Projet de dissolution d’un collectif antifasciste, soutien assumé aux identitaires, surenchères contre l’Islam et l’Algérie, menaces contre les associations humanitaires… On fait le point sur Bruno Retailleau.

En France, le Ministère de l’Intérieur est le vrai poste clé, sans doute plus important que le Premier Ministre. Ces dernières décennies nous l’ont montré : celui qui commande la police détient le pouvoir réel et peut ensuite gravir les plus hautes marches du pouvoir.
Or, nous avons en France un Ministre de l’Intérieur néofasciste : Bruno Retailleau. Issu de l’extrême droite vendéenne, il a été propulsé à la tête de la police française lors du coup de force de Macron en septembre dernier. Ces derniers jours, il a mis un coup d’accélérateur brutal à la fascisation de la France.
Porte-voix de l’extrême droite
Bruno Retailleau, ce sont les partis d’extrême droite qui en parlent le mieux. Dès le mois d’octobre 2024, Sarah Knafo, députée européenne de Reconquête, commentait ainsi ses propos : «Ça aurait pu être un discours de notre parti». Laure Lavalette, du Rassemblement National, déclarait : «Quand on écoute Bruno Retailleau (…) on a l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement National».
Dès sa nomination, illégitime rappelons-le une nouvelle fois, puisque le parti de Retailleau représente à peine 5% des voix, il décidait d’occuper tout le terrain médiatique. Dans le Journal du Dimanche, Retailleau était allé affirmer que «l’État de droit, ce n’est pas intangible, ni sacré». C’était une déclaration néofasciste pure et dure.
L’État de droit, en théorie, c’est l’égalité devant la loi, la séparation des pouvoirs, la protection des citoyens contre l’arbitraire, le respect des droits fondamentaux… En France, un Ministre de l’Intérieur dit donc vouloir outrepasser ses propres lois. Cela aurait dû inquiéter l’intégralité de la classe politique, même à droite.
Projet de dissolution d’un collectif antifasciste
En janvier 2025, Bruno Retailleau est en roue libre. Il vient d’annoncer son projet de dissoudre un collectif antifasciste. La «dissolution du groupe d’ultra gauche la Jeune Garde est étudiée depuis 10 jours par les services de Beauvau» révèle jeudi 23 janvier l’entourage du ministre de l’Intérieur.
Que leur reproche-t-on ? La Jeune Garde est un collectif qui s’oppose depuis des années à la violence de néo-nazis. Des valeurs jadis partagées par quasiment tout le monde, mais aujourd’hui criminalisées.
Après avoir échoué à dissoudre les Soulèvements de la Terre et Nantes Révoltée, entre autres, le gouvernement continue donc à utiliser cette procédure d’exception, hautement liberticide, contre la gauche. Pour rappel, il n’y a jamais eu autant de dissolutions de toute l’histoire française que sous Macron, et c’est très inquiétant.
Soutien public à un groupuscule identitaire
Au moment même où il annonçait cette offensive contre l’antifascisme, Bruno Retailleau saluait le «combat» du groupe Nemesis devant le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
S’adressant à la cheffe de ce groupuscule, il déclarait «bravo pour votre combat. Vous savez que j’en suis très proche». Nemesis est un groupuscule identitaire, faussement féministe mais réellement raciste. Ce groupe, issu des milieux néo-nazis, concentre son militantisme uniquement sur le sexisme attribué aux immigrés, en ignorant délibérément le sexisme structurel. On le sait, Retailleau appartient à la vieille droite catholique et réactionnaire de Vendée, il a toujours été l’ennemi des droits des femmes. Le seul «combat» qu’il partage avec Nemesis, c’est le racisme.
