Des grenades tirées par la gendarmerie pour protéger les fascistes, la mobilisation contre le racisme trois fois plus importante
Callac, au cœur de la Bretagne, en Cornouailles. La petite commune de 2.200 habitants au sud de Guingamp est prise pour cible par l’extrême droite française la plus radicale depuis plusieurs semaines. À Callac, un centre d’accueil pour les exilés doit être implanté et les réseaux néofascistes ont donc fait de la commune un point de fixation pour tenter d’exister en Bretagne, région massivement hostile à leurs idées.
Le 17 septembre dernier, le parti Reconquête organisait une première manifestation raciste, réunissant péniblement quelques dizaines de personnes. À l’époque, la préfecture avait protégé l’extrême droite et interdit la mobilisation antifasciste, qui avait tout de même réuni deux fois plus de monde.
Depuis, la tension monte. Le maire a été menacé et les réseaux d’extrême droite annonçaient une large mobilisation ce samedi 5 novembre à Callac. Sur la place de la Mairie, le général Coustou, qui a signé la tribune des généraux appelant à un coup d’État militaire en France, ou encore le bras droit de Zemmour Gilbert Collard, mais aussi des néo-nazis avec une banderole «European brotherhood». Il y avait même quelques de royalistes venus de Vendée, déguisés en Chouans du 18ème siècle ! Mais tout ce marécage ne représentait que 300 personnes, venues de tout le grand ouest et au-delà.
La mobilisation des antifascistes a réuni 900 personnes. Des discours «pour une Bretagne antifasciste, ouverte et solidaire» ont été prononcés, devant une banderole «breizh antifa» et un panneau «réfugiés, ne nous laissez pas seuls avec les français». Les néofascistes ont perdu la bataille du nombre, ils perdront aussi celle de la rue.
Un cortège s’élance vers la Place de la Mairie, où l’extrême droite est protégée par 200 gendarmes. Un autocollant antifa collé sur un fourgon de gendarmerie déclenche les premiers tirs de lacrymogènes. Plusieurs grenades sont envoyées, des affrontements ont lieu. Le vent renvoie une partie des gaz vers le rassemblement d’extrême droite. Même les éléments sont contre les racistes.
La situation se calme. Le rassemblement raciste se disperse rapidement, sauf un groupe néonazi violent qui avait fait le déplacement d’Angers, frustré par cette après-midi d’échecs, qui a tenté d’agresser un journaliste. Le photo-reporter Erwan Chartier explique que les gendarmes se sont interposés mais lui ont dit «vous pouvez prendre des photos, mais ne leur répondez pas !» Encore une fois, l’extrême droite bénéficie d’une grande bienveillance.
Pendant ce temps, un fest-deiz contre le racisme continuait quelques centaines de mètres plus loin. La Bretagne reste une terre de résistances.
Images : Erwan Chartier, Sylvain Ernault, Ouest-France
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