4000 manifestants. Gilets jaunes et marcheurs pour le climat ensemble dans les rues. Défilé pacifié.
Si toute l’attention médiatique s’est focalisée sur les manifestations parisiennes, et en particulier la bataille spectaculaire sur les Champs-Élysées, la mobilisation du samedi 16 mars a aussi eu lieu partout en France, avec des milliers de personnes dans les rues des différentes villes.
À Nantes, un cortège part du miroir d’eau en début d’après-midi. Après le succès des actions de la jeunesse pour le climat vendredi, c’est l’occasion, le samedi, d’une convergence entre la mobilisation pour l’écologie et les Gilets Jaunes. La manifestation, longue et dense, s’étire sur le parcours classique. 4000 personnes répondent présentes.
Malgré un vrai succès numérique, participants comme observateurs s’accordent à dire que l’après-midi n’était pas aussi dynamique que les précédents samedis. Le journal Ouest France, pourtant peu friand des actions directes, décrit le cortège comme «tristoune et silencieux». Pour cause, un Service d’ordre officiel a pour objectif de pacifier le défilé. Ce service d’ordre, déjà mis en place la veille pour encadrer les manifestations lycéennes, réussit l’exploit d’être à la fois pacifique – c’est-à-dire qu’il empêche les actions déterminées – tout en étant violent et autoritaire – jusqu’à aller intimider les manifestants dont le comportement ou la tenue ne plaît pas. Résultat, des tensions ont eu lieu au sein même de la manif et quelques coups sont même échangés.
La manifestation fait deux tours du centre-ville avant de se scinder. Alors que plusieurs centaines de personnes s’élancent pour un troisième tour, quelques escarmouches ont lieu devant le Mac Donald’s, déjà très abîmé. Le dispositif policier, toujours massif et appuyé par un hélicoptère, se met à attaquer le cortège sur le cours des 50 Otages. Charges, grenades lacrymogènes, coups de matraques et même des tirs de balles en caoutchouc sur une foule pourtant très calme. Cette répression sonnera la fin de l’après-midi. Un individu inquiétant, cagoulé, portant un casque de CRS, est alors aperçu rue de Strasbourg, muni d’un fusil à lunette.
Il y avait donc du monde dans les rues de Nantes ce samedi, mais peu de perspective. Pourtant, il n’y a qu’une façon de faire vaciller le pouvoir : en faisant résonner ensemble les différentes luttes en cours.
À présent, le gouvernement déploie un story telling officiel visant à opposer les marches écologistes, présentées comme lisses et «responsables», aux manifestations des Gilets Jaunes, décrites comme stupides et violents. Pourtant, la justice climatique et la justice sociale peuvent – et doivent – être réclamées ensemble. Cette articulation est l’enjeu des jours à venir.