Nantes, 15 mars, éclaircies dans un ciel gris ?


4000 manifestants dans la rue, dont 2000 jeunes


Malgré les attaques en flux continu du gouvernement Macron contre la quasi totalité des secteurs du monde du travail, de la jeunesse, et contre des portions de plus en plus large de la population, la rue reste calme, trop calme. Mais ces dernières semaines, des frémissements s’incarnent à travers des mouvements d’occupation en solidarité avec les exilés, qui s’organisent dans de nombreuses villes, en particulier dans les facs. En parallèle, la lutte contre la sélection à l’université, qui exclura de fait les plus précaire de l’accès aux études supérieures, se construit patiemment. De nombreuses universités se sont mises en mouvement au mois de février et de mars, notamment Bordeaux, Poitiers, Toulouse, Rennes, Caen, Nantes, et bien d’autres. Des assemblées réunissent un nombre toujours plus conséquent d’étudiants, et les blocus se multiplient.

La manifestation du jeudi 15 mars fait donc figure de retour d’une certaine conflictualité après une trop longue accalmie sociale. Avant le lever du jour, les étudiants reconduisent le blocage du campus de Nantes. A Nantes, en début d’après-midi, les colères se convergent et la manifestation est particulièrement hétéroclite. Se côtoient retraités, salariés d’EHPAD réclamant plus de moyens, étudiants en lutte, ou encore exilés qui participent au mouvement d’occupation solidaire. Sous une pluie diluvienne, la foule de plusieurs milliers de personnes fait preuve d’une grande patience en attendant la fin des discours des organisations. Le cortège syndical démarre, retraités en tête, mais s’arrête quelques seulement dizaines de mètres plus loin, devant la préfecture. Les organisateurs ont décrété la fin du parcours. Une grande partie des 4000 manifestants semble attendre la suite. Il paraît inconcevable d’en rester là.

Contre toute attente, une salve de feux d’artifice atterrit rue de Strasbourg sur une ligne de policiers qui tirent immédiatement une grande quantité de gaz et de balles en caoutchouc sur la foule. Foule qui repart en sens inverse, pour une longue manifestation sauvage, emmenée par la jeunesse nantaise. D’un pas rapide, un gros millier de manifestants arrivent à emprunter les rues d’ordinaire interdites par les dispositifs policiers. Les slogans font le lien entre la sélection à l’université, la sélection raciste des exilés aux frontières, et la question des expulsions. La convergence des luttes en mots et en actes. La rue du Calvaire est reprise dans une grande clameur, puis le cortège redescend vers la Place Graslin, se heurtant à des policiers de plus en plus nombreux et agressifs, qu’il s’agit d’éviter et de contourner. Place Bretagne, une agence de trader voit sa vitrine brisée, alors que les manifestants se retrouvent nassés sur la voie de tram. Un groupe tente de s’échapper par la rue de l’Arche Sèche, et se retrouve sévèrement poursuivi par des BACeux. Les manifestants restants sont chargés par des gendarmes qui envoient de nombreuses grenades lacrymogènes, parfois en tir tendu. Les derniers courageux se dispersent par grappes, et sont parfois poursuivis par la police, qui a manifestement, ici encore, la consigne de terroriser. «À Nantes on ne peut pas manifester librement, sans que la police intervienne» déclare un étudiant. 4 interpellations sont à déplorer, et au moins un blessé.

Loin d’être aussi morose que prévue, cette manifestation a montré son hétérogénéité, et a mobilisé malgré un temps exécrable. Le cortège, composé pour moitié de lycéens et d’étudiants, qui ont poursuivi la prise de rue pendant plusieurs heures, a su déployer beaucoup d’énergie. Quelques rayons de soleil dans une période maussade. Plutôt encourageant, en attendant la grande journée de mobilisation du jeudi 22 mars !


À l’université, le président Olivier Laboux, toujours imaginatif quand il s’agit de nuire, a envoyé un nouveau mail de menace contre le mouvement étudiant, et contre le blocus. Il est donc très important d’être le plus nombreux possible vendredi matin à partir de 6h, pour contrer les basses besognes de l’administration.


Édit : ce vendredi, au moins deux manifestants sont toujours en Garde à Vue, pour les soutenir et les accueillir quand ils sortiront : rendez-vous devant le commissariat central Waldeck-Rousseau.

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