
Abbaretz est une petite commune d’un peu plus de 2000 habitants, au nord de Nantes, en Loire-Atlantique. C’est aussi le lieu d’une intense mobilisation contre un projet d’école catholique intégriste lié à l’extrême droite. Dimanche 30 novembre avait lieu la seconde mobilisation en quelques semaines.
11h, place de la mairie. Les gens se rassemblent petit à petit pour atteindre une masse surprenante pour une petite ville et qui n’a pas a rougir en comparaison des dernières mobilisations nantaises : un millier de manifestant·es. Le premier défilé avait même atteint les 2000 personnes, autant que la ville compte d’habitant·es ! La marche est paisible, familiale, il y a de nombreux enfants, mais même en zone rurale, l’État veut intimider la moindre mobilisation antifasciste : les forces de l’ordre sont présentes, très visibles, armées de LBD et de grenades. Le préfet a même autorisé le survol d’un drone au-dessus de la commune pour surveiller ce dangereux cortège.

Après des prises de paroles succinctes, la marche se met en route vers le lotissement qui « accueillera » en son sein ladite école. Arrivé à l’église, le groupe se sépare pour former une chaîne humaine va entourer le lotissement. Alors que tout se met en place, la chaîne humaine passe devant une maison d’architecte. Étonnamment un dispositif plus conséquent a tout l’air de protéger l’habitation. Sur la boîte aux lettres est noté « Poirier ». Ce nom de famille n’est pas inconnu : Chantal Poirier est désignée comme représentante du dossier du permis de construire. Le terrain qui accueillera le projet se situe juste derrière chez elle.
La chaîne humaine termine sa mise en place en parvenant à entourer le pâté de maison : près d’un kilomètre 300. La foule retourne ensuite au point de rassemblement, où toutes les personnes présentes sont invitées à signer la pétition contre le projet. Des prises de parole libres viennent compléter la journée, informant de l’avancée du dossier auprès des différentes institutions. Se succèdent notamment au micro Jean-Claude Raux, député de la 6ème circonscription de Loire-Atlantique, et la sénatrice de Loire-Atlantique Karine Daniel, qui a indiqué avoir « avertit le ministre de l’éducation » qui ne pourra pas dire qu’il n’était pas au courant.
Le collectif qui s’est créé contre la construction de l’école envisage une conférence avec un spécialiste du mouvement sédévacantiste, pour informer la population. En effet, derrière ce projet scolaire qui se présente comme innocent, on trouve l’association Montfort d’Abbaretz, qui n’est pas une communauté religieuse comme les autres. Il s’agit d’une secte sédévacantiste, un courant déjà bien installé à Nantes et qui se développe en Loire-Atlantique. Le sédévacantisme est un courant du catholicisme intégriste qui considère les papes, depuis 1950 et surtout depuis le concile de Vatican II dans les années 1960, comme des hérétiques car «trop modernes». Selon eux, le siège pontifical serait donc vacant – d’où le nom de ce courant – occupé par des usurpateurs.
Le projet d’Abbaretz revendique un enseignement à la vision «morale catholique traditionaliste», contre l’avortement (considéré comme un assassinat), le divorce, l’homosexualité mais aussi qui remet en question «la place» de la femme comme inférieure et au service de l’homme. Le membre fondateur de l’association Montfort d’Abbaretz, Jean-Claude Pons, a déjà tenu des propos homophobes en public, en particulier pour évoquer la «nature» qui se serait «vengée» à travers l’épidémie de VIH. Dans un contexte de progression des idées d’extrême droite, de privatisation rampante de l’éducation et de révélations en série sur des viols de masse commis dans les écoles catholiques depuis des décennies, il est hors de question de laisser le projet se concrétiser.
Après ces deux premières mobilisations réussies, voire même, osons-le, historiques pour la ville, la suite se déroulera le 16 décembre au soir. Soyons aux aguets sur les prochaines communications du collectif qui annonce déjà : «On ne lâchera rien».
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