Un meeting à la Sorbonne contre «l’épidémie de transgenres» et le «soleil noir des minorités»
Les vacances de Jean-Michel Blanquer à Ibiza, à la veille de la rentrée, en pleine pandémie, font la Une des médias. Elles prouvent que le ministre à l’allure d’Oncle Fétide méprise totalement le personnel enseignant et les élèves.
Mais ce n’est pas tout. Devinez quelle est la première chose qu’a faite Blanquer après la rentrée ? Acquérir des masques et des filtres à air pour les salles de classe ? Allonger les moyens pour l’enseignement ? Pas du tout : animer un meeting de la droite réactionnaire contre le «wokisme» !
Ce «colloque» était organisé à la Sorbonne, contre le «déconstructionnisme», le «wokisme» et les idées «intersectionnelles». En termes clairs, c’était un meeting contre les idées de justice sociale et de dénonciation des oppressions. Intitulé «Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture», il avait lieu les 7 et 8 janvier à la Sorbonne.
En toile de fond, il s’agit d’une bataille idéologique à l’université contre les rares secteurs qui n’ont pas encore été convertis au néolibéralisme autoritaire et aux idées de la droite radicale. Blanquer veut épurer idéologiquement l’université. Il a donc financé ce meeting sur un «budget spécial» de l’Éducation Nationale, ce qui n’est pas son rôle.
Pour accéder à l’événement, des militants du syndicat d’extrême droite UNI – Union Nationale Universitaire qu’on retrouve notamment aux côté de Zemmour – contrôlaient les passes sanitaires et les identités des arrivants, en arborant le logo de leur organisation. À l’intérieur, des personnalités de droite et d’extrême droite : François Xavier Bellamy des Républicains, la chroniqueuse réactionnaire Elisabeth Levy, le bouffon de la chaîne Cnews Mathieu Bock Coté, le néoconservateur Pierre André Taguieff, un ancien trader à la Société générale… Bref, des participants très peu universitaires. Une réunion du microcosme de la droite radicale parisienne. On trouvait aussi dans cette petite sauterie réactionnaire Thierry Coulhon, ancien conseiller de Valérie Pécresse au moment de la LRU – qui a privatisé les universités en réduisant ses budgets – puis de Macron.
Sur le fond, au pupitre de la Sorbonne, des propos dignes d’un plateau télévisé de droite dure : on y entend parler «d’épidémie de transgenres», de «soleil noir des minorités». Pierre-André Taguieff qualifie le «wokisme» «d’ethnocide de grande ampleur». Une intervenante ricane en expliquant que Blanche-Neige est «woke-compatible», puisque l’histoire met en scène des nains, et même le «quota handicapé, grâce à Simplet».
En introduction, c’était évidemment Blanquer, le grand organisateur, celui qui a obtenu cet amphithéâtre prestigieux pour l’événement. Il a de nouveau attaqué les universitaires, «complices» selon lui du terrorisme, comme il l’avait déjà fait après l’assassinat de Samuel Paty. Dans le monde de Blanquer, on ne peut être qu’islamophobe ou terroriste.
Plutôt que de s’occuper de la protection du corps enseignant et des élèves, de leurs conditions de travail et d’apprentissage, Blanquer préfère donc se prélasser aux îles Baléares avant d’aller animer un meeting d’extrême droite. Car il ne s’agissait pas d’un colloque, mais bien d’un rendez-vous politique.
Blanquer n’en a rien à faire de l’éducation. Proche de la droite radicale, ce politicien voulait le ministère de l’Intérieur. Lors du remaniement de juillet 2020, on lui avait promis le poste avant de le donner à Darmanin. «Il s’est pris la claque du siècle mais heureusement pour lui, personne n’en parle», racontait un membre du gouvernement à l’époque. Jean-Michel Fétide est un arriviste amoureux de l’autorité, qui méprise totalement la transmission de savoir. Il le montre à nouveau, avec ce meeting à la Sorbonne, destiné à droitiser encore davantage une campagne présidentielle déjà ignoble.
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