Vous avez dit démocratie ?
La scène qui se déroule pourrait paraître surprenante, incroyable. Pourtant celle-ci s’inscrit dans un contexte de recul massif des droits fondamentaux sous le régime d’Emmanuel Macron. Que reste-t-il de la liberté d’expression en France en 2022 ? Revenons-en aux faits !
Ce Vendredi 9 décembre, le ministre de l’intérieur était de passage à Nice. Dans cette métropole ultra-sécuritaire, où les flics et les caméras de surveillance sont omniprésents, Darmanin devait visiter en grande pompe le nouvel hôtel de police de la ville.
En face du futur commissariat, la librairie Les Parleuses. À l’intérieur des affiches dénonçant les violences sexistes et sexuelles ont été collées par un collectif féministe : “À 7h, nous avons collé nos messages, avec l’accord des gérantes”, expliquent-elles. Des messages où l’on pouvait lire: “Qui sème l’impunité récolte la colère”, “Violeurs on vous voit, victimes on vous croit” en référence aux agressions sexuelles commises par le Ministre de l’Intérieur en place.
Problème, nous sommes sous un régime hybride où plus rien ne doit dépasser, ni déranger. Il ne faut contester ni le roi, ni sa cour. Vers 10h les gérantes de la librairie vont être prises à partie par une dizaine de policiers. Les CRS vont les entourer avant de leur demander identités et coordonnées. Des cadres de bois et d’épaisses couvertures noires vont être placés devant les vitrines pour cacher les affiches. “C’est de la censure, ni plus, ni moins.” dénonce le collectif de collages féministes. Les agents resteront là, dans le froid et sous la pluie, à surveiller la librairie pendant plusieurs heures, tout au long de la visite de Darmanin.
Cet épisode de censure est le dernier d’une longue série. En avril 2022, pour son dernier discours avant le second tour de l’élection présidentielle à Figeac, Macron faisait arracher une banderole qui surplombait la place, par des policier montés dans l’appartement de particuliers en toute illégalité. On pouvait y lire “Quand tout sera privé, on sera privé de tout”. Un slogan de gauche insupportable pour le président manager.
Le 23 avril 2020 une toulousaine avait passé 4 heures en garde à vue au motif d’offense au chef de l’État. Elle avait osé suspendre à sa fenêtre une banderole “Macronavirus, à quand la fin ?” Coup de pression et banderole retirée pour ce crime de lèse-majesté.
Idem le lendemain dans le Vercors où des habitant-es de la ville de Die étaient menacé-es d’une amendes de 135 euros par les agents de la police municipale pour avoir affiché des messages humoristiques pendant le confinement. “Si un policier me dit papier et que je réponds ciseaux j’ai gagné”, “Ne se mettre à genoux que pour cueillir des fleurs”. Rien de bien méchant, mais intolérable pour les autorités.
En mai 2020 à Montendre, en Charente-Maritime, une femme était entendue par les gendarmes pour avoir affiché le slogan “Macronavirus à quand la fin ?” sur les murs de son habitation. Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres…
En septembre dernier, le journal le Monde censurait une tribune défavorable à Emmanuel Macron. L’auteur y analysait “la droitisation” de Macron à propos de la mémoire de l’Algérie. Rien de bien choquant ni de spécialement subversif. Mais déjà trop impoli pour un pouvoir qui n’accepte qu’une chose des médias : qu’ils lui lèchent les bottes.
Chaque jour, la France s’enfonce dans les abysses autoritaires. Il est devenu quasiment impossible de critiquer dans la rue le monarque, le gouvernement ou sa police. Dénoncer les violences policières vous expose à des poursuites judiciaires et des gardes à vue. Même pour avoir affiché des messages symboliques et à caractère peu offensif, les gros bras du régime vous tombent dessus.
Une réflexion au sujet de « Darmanin à Nice : des collages féministes censurés par la police »
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