En tête de cortège, une foule dense rassemblée derrière les familles et proches de personnes tuées par la police. Et deux larges banderoles noires figurant les portraits des défunts. Amadou, Rémi, Amine, Lahoucine, Ali … Et alors que la manifestation avance, des prises de parole. Poignantes. Dignes. Fortes.
A l’arrière, une série de cortèges de tous horizons défilent ensemble. Collectifs de sans-papiers en lutte, militants de quartiers suivis d’une immense banderole de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, fanfares et chorales, en passant par un large panel de groupes politiques plus ou moins obscurs. Et des renforts venus de toute la France, dont Nantes. Le cortège s ‘étire sur le boulevard Voltaire. Alors que l’avant est largement engagé, la fin du défilé stagne encore sur la place de la Nation cernée par les policiers.
C’est tout au fond de la manifestation que ressurgit l’ambiance des cortèges de tête. Un carré ingouvernable, antifasciste et autonome, fort de plus de mille personnes, constellé de banderoles stylées, ferme la marche. Ambiance tonique malgré le rythme lent, parfois stagnant, d’un fond de manifestation. Quelques banques sont étoilées pour la forme, alors que le défilé progresse, calme et déterminée. L’ambiance s’échauffe en fin de parcours. La police est tenue en respect, après quelques grenades lacrymogènes. Mais ici encore, dans une sérénité partagée.
Finalement, les manifestants s’installent sur la place de la République alors qu’un hélicoptère apparaît dans le ciel de Paris, et que la police boucle les lieux pour empêcher toute prolongation spontanée des réjouissances.
La soirée continue. Une série de rappeurs viennent mettre l’ambiance devant des milliers de personnes. La nuit tombée, les derniers mots de la journée sont pour les familles organisatrices. Cette marche, avec toute sa diversité, est un temps à retenir dans cette campagne présidentielle, malgré les différends politiques qui ont précédé la journée.
De façon flagrante, la dignité qui avançait dans les rues contrastait avec l’obscénité des mauvais acteurs de la comédie électorale.
Pour un autre récit de la manifestation et plein d’informations utiles sur les luttes parisiennes : Mouvement Inter Luttes Indépendant
