Deux néofascistes promus par l’entre-soi médiatique : Jean-Philippe Tanguy, politicien proche de Dupont-Aignan et fer de lance de la dédiabolisation du RN, et Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur raciste

C’est un classement peu connu du grand public qui a été décerné le 12 février, pour la 33ème année, par Le Trombinoscope, en partenariat avec la chaîne du service public LCP. Le Trombinoscope se présente comme un «annuaire du monde politique» qui «célèbre l’engagement et l’action des personnalités politiques de notre nation». Une sorte de Who’s who des puissants, destiné aux cercles du petit monde du pouvoir. C’est une cartographie de l’entre-soi politico-journalistique bien utile aux éditocrates de tous poils, qui n’ont plus qu’à y piocher les invités à mettre en lumière.
Le président du jury est le célèbre chien de garde Christophe Barbier, qui sévit depuis de nombreuses années sur les plateaux télé et dans les colonnes de la presses aux ordres. C’est lui qui déclarait en janvier 2024, après la nomination de Gabriel Attal comme Premier Ministre : «Gabriel dans la Bible c’est la force de dieu, le bras armé de dieu pour protéger dieu contre les anges rebelles. Il est missionné pour protéger dieu c’est-à-dire Macron».
Lors du procès de Nicolas Sarkozy, il s’attaquait aux magistrats, dénonçant «un réquisitoire excessif» à l’égard de l’ancien président. En mars 2022, Christophe Barbier appelait carrément à supprimer les élections pour maintenir Macron au pouvoir, sur fond de guerre en Ukraine : «Est-ce qu’on change de président dans un moment de telle tension ? Est-ce que cette élection, ce reste de campagne, ne vont pas être escamotées et remplacées par une forme de reconduction du président actuel au nom d’une stabilité nécessaire ?» Voilà le personnage qui désigne à la presse qui sont les personnalités politiques à valoriser. Le reste du jury était composé d’un panel de « journalistes » issus de grands médias publics et privés.
Ainsi, le député d’extrême droite au cheveu sur la langue, Jean-Philippe Tanguy, est désigné député de l’année, et le Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, principal acteur de la fascisation en cours, est propulsé personnalité de l’année.
Concernant Tanguy, le jury justifie son choix ainsi : «Le RN a le premier groupe à l’Assemblée. On ne pouvait pas ne pas récompenser un élu de ce camp». Christophe Barbier pouvait tout à fait éviter de promouvoir l’extrême droite, mais en bon chien de garde il préfère se cacher derrière son petit doigt et faire monter le parti sélectionné par sa caste pour 2027. La désignation du RN comme «premier groupe à l’Assemblée» est un mensonge, puisque, malgré tous les efforts des médias dominants l’été dernier, le parti d’extrême droite n’est arrivé que troisième aux élections législatives, derrière le NFP et la macronie. Barbier et ses amis prennent leurs rêves pour des réalités.
Mais qu’a pu faire Jean-Philippe Tanguy pour mériter un tel prix ? Rien, ou si peu. Plus de la moitié de ses votes à l’Assemblée soutiennent les propositions du clan Macron, et il ne s’y oppose que dans 29% des cas. Ce n’est pas non plus pour la qualité de sa participation à la commission des finances, car 90% de ses interventions n’ont aucun sens, le député ne maîtrise pas ses dossiers, s’énerve, et masque son incompétence en haussant la voix et en écumant de postillons.
Personne n’est dupe, si ce prix lui a été décerné, c’est parce qu’il sert d’intronisation au sein d’un cercle restreint. Par cette récompense, Jean-Philippe Tanguy est validé, et même coopté, par une bourgeoisie qui s’accapare le pouvoir sans avoir aucun compte à rendre.
Dans la même veine, Le Trombinoscope récompense Bruno Retailleau de la plus haute distinction : celle de «personnalité de l’année». Pourtant, ce politicien issu de l’extrême droite vendéenne était encore un inconnu de la majorité des français avant le coup de force de Macron à l’automne dernier. Alors que son parti, LR, ne pèse que 5% des voix, il avait hérité d’un ministère stratégique, grâce auquel il peut occuper le terrain et saturer le débat public avec des propos et des actes plus racistes et autoritaires que le RN.
