Des travaux pour transformer le centre en prison : élément de criminalisation des exilés
Finir enfermé simplement pour ne pas avoir les bons papiers, pour ne pas être né au bon endroit. À Rennes, le Centre de Rétention Administratif (CRA) enferme les exilés du grand ouest avant de les expulser, ou parfois de les libérer suite au succès d’un recours. Une manœuvre abjecte qui brise la vie des gens pour donner l’image d’une France qui n’a pas vocation a être un pays d’accueil, le tout coûtant des millions d’euros d’argent public.
Actuellement, le CRA de Rennes est fermé suite à l’épidémie de coronavirus, bien que des exilés y ont été tout de même retenus jusqu’à plusieurs semaines après le confinement (la loi en 2019 a permis d’allonger le temps de rétention de 45 à 90 jours) et que les expulsions continuaient ailleurs en France en pleine pandémie. Alors que les policiers de la Police aux Frontières s’étaient convertis en patrouille distribuant des amendes de confinement, le CRA projette de rouvrir avec la reprise officielle des vols internationaux le 15 juin. La répression contre les exilés ne perd pas de temps…
C’est dans ce contexte qu’un témoignage nous apprend que cette brève fermeture est devenue l’occasion pour réaménager les lieux : en effet, ce sont des allers retours d’ouvriers qui s’opèrent actuellement pour rajouter des barbelés un peu partout et « sécuriser » davantage des lieux pour en faire une vraie prison. D’ailleurs, depuis janvier 2020, l’accès est soumis à stricte autorisation alors qu’auparavant, les entrées étaient simplement filtrées.
Mais ce n’est pas tout. L’objectif, serait de transformer la vie au CRA en « régime fermé ». Actuellement, les retenus peuvent encore déambuler au cours de la journée dans la miteuse et petite cours, aux heures ouvrables traditionnelles, avant d’être à nouveau enfermé dans leur cellule le soir. Désormais, la police veut se caler sur le modèle des maisons d’arrêts où les détenus sont enfermés tout le reste de la journée dans leur cellule 23h sur 24 alors que dans le même temps, le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté alerte sur des taux de suicides et tentatives qui augmentent dans les CRA…
De plus en plus, les CRA s’apparentent à de véritables prisons, avec toute leurs violences, physiques, psychiques. Les exilés sont humiliés, menottés, entravés, même pour aller à l’hôpital. Ils n’ont pas accès à leur bien et les contacts avec extérieurs sont très restreints voir impossibles. Et dans la crise que le pays traverse, le ministère public trouve de l’argent à mettre dans des barbelés des centres de rétention.