Encore une victoire de la Gen Z : en Bulgarie, le gouvernement démissionne sous la pression de la rue


«La Bulgarie n’est pas une porcherie. Envoyons le porc à l’abattoir»


En haut : une manifestation massive de la Gen Z en Bulgarie.
En bas : le premier ministre bulgare démissionnant face à la contestation.

Malgré une ambiance crépusculaire dans le monde, des étincelles scintillent un peu partout, prêtes à mettre le feu à la plaine. À Madagascar ou au Népal, les révoltes de la Gen Z ont fait tomber des gouvernants. Au Pérou et au Maroc, cette génération fait trembler le pouvoir. En Bulgarie, des marées humaines successives ont emporté le Premier Ministre.

Le 1er décembre, puis le 10 décembre, et enfin la semaine dernière, le petit pays des Balkans était secoué par ses plus grandes manifestations depuis plusieurs décennies. Plus de 150.000 personnes dans les rues de Sofia, la capitale, dans un pays qui compte 6,7 millions d’habitants, ont eu raison du chef du gouvernement.

Le déclencheur de ce soulèvement a été le projet de budget 2026, impopulaire et injuste. Il prévoyait des hausses d’impôts et des augmentations des cotisations sociales, autant de choix favorisant les cercles proches du pouvoir. On aimerait la même réactivité en France, contre le budget d’austérité imposé par un gouvernement illégitime.

La Bulgarie est le pays le plus pauvre d’Europe. Pour les manifestants bulgares, il n’est pas question de donner toujours plus d’argent à un système corrompu, où les finances disparaissent dans les poches de quelques uns et où les services publics ne fonctionnent pas. Entre autres exemples de corruption, il faut lâcher un billet aux policiers pour qu’ils détournent le regard d’une infraction, payer une partie en liquide lors de transactions immobilières, donner un «bonus» à un médecin pour obtenir une opération, les procureurs bloquent les enquêtes sensibles visant les puissants… «La Bulgarie a une façade démocratique, mais c’est un système semi-féodal» estime Nicolas Staykov, d’une organisation anti-corruption. Une sombre réalité, mais pas si éloignée de la France. Chez nous, la corruption est également en train d’exploser, et le gouvernement tente de bâillonner les associations qui enquêtent sur ce sujet, par exemple la structure Anticor.

Dans les rues de Bulgarie, l’une des cibles des manifestations est l’oligarque Delyan Peevski, député proche du pouvoir, grand propriétaire de médias, exerçant une forte influence sur le gouvernement, et considéré comme le véritable maître du pays. Dans les cortèges, cet homme est traité de «porc» qu’il faut mener à «l’abattoir».

Les manifestations ont donc obtenu le retrait du projet de budget, puis la chute du gouvernement, mais ne devraient pas s’arrêter là. Le pays connaît une très forte instabilité politique, avec pas moins de 7 élections législatives depuis 2021, et de nouvelles à venir. Malgré la démission du Premier ministre, les oligarques restent en place, et sont toujours dénoncés par la rue. Enfin, la Bulgarie doit intégrer la zone euro le 1er janvier 2026, ce qui risque d’accroître encore la hausse des prix. Mais cette intégration à la monnaie européenne est désormais reléguée au second plan, derrière la crise politique.

De nouvelles manifestations ont eu lieu en Bulgarie après la démission du Premier ministre, et certains manifestants expliquent : «On ne veut pas que nos enfants connaissent les mêmes dirigeants pourris, ceux qui ont installé la corruption au plus haut niveau».

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