ferme des Ramponi dans un sale état après l'explosion qui a tué trois policiers.

Le système capitaliste a ceci de particulier qu’il ne peut jamais être rassasié. Pour continuer à fonctionner, il a besoin d’exploiter toujours plus les ressources, y compris les humains. En poussant à bout les individus qu’il opprime, il crée les conditions de sa propre destruction. C’est ce que l’Italie s’est vue très justement rappeler cette semaine.

À l’origine, il y a la misère dans une ferme du nord de l’Italie, près de Vérone, occupée par la famille Ramponi : deux frères, Franco et Dino, et leur sœur, Maria Luisa. Les trois soixantenaires sont présentés dans la presse comme des paysans isolés ayant une «vie misérable», des gens «étranges» qui ne consommaient quasiment que ce qu’ils produisaient, et qui avaient un «attachement à leur maison et à leur terre qui était devenu une obsession, une pathologie». Pour les journalistes, défendre son lieu de vie, une ferme familiale qui est leur seul bien et où ils ont toujours vécu, est une maladie.

Les Ramponi sont acculés par des banques. Un accident les précipite dans une situation financière intenable : ils doivent rembourser un tracteur que l’assurance refuse de prendre en charge. S’ensuivent des prêts et un surendettement que la famille n’est pas capable de rembourser avec les maigres revenus de son élevage.

Les Ramponi dénoncent en justice les conditions d’un prêt hypothécaire, et expliquent qu’ils ne l’ont pas contracté. Mais ils sont déboutés et doivent abandonner leur ferme, qui est à la fois leur domicile et leur outil de travail. Hors de question pour les trois frères et sœur qui refusent l’expulsion et menacent : si vous nous dégagez, la ferme explosera avec nous.

En 2021, la police tente une première fois de les déloger. L’un des frères monte sur le toit et menace de sauter si l’État rentre chez lui, la sœur dit qu’elle va s’immoler. La police repart bredouille. En 2024, lors d’une autre tentative d’expulsion, les flics sont reçus par des cocktails molotov lancés depuis le toit. Une forte odeur de gaz se dégage de la maison, les policiers s’en vont, la famille reste.

Le sursis n’est toutefois que de courte durée : la ferme des Ramponi devait être vendue aux enchères ce 25 octobre 2025. L’expulsion, «planifiée avec soin» selon les autorités italiennes, a lieu le 14 octobre. Mais à peine les forces d’intervention entrent dans la maison, celle-ci explose. La détonation tue trois carabiniers et blesse une quinzaine d’autres personnes. Franco et Dino, qui sont parvenus à s’échapper avant l’explosion, sont rapidement rattrapés. Maria Luisa est restée à l’étage. Grièvement blessée, la femme se relève et insulte les policiers à travers le mur éventré.

Personne n’a rien à gagner dans cette histoire, où des gens meurent et se battent à cause d’une dette de 70.000 euros. En se montrant intraitable avec celles et ceux qui n’ont plus rien à perdre, la bourgeoisie attise la violence à laquelle elle devra faire face. Elle crée les conditions de sa propre perte.


Le capitalisme est un système perdant-perdant. Combattons-le de toutes nos forces, par tous les moyens.


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