Trois mosquées dégradées en trois jours et des militants insoumis tabassés


Pour les médias des milliardaires, il y a les bonnes et les mauvaises agressions, les bonnes et les mauvaises victimes. Les chaînes de télévision adorent surfer sur le moindre fait divers pour semer la peur et alimenter les discours sécuritaires, mais certaines violences passent sous les radars médiatiques : les actes racistes ou les agressions contre des militants de gauche. Encore plusieurs exemples ces derniers jours, dont vous n’avez sans doute pas entendu parler.


En haut : la verrière de la grande mosquée de Tours brisée.
En bas : des militants néo-nazis paradent dans les rues en levant le bras.

Attaques en série contre des militants de gauche

Samedi 30 août à Brest, des militants de la France Insoumise participent à une collecte de fournitures scolaires en faveur du Secours populaire, juste avant la rentrée. Des individus cagoulés débarquent et agressent le groupe de quatre personnes : «Deux d’entre eux, mis à terre, ont été à de multiples reprises frappés, notamment au visage. Pour l’un d’eux, cela fait suite à des menaces de mort» rapporte la presse. «Alors qu’on était en train de ranger, il s’en sont pris à nous. Ils ont poussé deux personnes. Et après, ils m’ont ciblé» explique Eddy, l’une des victimes, qui a reçu «cinq coups à la tête», d’autres «dans les jambes», et qui a aujourd’hui «du mal à se mouvoir et à marcher». Durant l’attaque, les agresseurs hurlent plusieurs fois «Brest est natio», un cri de ralliement de la mouvance néo-nazie. La scène a eu lieu en plein après-midi et dans l’espace public.

Quand la gauche tente de collecter de l’aide sociale, l’extrême droite, en bon chien de garde du patronat et des dominants, attaque l’initiative solidaire.

Cet assaut rappelle d’autres attaques fascistes commises ces derniers mois. Par exemple, le 30 mai à Alès, dans le Gard, une descente néo-nazie a visé un bar engagé de la ville et aurait pu finir dramatiquement. Un groupuscule d’extrême droite nommé «Bloc Montpelliérain» a attaqué le bar «Le Prolé», fréquenté par des membres du Parti Communiste. Un commando d’une douzaine d’hommes cagoulés et munis de gazeuses a lancé l’assaut, en gazant et frappant sans distinction, blessant une vingtaine de clients. Un militant cheminot PCF, tabassé, a été hospitalisé en urgence.

En février c’est dans le 10ème arrondissement de Paris, dans les locaux d’une Association culturelle, qu’une trentaine de néo-nazis, dont certains portaient des casques de moto, ont attaqué une soirée militante qui projetait un film. Les agresseurs ont tabassé les participant-es et poignardé un syndicaliste de la CGT, dont le pronostic vital a été temporairement engagé. Après l’assaut, le groupe a crié « Paris est nazi ».

À Lorient, le lieu alternatif Le Concept, un bar qui accueille également des débats et des spectacles, est régulièrement pris pour cible. En octobre 2024, quatre militants nationalistes avaient tenté d’agresser une rencontre du comité local des Soulèvements de la Terre. À Bordeaux, le 24 mars dernier, un journaliste était frappé par des militants d’extrême droite en pleine rue, après qu’ils lui aient demandé s’il était «antifa». Le journaliste a reconnu un membre du groupuscule identitaire La Bastide Bordelaise. Le 15 avril 2024, deux jeunes ont été tabassés en fin de soirée devant un pub bordelais pour avoir décollé des stickers appelant à la «remigration». Toujours à Bordeaux, en février, lors de mobilisations étudiantes, un militant des Jeunes Insoumis avait été roué de coups sur le campus.

À Nancy, dans la nuit du 7 au 8 mai, un couple de danseurs a été suivi par une quinzaine d’individus cagoulés jusqu’à leur domicile. Les victimes pensent avoir été ciblées en raison de leur look vestimentaire queer. Le lendemain, des autocollants «Europe, Jeunesse, Révolution» – le slogan du groupe néo-nazi GUD – et Action Française sont retrouvés près de leur appartement. Le 17 mars dernier, un étudiant de Nancy qui décollait des stickers néo-fascistes avait été roué de coups par sept à huit individus munis de gants coqués, qui avaient fouillé son sac et photographié ses papiers.

Ce ne sont que quelques exemples parmi des dizaines d’actes d’intimidation et de terreur menés par des groupes fascistes contre des personnes identifiées comme étant de gauche. Des faits qui ne sont jamais relayés dans les médias nationaux, comme si la vie des personnes contestant le pouvoir en place n’avait aucune valeur.

Mosquées dégradées et tags racistes

En trois jours seulement, les 23, 24 et 25 août, trois mosquées ont été la cible de dégradations en France. À Mulhouse, dans le Haut-Rhin, un homme armé d’un couteau se serait introduit lors de la première prière de la journée pour détruire plusieurs exemplaires du Coran ainsi que du mobilier, heureusement sans faire de blessés. À Tours, la grande mosquée qui est en travaux a été visée par des jets de pierre ayant brisé la verrière neuve. Les jours précédents, le bâtiment avait déjà été dégradé par des jets de projectile qui ont touché les vitres de la salle de prière. Par le passé, des clôtures avaient été arrachées, un coffre électrique détruit et des excréments ont été retrouvés. À Millau, dans l’Aveyron, la mosquée de la ville a été recouverte de tags évoquant les «patriotes qui en France et dans toute l’Europe se dressent contre la barbarie fasciste de ces envahisseurs». Enfin à Lyon, la même semaine, des tags sont apparus sur les murs, avec les mots «mort aux arabes» et «stop hallal».

Les actes islamophobes ont augmenté de 75% début 2025 par rapport à 2024, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur publiés le 3 juillet. Et s’il ne s’agit ici que de dégradations matérielles, d’autres actes visent les corps. Le 25 avril dernier, dans une mosquée du Gard, Aboubakar Cissé, jeune homme de 22 ans, était assassiné par Olivier Hadzovic de 57 coups de couteau. Dans la nuit du 31 mai au dimanche 1er juin dernier, à Puget-sur-Argens dans le Var, Christophe B. avait débarqué armé chez son voisin tunisien, Hichem, où avait lieu une soirée. Il avait assassiné cet homme et blessé par balles deux autres personnes. Dans ses vidéos de revendication, publiées avant et après son attentat, Christophe B. déclarait «qu’il [fallait] tuer les Arabes», «se révolter et tirer sur la population maghrébine».

Après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, alors que les plateaux télé annonçaient la victoire certaine du Rassemblement National aux élections législatives, les agressions racistes avaient explosé. Les fascistes se voyaient déjà au pouvoir et se déchaînaient. Partout dans le pays, et dans une indifférence glaçante, l’ensauvagement fasciste est une réalité.


L’État, dirigé par la droite radicale et dont les institutions sont rongées par l’extrême droite, ne sera ni un rempart ni un protecteur. L’autodéfense est une nécessité.


AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.