La marche bloquée devant le commissariat
Depuis le début du soulèvement aux Etats-Unis et les échos qu’il fait évidemment résonner en France, c’est la quatrième manifestation nantaise contre le racisme et les violences policières. Ce samedi, 2000 personnes ont défilé dans les rues.
Après un départ timide, peut-être du à l’interdiction de manifester encore prononcée par le préfet, le cortège gagne en puissance alors qu’il parvient à emprunter la rue de Strasbourg. Les noms de Steve, d’Adama, d’Aboubakar et d’autres victimes de la police sont scandés au rythme des applaudissements. Quelques tags fleurissent, la mairie reçoit des coups, et le cortège passe devant la préfecture. Situation inhabituelle : les forces de l’ordre sont presque absentes et ne tirent pas sur le cortège comme c’est devenu la sinistre habitude depuis des années à Nantes. La manifestation prend alors la direction du commissariat, au cri de «pas de justice, pas de paix !»
La BAC se met en travers de la route, pensant arrêter le défilé, avant de se replier sous les huées. La foule progresse le long de l’Erdre, semblant avoir agrégé un peu plus plus de monde. Mais à l’approche du commissariat central, c’est un barrage très important de forces de l’ordre qui stoppe le défilé. Pendant de longues minutes, la foule réclame justice, demande de laisser passer le cortège, et diffuse de la musique. Les CRS sont fébriles, prêts à tirer. Finalement, ils retiennent leurs coups. L’ambiance est électrique, mais la situation restera calme. Il apparaît évident que, depuis une semaine, la police nantaise d’habitude extrêmement violente, a reçu l’ordre de ne pas attiser l’incendie. Un signe de la peur qui s’empare du sommet de l’État ?
Le cortège repart en sens inverse et retrouve même une seconde énergie entre les averses, passant par les rues huppées et traversant les places du centre-ville, talonné tout de même par un dispositif policier inquiétant. Les centaines de personnes restantes se dispersent sous la pluie après avoir marché et chanté pendant plus de deux heures.
Cette manifestation réussie a eu lieu en même temps que le rassemblement gigantesque organisé à Paris. La colère contre les violences policières ne retombe pas, ni à Nantes ni ailleurs, à l’approche des tristes anniversaires de la mort de Steve le soir de la fête de la musique, et de celle d’Aboubacar tué par un CRS au début de l’été 2018.
Le monde d’après se construit dans la rue : rendez-vous mardi 16 juin avec les soignants, le lendemain pour agir pour la planète, et surtout le 21 juin, soir de la fête de la musique, pour ne pas oublier !
Photos : V. K., NR, Elsa Gambin