La firme Uvision fabrique des drones militaires «Hero» qui sont utilisés à Gaza, elle prétend «défendre le monde»

Le Salon du Bourget réunit depuis lundi les plus grands fabricants d’armes de la planète. Lors de l’ouverture du salon, des panneaux noirs ont été posés autour des stands des entreprises israéliennes, pour en condamner les accès. Une mesure prise en dernière minute à la demande des autorités françaises, qui estimaient que ces entreprises avaient violé un accord : elles avaient le droit de venir mais pas d’exposer leurs armes dites «offensives». Ce qui au passage ne veut rien dire, une arme est offensive selon l’usage qui en est fait.
Parmi les stands masqués, celui de la start-up israélienne Uvision. Cette entreprise fabrique des drones kamikazes, en particulier un modèle nommé «Hero». Un choix marketing indécent et culotté. Uvision vient par d’ailleurs d’annoncer un nouveau modèle de son drone ayant une portée de plus de 150 kilomètres et une ogive pesant jusqu’à 50 kg au salon du Bourget. Elle a promis le développement des drones Hero-900 et Hero-1250, encore plus puissants et meurtriers. La preuve que les panneaux noirs sur son stand ne l’empêchent pas de faire des annonces et de signer des contrats.
Dans un combat, le drone incarne le sommet de la lâcheté et de la déshumanisation. Il permet de tuer à distance, avec une précision et une certitude extrême, une «cible» qui ne peut pas échapper à la mort et qui ne se rend parfois même pas compte qu’elle est visée, le tout guidé par des «opérateurs» qui sont bien à l’abri des combats et ne prennent aucun risque. Le drone a apporté à la guerre moderne une dimension supplémentaire dans la dissymétrie des forces et la barbarie.
Nous avons vu, ces derniers mois, des images de palestiniens marchant au milieu des ruines de Gaza, pulvérisés soudainement par la frappe d’un drone. Exécutés en une fraction de seconde. Le 17 juin à Gaza, des drones ont frappé une foule réunie près d’un point de distribution humanitaire, tuant au moins 50 personnes.
Dès le mois de septembre 2015, le magasine Miltech, spécialisé dans la technologie militaire, écrivait à propos d’Uvision que cette entreprise pouvait «effectuer des frappes ciblées en zones urbaines» avec une «extrême maniabilité», et que les système Hero, équipés de caméras jour/nuit stabilisées avancées et «une faible signature acoustique et thermique» permettaient de tuer des cibles fuyantes sans être repérés. «Ce qui manquait à Gaza (à l’été 2014), c’était un Hero 30» : en 2014, Israël avait lancé une attaque sur Gaza, tuant 2310 palestiniens. La firme vantait alors son modèle pour «compléter les moyens traditionnels d’appui aérien car ces derniers n’offrent pas la même réactivité». Dernièrement, UVision a signé un partenariat avec l’entreprise Rheinmetall pour équiper l’armée allemande de drones kamikazes.
C’est donc cette entreprise qui vient d’inscrire sur son stand masqué au Bourget : «Nos héros sont occupés à défendre le monde», pour protester. Le mot «héro» désigne ses modèles de drones mais aussi les soldats de l’armée israélienne qui commettent actuellement un génocide. Dans un monde où plus rien n’a de sens, cette communication est un nouveau sommet d’inversion.
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