Il y a 34 ans, le défenseur de l’Amazonie Chico Mendes était tué par la milice d’un propriétaire terrien
C’étaient les mots de Chico Mendes, paysan pauvre et syndicaliste qui vécut dans le nord ouest du Brésil, au cœur de la forêt Amazonienne.
Chico Mendes commence à récolter le latex sur les hévéas, les arbres à caoutchouc. Il n’a que 9 ans. Il est seringueiro, esclave moderne pour le compte de patrons impitoyables qui rachètent ses récoltes à bas prix pour l’industrie pneumatique. À 20 ans, il se syndique, puis apprend à lire, se politise, organise la solidarité entre exploités. Il parvient même à fédérer des indigènes et des petits paysans descendants de colons.
La mondialisation de l’industrie du caoutchouc pousse les seringueiros dans la misère. De grands propriétaires terriens rachètent d’immenses portions de forêt pour raser les arbres et fabriquer des prairies pour leur bétail. Cet accaparement de terre menace la forêt, sa biodiversité, et la vie des seringueiros qui cohabitent avec la nature.
À la tête de son syndicat, Chico Mendes organise des manifestations, bloque les bulldozers, désarme les milices des propriétaires. Il obtient quelques victoires, sauve des parcelles, et se rend compte que son combat va bien au-delà de la sauvegarde de la récolte du latex : «Au début, je pensais que je me battais pour sauver les hévéas ; puis j’ai pensé que je me battais pour sauver la forêt amazonienne. Maintenant, je sais que je me bats pour l’humanité».
Il y a 34 ans, le 22 décembre 1988, il est assassiné devant sa famille par des tueurs à gages au service d’un grand propriétaire. Il avait 44 ans. Avant de mourir, il avait obtenu la création de grandes réserves pour protéger la forêt.
Après sa mort, plus de 20 réserves sont créés dans la région où il vivait, couvrant plus de 8 millions d’hectares. Il avait déclaré : «l’écologie sans la lutte des classes, c’est du jardinage». La vie et les combats de Chico Mendes auront démontré que l’écologie et l’anticapitalisme sont indissociables, qu’il ne peut y avoir de sauvegarde de la nature sans combattre la voracité des prédateurs économiques.