Nous sommes en guerre : Macron nomme à la tête de son gouvernement son ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

La tempête politique en cours a démarré au début de l’été, quand le gouvernement a annoncé 44 milliards de coupes budgétaires, notamment dans la Santé. Souvenez-vous : c’était à la veille du défilé militaire du 14 juillet. La cérémonie de cette année était particulièrement martiale et Macron annonçait une forte augmentation des dépenses d’armement au moment où il taillait dans les services publics.
Derrière ces choix budgétaires très militaristes, on trouvait Sébastien Lecornu, Ministre des Armées, propulsé Premier Ministre ce mardi soir. Ce politicien, issu de la droite radicale, réclame depuis longtemps «un effort nouveau, pas seulement budgétaire, mais aussi intellectuel, moral et industriel» pour «réarmer» la France. Il rêve d’un pays en treillis et au garde à vous.
Sébastien Lecornu, milite pour porter le budget de l’armée entre 90 et 100 milliards d’euros par an, et souhaite «un format d’armée plus important». Il déclarait : «Je travaille à ce qu’on ait, pour épauler l’armée de métier, une réserve professionnalisée […]. L’armée de 2030 sera hybride : une armée d’active et de réserve». Il est, de fait, VRP des marchands d’armes bleu blanc rouge, dont les avions et les obus vendus partout dans le monde servent à commettre des génocides et des guerres. Il se félicitait d’une excellente année 2024 en terme de ventes d’armes, grâce au «besoin de certains pays européens de compenser des décennies de sous-investissement» qui «offre à la France l’opportunité de nouer de nouveaux partenariats en matière d’armement». Cette nomination est donc très inquiétante.
Lecornu vient des rangs fillonistes, c’est-à-dire la vieille droite à la fois réactionnaire et ultra-libérale. C’est un technocrate froid, sans scrupule, qui a travaillé dans la communication. Converti au macronisme, il est l’un des conseillers les plus proches du Président. Lecornu, c’est celui qui fait le lien entre le clan présidentiel et l’extrême droite : il avait organisé en avril dernier un dîner secret avec Marine Le Pen et Jordan Bardella. Il avait précédemment, rencontré les dirigeants d’extrême droite au domicile de Thierry Solère, autre conseiller d’Emmanuel Macron, pour élaborer des stratégies communes. En janvier, il signait avec Bruno Retailleau une tribune pour réclamer la fin du droit du sol à Mayotte, une mesure réclamée par le RN.
Lecornu est un complice de crimes contre l’humanité et un menteur. Il jurait le 6 juin dernier : «La position de la France est on ne peut plus claire. Il n’y a pas d’armes vendues à Israël», alors que les exportations vers l’État sioniste se poursuivent en plein génocide, et sont même à leur plus haut niveau depuis 8 ans, avec 27,1 millions d’euros en 2024. Enfin, comme la quasi-totalité des malfaiteurs qui se trouvent au sommet de l’État, Lecornu est visé par une enquête judiciaire.
Au-delà du pedigree de ce sombre personnage, cette nomination montre que Macron est de plus en plus forcené, isolé, enfermé à l’Élysée, seul contre tous. Il nomme un Premier Ministre en un temps record après la chute du précédent, sans avoir consulté les partis politiques, et encore moins les forces de gauche arrivées en tête aux dernières législatives. C’est une humiliation pour le PS et les écologistes. Macron a fait miroiter aux socialistes et à EELV des postes de ministres, ils s’y croyaient déjà, multipliant les offres de partenariat ces derniers jours. Il semble qu’il ait joué avec eux, les laissant se vautrer dans la boue, pour finalement les humilier : l’aile droite du macronisme et le grand patronat veulent garder la main, pas question de laisser le pouvoir à l’aile modérée du capital. Sur le plan politique et économique, c’est donc une copie conforme de Barnier et de Bayrou qui revient aux manettes, comme si de rien n’était.
On pourra essayer toutes les hypothèses possibles, mais rien ne permettra une stabilité avant une nouvelle présidentielle. Lecornu va passer des accords avec le RN, mais rien ne dit qu’il ne sera pas censuré à son tour dans les prochaines semaines. Il tombera et celui d’après aussi. Le RN n’ira pas au gouvernement sans majorité pour ne pas se griller avant une élection nationale, le camp Macron n’aura plus jamais de majorité. Il n’y a aucune autre issue que la démission de Macron et une présidentielle anticipée, ou alors un blocage institutionnel jusqu’en 2027. Lecornu est donc une voie sans issue… À moins que Macron ne nous emmène vers la guerre. Ce serait sa seule option pour consolider son pouvoir et mettre au pas la population. Le choix d’un ministre des Armées pour gouverner le pays serait, dans cette optique funèbre, un «bon» choix.
Quoiqu’il en soit, cette nomination est une nouvelle provocation de Macron, qui veut nous dire qu’il est le chef et qu’il méprise tout le monde. C’est la démonstration, après le non-respect du référendum de 2005, les passages en force par 49.3, le non-respect des résultats des urnes et le mépris des corps intermédiaires, que la seule voie qu’il nous reste pour éviter le fascisme, la misère et la guerre, est la rue. Et cela commence le 10 septembre.
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