Offensive contre les associations humanitaires
Ce n’est pas tout. Retailleau vient d’annoncer dans l’hebdomadaire L’Express son intention de s’en prendre aux associations humanitaires, et en particulier à la CIMADE. «Je ne vois pas pourquoi l’État financerait des associations qui luttent contre la politique que souhaite le peuple français» a-t-il déclaré. Si l’on suit cette logique, il faudrait donc interdire le MEDEF et différents lobbys capitalistes qui s’opposent à la volonté du peuple français, qui est largement favorable à un meilleur partage des richesses. Mais c’est un autre débat.
En racontant que «des associations se sont dévoyées», Retailleau vise nommément la CIMADE, association fondée en 1939, juste après le début de la seconde guerre mondiale, par des chrétiens protestants, pour aider les réfugiés et les victimes de la guerre. Cette association a notamment sauvé des centaines de juifs pendant l’occupation. Ses bénévoles agissent pour les droits des réfugiés et des migrants à travers le monde depuis 86 ans. C’est cette structure que Retailleau veut asphyxier financièrement.
En plus de réprimer les corps, le régime actuel dissout ou prive de moyens économiques les rares contre-pouvoirs, alors qu’il subventionne à foison les médias de masse et les grands patrons.
Surenchère contre l’Algérie
Retailleau provoque depuis des semaines une crise diplomatique majeure avec l’Algérie. Son équipe, avec l’aide de médias comme Cnews, a décidé de monter en épingle des vidéos d’une poignée d’influenceurs algériens favorable au régime autoritaire qui dirige le pays. Des vidéos par ailleurs profondément stupides et violentes.
Ainsi, Retailleau a pu souffler sur les braises mal éteintes de la colonisation, et a annoncé à la télévision, portant lunettes de soleil façon chef de gang ou dictateur des années 1970, des mesures brutales. Notamment l’expulsion illégale d’un ressortissant algérien sans attendre la validation de la justice, ou de rompre certains accords bilatéraux entre les deux pays.
Derrière cette surenchère, Bruno Retailleau alimente une tension doublement irresponsable : il détruit les partenariats potentiels avec l’Algérie et expose la diaspora algérienne en France au racisme et aux récupérations du régime de Tebboune. Et dire que ces mêmes responsables politiques parlaient de « ne pas importer le conflit israélo-palestinien » en 2023…
Surtout, Retailleau est Ministre de l’Intérieur. Il n’a aucune raison de s’occuper des relations internationales, qui dépendent du Ministre des affaires étrangères. En le laissant créer des tensions contre l’Algérie plutôt que d’encourager la diplomatie, Macron sait parfaitement ce qu’il fait : alimenter le repli nationaliste et raciste.
Islamophobie sans limite
Cette séquence a lieu sur fond de délire islamophobe toujours plus poussé. Le 7 janvier, Retailleau dénonce des groupes qui mineraient «la cohésion nationale pour imposer à terme la charia». Le 9 janvier, il ajoute «il y a aussi toute une mouvance islamiste qui considère qu’il faut progressivement, pour que demain on puisse imposer la charia en France, conquérir des positions dans des associations à caractère cultuelles, culturelles, sportives, sociales». Un sous-entendu extrêmement grave. Bientôt l’interdiction, pour les musulman-es, de militer dans des associations ? Une suspicion généralisée à leur encontre ?
Le Ministre répète aussi qu’il faudra «étendre le champ de la laïcité à d’autres espaces publics, par exemple aux compétitions sportives ou aux sorties scolaires» et veut ainsi interdire le voile pour les mamans qui accompagnent les sorties scolaires et même à l’université, ce qui exclurait les femmes musulmanes de nombreux espaces de la vie publique. Des annonces gravissimes.
Imaginaire néofasciste
Pour finir, rappelons que Bruno Retailleau fait tout pour imposer un imaginaire raciste depuis des mois. Il a déclaré que les statistiques ethniques ne devaient pas être utilisées pour la «discrimination positive», donc que la discrimination ne pouvait qu’être négative. Il a parlé de «français de papiers», vieille expression de l’extrême droite, mais aussi de la «régression ethnique» des descendant-es d’immigré-es ou encore asséné que «l’immigration n’est pas une chance».
