Classement de l’insécurité : Brest passe devant Caracas en quelques heures


«Insécurité : Nantes pire que Bogota», «La France plus dangereuse que le Mexique». Voici les énormités que nous servent les médias dominants depuis une semaine. Des intox grotesque et même indécentes, basées sur un «classement» sur un site internet à partir de votes anonymes.


Le classement montrant que Brest est la ville dans le monde avec le plus d'insécurité

Ce mardi, une nouvelle preuve de l’escroquerie totale de ce genre de classement : la ville de Brest est est apparue en première position du site Numbeo des villes les moins sûres. En quelques heures, la ville Bretonne est devenue «la plus dangereuse du monde», devant Caracas au Venezuela, Kaboul en Afghanistan ou Rio de Janeiro au Brésil. La veille, elle n’apparaissait même pas dans le tableau publié sur le site.

Comment Brest a pu devenir la ville la plus dangereuse du monde? Un internaute, David Bertho, explique comment il a fait. Relevant que le Figaro et d’autres médias nationaux se basent «sur le classement de Numbeo pour conclure que la sécurité en France s’effondre», il constate que le site «utilise un sondage, accessible à n’importe qui, pour recueillir le sentiment des gens. Totalement subjectif donc. Ensuite n’importe qui peut participer.» Il choisit une ville réputée pour son calme : «du coup j’ai tenté de voir si on pouvait modifier le score de… Brest. Brest c’est pratique : c’est tout au bout de la France (ça sera bien visible sur la carte) et il y a assez peu de votes. Donc facilement manipulable.»

Depuis son ordinateur, il trouve une manière d’automatiser les clics en utilisant des proxys, qui permettent de voter plusieurs fois en faisant croire au site que les votes viennent d’ordinateurs différents. Une technique à la portée de tous les internautes.

Le résultat est immédiat : «le score baisse rapidement. On dépasse vite Nantes, ça y est Brest est la ville la plus dangereuse de France. Puis d’Europe… Puis DU MONDE !» s’enthousiasme l’internaute devant la rapidité du processus. Il a suffit de quelques dizaines de clics pour y parvenir.

Sur le site, il est indiqué qu’il est très dangereux de se promener de jour à Brest et la ville apparaît en rouge vif sur la carte qui figure sur Numbeo. Gare aux galettes, au beurre salé et au Kouign-amann…

Cette opération pour ridiculiser ces «classements» n’est pas une première. Pour rappel, un Suédois avait déjà joué il y a quelques années en faisant monter une petite ville de Suède en tête du site. Tout le monde sait que Numbeo n’est pas une source fiable. Avec un peu d’organisation, on peut faire monter Genève, Versailles ou Reykjavik dans le classement des villes dangereuses devant des agglomérations de pays en guerre.

Les rédactions du Figaro, CNews et Valeurs actuelles vont-elles présenter leurs excuses publiques pour l’opération d’intox massive qu’elles diffusent depuis une semaine ? Non ? Ces médias seront-ils sanctionnés pour avoir délibérément manipulé l’opinion ? Non plus ? Alors, on imagine que toute la profession journalistique va dénoncer publiquement cette manipulation, de la même manière qu’elle le fait dans le cadre de sa chasse aux «fake news» ? Reste-t-il un gramme de déontologie dans les médias français ?


Sources :

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