Le massacre avait eu lieu le 26 septembre 2014, à Iguala, au sud du Mexique. Les étudiants de l’école rurale d’Ayotzinapa, qui se forment à l’enseignement, réquisitionnent des bus pour se rendre à une manifestation à Mexico. Le convoi est intercepté par les forces de l’ordre, les étudiants sont arrêtés, certains sont atrocement mutilés et tués ou livrés à des cartels.
Il y a 27 blessés, 6 morts et 43 disparus. Ces événements déclenchent une vague de colère historique, des centaines de milliers de personnes prennent les rues du Mexique pour exiger la vérité sur les «43 disparus d’Ayotzinapa». Et sur les murs du pays, les visages des jeunes sont dessinés. Au Mexique, «l’affaire» Ayotzinapa est devenue un symbole fort dans un pays qui compte plus de 100.000 disparus.
8 années ont passé. L’affaire est tentaculaire. Un fonctionnaire accusé d’avoir participé au meurtre de 43 étudiants et d’avoir manipulé les enquêtes sur leur mort, Tomas Zeron, s’est réfugié en Israël qui refuse de l’extrader. Un juge vient d’acquitter l’ancien maire d’Iguala, impliqué dans le massacre. Le président a changé : un président «de gauche», López Obrador surnommé AMLO, avait promis du changement. Il n’en est rien.
Pour commémorer les 8 ans de ce crime, et ne jamais oublier, plusieurs actions ont eu lieu au Mexique. La caserne militaire d’Iguala, dont les soldats sont accusés d’avoir participé avec les cartels au crime d’État, a été forcée à la voiture bélier.
Mercredi à Mexico, un affrontement avec la police a eu lieu devant l’ambassade d’Israël, pour exiger l’extradition de Zeron. Le lendemain, des tensions ont eu lieu devant le siège du parquet général.
Vendredi, c’est aux cris d' »assassins » que des manifestants ont lancé des engins explosifs artisanaux à l’intérieur d’un camp militaire, après de nouvelles révélations mettant en cause l’armée.
Ce week-end, une grande marche s’est rendue devant le Palacio Nacional, équivalent de l’Élysée. Le président s’est barricadé dans son palais, entouré d’immenses plaques de métal noires, de barbelés, et gardées par des centaines de policiers. Le président de gauche a peur du peuple. Cette marche a rassemblé des milliers de personnes, qui ont collé de nombreuses affiches sur les protections autour du palais. Un slogan revient sans cesse : «fue el ejercito» : le coupable, «c’était l’armée». Autre message : «les disparus nous manquent», ou «les oublier, c’est les laisser gagner». Car les familles se battent contre l’enterrement de l’affaire et l’oubli de leurs proches.
Durant cette même semaine de protestations, un puissant séisme a fait trembler Mexico, colère tellurique dans ce pays qui a tant souffert.