Le 4 octobre, il publiait sur Twitter la photo, sans commentaire, d’un chien policier menaçant, lèvres retroussées, alors qu’il posait derrière, en contre-plongée. Un imaginaire martial, qui ne peut qu’évoquer certaines mises en scène des années 1930. Les communicants du Ministère savent parfaitement ce qu’ils font avec une telle composition. Début janvier, le compte de Bruno Retailleau diffusait, avec la seule mention «2024», la photo de policiers du RAID cagoulés, sur la cathédrale Notre-Dame, entourés de gargouilles. Ici aussi, un image qui charrie toute une iconographie réactionnaire et militariste sensée, selon le ministre, résumer l’année écoulée.
Un pouvoir néo-fasciste
Nous l’avons déjà dit, l’extrême droite est au pouvoir de fait en France, et l’actualité nous le montre chaque jour davantage. Certains répondront que c’est dans l’air du temps, que partout en occident, des politiciens d’extrême droite se hissent au gouvernement. Sauf que d’une certaine manière, Retailleau est un symptôme plus inquiétant encore qu’en Italie ou aux USA.
Contrairement à ces pays, où la gauche a disparu de l’échiquier politique, il reste encore en France des forces de gauche. Certes, les scores du RN sont au plus haut, mais malgré toutes leurs limites, la France Insoumise a fait 22% au premier tour des dernières présidentielles, le Nouveau Front Populaire est arrivée en tête aux législatives, les forces sociales ont manifesté par millions en 2023 avec le soutien de la quasi totalité de la population.
En France, l’extrême droite nous est imposée de force. Retailleau et ses amis ne peuvent même pas se prévaloir de la légitimité des urnes ou de l’opinion. Ils sont placés par Macron, qui fera tout pour préserver les intérêts des riches, y compris basculer dans un régime ouvertement autoritaire.
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5 réflexions au sujet de « Bruno Retailleau : un ministre de l’Intérieur néo-fasciste »
La police protège : les voleurs, les pillieurs et les criminelles en col blanc. Macron n’est que la pale copie d’un système qui détruit la classe laborieuse et la planète au profit de la classe dominante et Retailleau n’est que le chef des simples d’esprits de la police et un haut responsable de la montée du facsisme en France , il est là pour empêcher que la collectivité travail pour elle même au lieu travailler pour une société où les dominés perdent leur vie à travailler pour les dominants. Organisons nous et collons une grève générale mondiale à ces capitalo facsistes jusqu’à ce que ce vieux monde tombe comme un château de carte et cesse enfin de détruire l’humanité et du monde du vivant par le facsisme et l’exploitation.
La seule différence entre l’Allemagne Nazie et le capitalo facsisme 2025… C’est la technologie et la qualité des photos
Il faut juste imaginer Bruno le facho avec une petite moustache et la photo est parfaite. C’est une petite brochette de fafs représentant la classe dominante
Retailleau ne représente pas la France, il représente le facsisme, il représente la Haine de la classe dominante, avec lui les groupuscules de Nazillons poussent comme des champignons dans ma ville (au Nord ouest de ce pays de flics) , les fafs s’attaquent aux locaux des organisations de gauche , ils les tags, brisent les vitres et vont signer leurs actes en collant des stickers sur leurs faits et. gestes. 2025 vient tout juste de commencer et en ce début d’année la classe dominante cherche à ce que ça crame à travers le monde alors soyons généreux et organisé.e.s, cessons de travailler pour cette saloperie et généralisont les grèves, donnons lui ce qu’elle cherche, empechons là de ce servir elle même et donnons lui ce qu’elle mérite.
Jusqu’où ira son zèle?
https://www.blast-info.fr/articles/2025/bruno-retailleau-fait-arreter-une-collegienne-avant-de-lexpulser-vers-la-belgique-pKVLss1aRnGIT4qEILq-LA