Les pauvres aussi sont «irrités»

«Des sites internet et des comptes Twitter permettent de suivre les itinéraires des avions des stars ou des grands dirigeants. Une pratique de plus en plus courante qui irrite les propriétaires de jets privés» écrivent les journaux. Les pauvres milliardaires ne supportent pas que les données publiques de leurs multiples déplacements ultra-polluants soient recensées. Il s’agit pourtant de données de vol réglementaires, pas d’un secret.

Mais les riches veulent faire ce qu’ils veulent dans l’opacité la plus totale. Par exemple, 3 vols en une seule après-midi pour le milliardaire Bolloré en pleine crise climatique, ou des trajets courts à répétition en jet pour Bernard Arnault.

À l’autre bout de l’échelle sociale, c’est une forme de contrôle beaucoup plus massive et violente qui s’exerce sur les pauvres. L’an dernier, les Caisses d’allocations familiales ont réalisé 35,6 millions de contrôles, dont plus de 4 millions de contrôles «à partir des pièces justificatives ou au domicile». Des agents débarquent chez vous pour vérifier si vous avez le droit de toucher le RSA. Des dizaines de millions de contrôles ont lieu de façon numérique.

«Plus de 1 000 données par personne sont collectées pour 13 millions de foyers, grâce à l’interconnexion de dizaines de fichiers administratifs (impôts, éducation, police, justice…). Les contrôleurs ont en outre le pouvoir de consulter nos comptes bancaires, nos factures de téléphone et d’énergie… Toutes ces données sont traitées à notre insu» détaille le site de la Quadrature du Net. Et cette débauche de flicage pour quoi ? 1% de fraudes ! Les allocataires de minimas sociaux sont plus surveillés que les évadés fiscaux qui détournent des milliards.

Alors oui, les pauvres aussi sont «irrités». Irrités d’être humiliés, fichés, contrôlés, pénalisés simplement pour pouvoir survivre. À quand les mêmes gros titres dans la presse ?

Tribune de la Quadrature du Net sur les contrôles de la CAF