«Faites ce que je dis et pas ce que je fais» : l’hypocrisie militariste des droitards qui n’ont pas fait leur service.

Ils sont de droite et d’extrême droite, ils jouent les gros durs, appellent à «rétablir l’autorité», glorifient l’armée et tiennent des discours martiaux, mais ils ne sont rien sans les hordes de policiers et de vigiles qui les protègent. La classe dirigeante française veut militariser notre pays et rétablir le service militaire pour les jeunes, le président multiplie ses appels à «faire des sacrifices» et le chef de l’armée veut qu’on accepte de «perdre nos enfants», mais tous ces gens resteront bien à l’abri des bombes.
Historiquement, ceux qui envoient la population faire la guerre pour eux ne combattent jamais personnellement, ni eux ni leurs proches. Mais en plus, nos politiciens actuels n’ont aucune expérience militaire, et ont même cherché à gruger le service quand il était en vigueur.
Emmanuel Macron
Dès son élection, il a multiplié les références militaristes, ce qui aurait du inquiéter tout le monde plus tôt. Pour fêter son élection, il descendait les Champs Élysées sur une jeep de l’armée, entouré de militaires, puis il se déguisait en aviateur, et multipliait les propos guerriers, même pendant la crise du Covid. Cet homme, qui organise désormais une fuite en avant autoritaire et militaire, n’a jamais fait son service obligatoire.
Le service a été supprimé en 1996, par Jacques Chirac, pour tous les hommes nés après le 31 décembre 1978. Or Emmanuel Macron est né le 21 décembre 1977, il est d’une génération qui devait faire le service. Lors d’un meeting de campagne, en 2017, il donnait cette explication fumeuse : «J’appartiens à cette génération de Françaises et de Français, dont l’arrivée à l’âge adulte s’est confondue avec la professionnalisation de nos armées et la suspension de la conscription. Aussi n’ai-je pu faire mon service militaire». Mais on ne triche pas avec les dates : Macron a visiblement bénéficié d’un passe droit.
Eric Ciotti
Ce politicien d’extrême droite réclame depuis des années le retour du service militaire obligatoire. Pourtant, il a réussi à échapper à la conscription, et de manière particulièrement pathétique. En 1991, Ciotti a 25 ans, il est assistant parlementaire de Christian Estrosi, actuel maire de Nice et alors député des Alpes-Maritimes.
Ciotti a fait traîner les choses au maximum : en principe, le service devait être effectué dès 18 ans, mais on pouvait le décaler d’un an ou deux pour des motifs spécifiques, liés à des études prestigieuses. Au bout d’un moment, il fallait bien y aller et enfiler l’uniforme. Mais pas question pour Ciotti, qui voulait continuer sa carrière dans le petit marécage politique de la droite niçoise, grassement payé par l’argent public. Il appelle alors un de ses camarades, François Fillon, pour obtenir un piston. Ce dernier demande au ministre de la défense de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, une «dispense au titre du soutien de famille». Et Ciotti obtient ce petit coup de pouce.
Eric Zemmour
Autre grande gueule d’extrême droite, autre physique de dispensé d’EPS, tout aussi militariste que le précédent. Partisan du service, il est interrogé lors de la campagne présidentielle de 2022 sur son propre passage dans les rangs de l’armée. Il bégaye : «J’ai fait mes trois jours» – les journées préalables à l’incorporation – «J’étais parti pour… Mais comme j’avais des problèmes de genoux catastrophiques…» Moment de gêne dans le studio.
Ce fier représentant de la France blanche et virile ressemble à un mytho qui raconte à ses potes : «J’aurais pu percer dans le foot, mais je me suis fait les ligaments». Dans la même interview, Zemmour expliquait que ses genoux «vont mieux». Forcément.
Sébastien Chenu
Mardi 25 novembre, sur France Inter, ce représentant du RN réagissait à l’annonce du service national volontaire de Macron, et trouvait que cela n’allait pas assez loin. Sébastien Chenu, lui, veut un «service militaire obligatoire pour les garçons et les filles». Mais a-t-il fait lui-même la conscription ? «Non. J’avais été exempté à l’époque» répond-t-il à la journaliste qui l’interroge, sans plus de précision.
Jordan Bardella
Le champion de l’extrême droite française, qui peine à connecter la poignée de neurones dont il bénéficie et se fait ridiculiser à chaque passage à la télévision, déclarait le 2 novembre : «Je souhaite faire de la France le pays le plus répressif d’Europe» et ajoutait «je suis pro police, je suis pro forces de l’ordre, je suis pro-militaire». Et naturellement, il appelait au rétablissement du service militaire obligatoire.
Pourtant Bardella pas plus que les autres n’a fait son service. Mais lui a une bonne raison : il est trop jeune, et appartient à une génération où ce service n’est plus obligatoire. Pour autant, il est un assez mauvais exemple de discipline : il trouve déjà trop compliqué de se lever pour aller au Parlement européen, travail pour lequel il est payé. Il est impliqué dans une affaire de détournements fonds pour laquelle il a produit des fausses preuves dignes d’un collégien surpris dans une cour de récré.
Bardella s’est aussi roulé par terre pendant une semaine parce qu’il avait reçu un œuf et un peu de farine sur la tête, jouant la carte de la victimisation au maximum, et comparant cela à un attentat. Pour un preux chevalier de la France éternelle qui veut mettre la jeunesse en uniforme, ça manque de sérieux.
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