Darmanin veut dissoudre deux associations pro-palestiniennes

On n’arrête plus Darmanin dans sa frénésie de dissolutions. Depuis que le clan autoritaire qui détient le pouvoir en France a voté la «loi sur le séparatisme» qui élargit très largement les possibilités de dissoudre n’importe quelle association ou «groupement de fait» qui dérange le pouvoir, le ministre de l’Intérieur est en roue libre.

Après avoir dissout plusieurs associations musulmanes, Gérald Darmanin annonçait en fanfare la dissolution de notre média, Nantes Révoltée, à l’Assemblée Nationale le 25 janvier dernier. Notre tort selon lui ? Dénoncer les violences policières et relayer des appels à manifester. Si cela suffit pour dissoudre un média ou un collectif, alors ce gouvernement va devoir dissoudre des dizaines de syndicats, médias indépendants et associations en France. C’est la définition même d’une dictature.

Entre temps, nous avons reçu le soutien de dizaines de milliers de personnes, mais aussi de syndicats de journalistes, de partis, d’associations et de collectifs. Tout le monde a bien compris que la dissolution d’un média indépendant était la porte ouverte à des attaques sans précédent contre la liberté de la presse. Nous n’avons toujours pas reçu la notification officielle de dissolution à ce jour.

Mais cela n’a pas calmé le gouvernement. Darmanin annonce la dissolution de deux structures de soutien au peuple palestinien : «Palestine Vaincra» basée à Toulouse et le «Comité Action Palestine» basé à Bordeaux. Dans la droite ligne des discours d’extrême droite sur «l’islamo-gauchisme», le gouvernement frappe à la fois les réseaux anticapitalistes et les collectifs musulmans ou anti-colonialistes. C’est la fabrication d’un ennemi intérieur.

Parmi les arguments du ministre : «sous couvert de défendre la cause palestinienne», ces groupes cultivent «le sentiment d’oppression des peuples musulmans (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale». Un «sentiment» d’oppression ? Les palestiniens qui subissent des raids militaires, des bombardements, des blocus et des vols de leurs terres depuis plusieurs décennies apprécieront.

Le ministère reproche également d’appeler «à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens» à travers des campagnes de boycott. Le boycott est l’arme du pacifisme par excellence : il s’agit simplement de ne plus donner de soutien économique à une puissance oppressive. C’est un outil qui a été utilisé par Gandhi en Inde ou contre l’Afrique du Sud de l’apartheid. Prétendre que le boycott serait une incitation à la «haine» est inquiétant. C’est un reversement du sens des mots très grave, qui ouvre la porte à une répression extrêmement vaste.

Ces accusations délirantes du pouvoir ne justifient en aucun cas une dissolution qui, sur ces motifs, serait une nouvelle atteinte à la liberté d’expression. Une de plus. Rappelons-le, dans les années 1930, les dissolutions étaient utilisés en cas de menace imminente contre la République de la part de «groupes de combats» fascistes armés et structurés. À présent le gouvernement Macron utilise cette procédure exceptionnelle pour écraser tous les gens qui ne lui plaisent pas.

Pendant que le monde entier dénonce les pratiques autoritaires du pouvoir russe, le gouvernement français veut littéralement détruire tout ceux qui ne courbent pas l’échine. Après Nantes Révoltée, des collectifs contre l’islamophobie, des associations de soutien à la Palestine, à qui le tour ?

Ne laissons pas passer.

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