
Coté pile : les députés de gauche interdit d’entrer en Israël.
Une délégation de 27 parlementaires et d’élus de gauche français devait se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens du 20 au 24 avril. Ce groupe de députés, composé notamment de François Ruffin, Alexis Corbière et Julie Ozenne du groupe écologiste et d’élus communistes – pourtant pas les plus farouches défenseurs de la Palestine depuis octobre 2023 – n’est pas le bienvenu en Israël.
L’État colonial a annulé leurs visas en invoquant une loi permettant d’interdire l’entrée du territoire à des personnes qui veulent «agir contre l’État d’Israël». Désormais, ne pas être totalement aligné sur la ligne de Netanyahou, et ne pas soutenir «inconditionnellement» le génocide en cours est passible d’interdiction de territoire. La «seule démocratie du Proche-Orient» n’aime pas beaucoup le pluralisme.
Les membres de la délégation ont dénoncé «une punition collective» et ont rappelé qu’ils étaient «officiellement invités par le consulat de France à Jérusalem. À deux jours de notre départ, les autorités israéliennes ont annulé nos visas d’entrée alors qu’ils avaient été approuvés il y a un mois» déplorent-ils. Autrement dit, les autorités israélienne se permettent non seulement de violer la liberté de circulation des élus d’une puissance officiellement considérée comme «alliée», mais aussi de piétiner une invitation diplomatique.
Ce n’est pas la première fois : Israël a déjà tué un employé du consulat français, tiré sur une journaliste de l’AFP et même sur le bâtiment de l’agence de presse française à Gaza ou encore humilié le ministre des affaires étrangères lui-même, en lui interdisant d’entrer dans un lieu religieux relevant de la France à Jérusalem. Et tout ça sans aucune conséquence. À chaque fois, il s’agissait pourtant d’actes de guerre diplomatique qui auraient dû provoquer des sanctions.
En fait, Israël refuse tout regard extérieur : ni journalistes indépendants, ni ONG, ni élus. Le nettoyage ethnique ne doit avoir aucun témoin. En octobre 2024, Israël avait carrément interdit au secrétaire général de l’Onu d’entrer sur son territoire, et accusé les Nations Unies d’antisémitisme. En février dernier, c’est l’eurodéputée Insoumise Rima Hassan qui étaient appréhendée à son arrivée à l’aéroport en Israël et immédiatement expulsée. Cela avait beaucoup plu à l’extrême droite française, totalement soumise à un État fasciste étranger : le Figaro avait salué cette expulsion.
Côté face : les soutiens du génocide accueillis tous frais payés en Israël
Ces interdictions de territoire en disent très long sur les élus français qui, au contraire, sont acceptés en Israël. On se souvient des nombreux déplacements de Yaël Braun-Pivet, présidente du Parlement, d’Eric Ciotti, élu d’extrême droite, et avec eux de dizaines de macronistes et de représentants de la droite et du RN en territoire colonial, et parfois même avec des militaires israéliens.
Derrière ces invitations, on trouve un groupe nommé Elnet, un lobby pro-israélien dont le travail est d’influencer les cercles de pouvoir français. Elnet signifie «European Leadership Network» et se définit comme «une organisation indépendante dédiée au renforcement des relations entre la France, l’Europe et Israël». En réalité il s’agit d’un groupe de pression contrôlé par Netanyahou. Son directeur exécutif, Arié Bensemhoun, a déclaré publiquement : «Tous les médecins, tous les journalistes, tous les humanitaires, tous les fonctionnaires des organisations internationales qui vivent à Gaza sont des agents du Hamas. Tous !» Une apologie de l’extermination en cours.
Elnet affiche ses objectifs sur son site internet : «Constituer un réseau puissant» et «impacter l’opinion publique». Bref, manipuler la population française et contrôler la classe politique au service des intérêts de l’extrême droite israélienne. Ce groupe a organisé une soirée «contre l’islamisme» en mars dernier, où s’étaient rendus de nombreux dirigeants français, dont Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur.
Elnet crée des liens avec des élus locaux depuis des années, notamment avec la ville de Nice, dirigée par Chirstian Estrosi, fervent soutien d’Israël. Le maire avait d’ailleurs fait pavoiser pendant des mois des drapeaux israéliens sur sa mairie, alors qu’il avait lui-même interdit l’usage de drapeaux étrangers à la mairie pour les mariages.
Une enquête de Médiapart a rappelé qu’Elnet avait envoyé une centaine de parlementaires français, tous frais payés, en Israël depuis 2017. Quand vous voyez des élus poser devant les médias depuis les territoires colonisés, pour soutenir le génocide en cours, il y a probablement de l’argent d’Elnet en toile de fond. Le patron de ce lobby estime avoir fait «plus que [sa] part» dans le soutien de «l’immense majorité» de l’Assemblée nationale et du Sénat à l’égard d’Israël depuis le 7 octobre 2023.
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