Devoir de mémoire : le massacre policier du métro Charonne


En 1962, neuf personnes tuées lors d’une manifestation, dont une jeune militante nantaise


Les policiers, armés de bâtons, lancent l'attaque devant le métro Charonne.

C’était il y a 60 ans jour pour jour, le 8 février 1962, une manifestation antifasciste pour la paix en Algérie réunit des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Paris.

C’est alors une période noire : la guerre d’Algérie dure depuis 8 ans, l’armée française pratique la torture contre les colonisé-es en lutte. La répression frappe celles et ceux qui les soutiennent et la police terrorise les algérien-nes qui vivent en métropole dans des bidonvilles. Des attentats se succèdent. Les rassemblements se multiplient pour réclamer l’arrêt de cet horrible conflit. Le 8 février, un rassemblement est lancé par les forces de gauche pour dénoncer les exactions de l’extrême droite colonialiste : l’OAS – l’Organisation Armée Secrète, un groupe fasciste dont certains membres contribueront à la naissance du Front National –, qui multiplie alors les meurtres et les actes terroristes au nom de «l’Algérie française».

À la fin du défilé, la police du préfet Maurice Papon, ancien collaborateur des nazis, ordonne de charger le cortège. Les manifestant-es, pris-es en tenaille et terrorisé-es, s’entassent dans l’entrée de la station de métro Charonne. Les policiers les frappent, les poursuivent, jettent des grilles en fer forgé sur la foule compacte, prise au piège. Il y a des centaines de blessé-es. Neuf personnes sont tuées par la police, dont trois femmes. Certain-es le crâne fracturé par les coups, d’autres étouffé-es par les gaz lacrymogènes. La presse titre : «des antifascistes tués».

Parmi les vies volées, celle d’une nantaise de 24 ans : Anne-Claude Godeau, syndicaliste et communiste, qui travaillait aux PTT à Paris. Les obsèques de la jeune femme réunissent des milliers de personnes à Nantes. À Paris la marche funèbre pour les victimes rassemble un million de manifestant-es, c’est la grève générale.

Ce massacre fait suite à la nuit terrible du 17 octobre 1961, durant laquelle la police du préfet Papon avait tué des dizaines de manifestant-es algérien-nes en plein Paris, parfois en les jetant dans la Seine, avant d’en rafler plusieurs milliers.


Aujourd’hui comme hier, contre les crimes policiers et racistes : ni oubli, ni pardon.


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