Dernièrement, Retailleau a apporté son soutien au groupuscule néo-nazi Nemesis, a appelé à dissoudre le collectif antifasciste La Jeune Garde, veut remettre en cause le droit du sol, affirme que «l’État de droit, ce n’est pas intangible, ni sacré», s’en prend aux associations humanitaires tout en étalant quotidiennement son islamophobie maladive. Il a aussi orchestré une surenchère contre l’Algérie, créant une crise diplomatique majeure, visant à réveiller les vieux instincts colonialistes. Retailleau, c’est la politique néofasciste déjà installée au cœur du pouvoir.
Dès le mois d’octobre 2024, Sarah Knafo, députée européenne de Reconquête, commentait ainsi les propos du ministre : «Ça aurait pu être un discours de notre parti». Laure Lavalette, du Rassemblement National, déclarait : «Quand on écoute Bruno Retailleau (…) on a l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement National». Le Trombinoscope est donc raccord avec l’admiration venue de l’extrême droite la plus radicale pour Retailleau.
La cérémonie retransmise sur LCP s’est résumée à deux heures d’un entre-soi le plus pur. Inaugurée par Yaël Braun-Pivet, elle s’est clôturée avec la star de la soirée, le Bruno Retailleau lui-même. La frange la plus autoritaire du pouvoir s’est ainsi mise en scène et adressé des politesses, avec un Raphaël Glucksmann dans son meilleur rôle de faire-valoir de la pluralité politique.
Lorsque Jean-Philippe Tanguy a reçu son prix, il a fait mine d’être surpris, savourant ce qui se joue : la normalisation du RN étant déjà bien avancée, c’est désormais un député néofasciste qui est récompensé par ses pairs. On salue sa ténacité, sa capacité à affirmer ses idées, sans jamais rappeler à quel point elles sont nauséabondes, ces idées. C’est par exemple lui qui avait annoncé vouloir «mettre hors d’état de nuire» les manifestations. Une idée bien particulière de la démocratie.
Dans son discours de remerciements, Tanguy a démarré au quart de tour, dénonçant le « système » sans jamais définir ce qu’il entend par là. C’est précisément le « système » qui venait de le récompenser comme on donne des croquettes à son chien. La gorafisation du discours politique est à son comble.
Jean-Philippe Tanguy a aussi rappelé son amour de la France et de la République, lui qui se réclame du bonapartisme et admire Napoléon III, le fossoyeur de la Deuxième République. « Nous ne combattrons jamais la République, car nous l’aimons autant que nous aimons la France » : en tout cas Tanguy ne semble pas avoir très envie de combattre cette République qui l’honore et qui applique les idées de son parti depuis des années.
Enfin, après quelques phrases creuses, le moment gênant arrive : «Je suis content quand je me tourne vers ma mère, ou vers Marine, parfois elles peuvent se confondre». Jean-Philippe Tanguy ricane tout seul, dans un moment de solitude extrême. À partir de là, il n’aura d’yeux que pour «Marine», ne parlera que de «Marine», la regardant dans l’assistance, cherchant son approbation. Ce n’est plus un discours de remerciements, c’est un serment d’allégeance.
Tout est prêt pour 2027, le RN est en ordre de marche, les médias ont choisi leur camp, et c’est la macronie qui fournit les munitions.
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Une réflexion au sujet de « Classement du Trombinoscope : Jean-Philippe Tanguy élu « Député de l’année », Retailleau « Personnalité politique de l’année » »
Voir aussi l’article du Nouvel Obs qui parle de ce parasite de Pierre Édouard Sterin qui arrive à brides abattues avec son cheval moisi appelé : PERICLES et qui se dirige tout droit vers l’élection des candidats les plus Réacs.