Le 21 Février 1944, au fort du Mont Valérien, étaient exécutés 22 membres de la FTP-MOI, Les Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée. La seule femme du groupe sera transférée et décapitée à Stuttgart en Allemagne, le 10 mai 1944. Ils étaient juifs, polonais, hongrois, arméniens, espagnols ou italiens.
➡️ C’est dans les années 1920 que se crée sous l’impulsion du PC et de la CGTU, la MOE – main d’œuvre étrangère –, puis la MOI – main-d’œuvre immigrée. Cette organisation syndicale a pour objectif de regrouper tous les travailleurs immigrés présents sur le territoire. Lorsque la grande dépression des années 30 éclate, la France compte 3,5 millions de travailleurs étrangers, ce qui représente 15% de la classe ouvrière. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la MOI se dotera d’une branche armée pour faire face à l’occupant Nazi.
➡️ En 1941, après la rupture du pacte germano-soviétique, le groupe de Résistants des FTP-MOI passe à l’action. Missak Manouchian, menuisier, poète et membre de la MOI depuis les années 1930, rejoint la branche clandestine en février 1943. Manouchian est arménien, il a échappé au génocide de l’État Turc. Alors qu’il a perdu son père et sa mère, c’est en 1925 qu’il a débarqué à Marseille avec son frère. Peu après les émeutes anti-parlementaires du 6 février 1934, il adhère au Parti Communiste.
➡️ Rapidement, il commet son premier attentat contre l’occupant. Le 17 mars 1943, avec ses camarades Tchakatian et Rayman, ils grenadent un groupe de soldat allemands à Levallois-Perret. Très vite, on lui confie des responsabilités, et en juillet de la même année, il prend le poste de commissaire technique des FTP-MOI à Paris, remplaçant le tchèque Alik Neuer, suite à son arrestation. Dès le mois d’août, il est le principal dirigeant de la résistance parisienne.
➡️ A la tête d’une soixantaine de combattants, pour la plupart immigrés et juifs, ils vont organiser la résistance dans la capitale et ne cesseront jamais de harceler l’occupant. Certains membres du groupe, comme Szolomo Grzywacz, Célestino Alfonso ou encore Joseph Boczov avaient rejoint les brigades internationales en 1936 et participé à la lutte antifasciste en Espagne. Attentats, sabotages, exécutions d’officiers allemands, c’est plusieurs fois par semaine que la résistance antifasciste passe à l’action. Les troupes allemandes n’ont aucun répit.
➡️ Les actions du groupe font grand bruit. Des généraux tels que Von Schaumburg et Van Apt sont abattus. Le colonel Julius Ritter, responsable du Service de Travail Obligatoire (STO) aussi. Casernes militaires, siège de parti fasciste, trains et librairies nazis seront attaqués. Rien qu’entre février et novembre 1943, on attribue une centaine d’actions aux résistants de la MOI.
➡️ Plus de 200 agents seront mobilisés pour traquer les membres de l’organisation clandestine parisienne, des brigades spéciales aux renseignements en passant par les policiers nationaux et municipaux. Après des semaines de filature, une trentaine de participants sont arrêtés en novembre 1943 dont Missak Manouchian et Joseph Epstein, chef régional de l’organisation. Cette vaste opération de police porte un coup terrible au réseau de résistance parisien.
➡️ Après d’innombrables tortures, 24 résistants sont présentés devant une cour martiale le 19 février 1944. Lors de cette parodie de procès, 23 d’entre eux sont condamnés à mort. Pour diaboliser celles et ceux qui résistent, les nazis lancent une importante campagne de propagande. Des milliers d’affiches et de tracts sont imprimés et diffusés dans plusieurs grandes villes du territoire pour dissuader quiconque de rejoindre les rangs de la résistance. Sur cette fameuse «Affiche rouge», on présente Manouchian et neuf autres de ses camarades comme des terroristes étrangers et juifs. Mais plutôt que de répugner la population, cette affiche rappellera à tous que la lutte contre l’occupant est encore vivace et qu’elle est loin d’être terminée.
➡️ Ils seront exécutés le 21 février 1944 par les nazis. Quelques instants avant de mourir, Missak Manouchian écrit ces mots à sa femme Mélinée : «Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand ni contre qui que ce soit». Ils resteront dans les mémoires des luttes antifascistes comme les martyrs de l’affiche rouge.
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.
Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.