Acharnement répressif contre un militant révolutionnaire
Action directe, nom emprunté à la doctrine anarchiste est un groupe révolutionnaire qui a pratiqué la lutte armée de 1979 à 1987 en France. Le groupe est né durant les « années de plomb » et l’offensive contre-insurrectionnelle menée par les services de renseignements états-uniens et leurs alliés contre le « péril rouge » en Europe. Dans ce contexte de guerre froide et après l’agitation sociale des années 60, nombre d’organisations de gauche issues du mouvement autonome ont pratiqué l’action armée pour engager la révolution au cœur des États capitalistes. On pense évidemment aux brigades rouges italiennes et à la fraction armée rouge en Allemagne.
Jean-Marc Rouillan a fait partie d’Action Directe. Il a passé au total 28 années derrière les barreaux pour ses activités. Il risque aujourd’hui d’être réincarcéré. L’État a en effet révélé au militant et écrivain révolutionnaire un jugement en appel datant de mai 2017. Il y était accusé d’apologie du terrorisme pour une interview radiophonique donnée en février 2016. Lui et ses avocats viennent donc d’apprendre qu’il a été condamné à verser une amende 18000€. Condamné il y a cinq ans mais jamais informé, la justice ne lui laisse que quelques jours pour payer. S’il ne réunit pas la somme avant le 2 juin prochain, il retournera très vraisemblablement en prison.
En réalité, il s’agit d’un véritable acharnement judiciaire à l’encontre de cet homme de 69 ans, qui a passé plus du tiers de sa vie en prison. La justice bourgeoise l’a punit et continue de le punir. Il a été condamné en 1989 à la réclusion à perpétuité pour les assassinats d’un ingénieur de l’armement, René Audran en 1985, et celui du PDG de Renault, Georges Besse en 1986. En probation depuis 2018, il vit sous le régime de l’assignation à résidence. La procureur qui demande aujourd’hui sa réincarcération lui avait confié en novembre 2020 : « Nous allons vous renvoyer là d’où vous n’auriez jamais dû sortir ». Comment ne pas y voir le signe d’une pure vengeance d’État, de la sinistre répression qui s’abat encore aujourd’hui, plus de 30 ans après les faits, contre l’ancien membre d’Action Directe ?