Troisième crime fasciste à Paris en 6 mois : ce qu’il faut en retenir

Un criminel raciste en liberté

William M., 69 ans, qui a tué 3 personnes aux abords d’un centre culturel kurde à Paris ce vendredi, sortait tout juste de prison. Il avait commis une attaque armée, à coup de sabre, contre un campement de réfugiés aux cris de “mort aux migrants, marre des étrangers”. Il avait lacéré des tentes avant de tenter de tuer des réfugiés soudanais qui dormaient. Désarmé par les victimes, il avait été interpellé. À l’époque les blessés avaient, eux aussi, été mis en garde à vue par la police et traités comme des coupables avant d’être relâchés. C’était le 8 décembre 2021, trois jours après le grand meeting d’Eric Zemmour à Villepinte.

Ce vendredi, William M. n’a pas été arrêté par la police. Il a été désarmé et maîtrisé par des personnes présentes dans un salon de coiffure kurde “Prestige Munzur”, dans la rue où a eu lieu l’attentat. Quand la police est arrivée, le tireur a expliqué avoir agi parce qu’il est “raciste”.

Lourdement armé mais “pas fiché”

Le tueur avait un Colt 45 ainsi que trois chargeurs approvisionnés. Qui l’a armé ? Mystère, mais il était tireur dans un club et avait “déclaré de nombreuses armes” en sa possession selon Gérald Darmanin. Le Ministre de l’Intérieur a ajouté qu’il “n’était pas fiché” et même “inconnu des services de renseignement”. Le Ministre a même osé : ”Il n’est pas certain que le tireur ait des motivations politiques particulières” alors même que William M. revendique le racisme son acte.

L’auteur d’une attaque raciste n’était donc “pas connu” des autorités et pouvait posséder des armes. “Pas fiché”, alors qu’il suffit de manifester une fois dans une mobilisation sociale ou écologiste pour l’être. Autorisé au tir malgré tout cela. À un tel niveau délibéré d’impunité pour l’extrême droite, y compris un tel individu connu pour sa dangerosité, on peut parler de complicité d’État.

Répression des hommages

Ce n’est pas la police qui a arrêté l’attentat, mais c’est elle qui a empêché les hommages. Les kurdes venus se rassembler dans la rue après l’attaque ont été gazés et réprimés juste après le passage de Darmanin. Après deux heures d’affrontements et plusieurs interpellations, des CRS ont de nouveau empêché les manifestant-es d’accéder au centre Kurde afin de se recueillir. Il est clair que la police réprime avec plus de force les personnes qui manifestent contre les terroristes d’extrême-droite que les terroristes d’extrême-droite eux-mêmes.

Qui a commandité cet attentat, qui a notamment tué la responsable du mouvement des femmes kurdes en France, et qui a eu lieu alors que devait se tenir une réunion kurde ? Les kurdes y voient la main de l’État turc.

Le troisième crime armé d’extrême droite à Paris cette année

Le 19 mars dernier, deux néo-nazis agressaient un homme, non-blanc, qui leur demandait une cigarette dans un bar parisien. Les injures racistes avaient fusé. Un rugbyman argentin célèbre, à la carrière internationale, s’interposait : Federico Martín Aramburú. Il était roué de coups par les néo-nazis. Le plus violent, Loïk Le Priol, ancien du GUD – groupuscule violent d’inspiration fasciste –, déjà poursuivi pour des actes de torture, avait exhibé un brassard de police. Les néo-nazis étaient revenus armés, et Loïk Le Priol avait abattu de plusieurs balles dans le dos Federico Martín Aramburú. Au “domicile de Loïk Le Priol, des effets siglés Police, entre autres, ont été retrouvés”, rapportait un journal sportif. Encore plus fou : “un policier de la DRPJ (direction régionale de la police judiciaire) aurait passé une partie de la soirée avec Le Priol et Bouvier, avant l’altercation puis les coups de feu.” De cette affaire ne sortiront que quelques articles dans la presse généraliste française.

Le 14 mai 2022, vers 2h du matin, une altercation a lieu entre plusieurs personnes boulevard de Clichy à Paris. Une bagarre éclate. Un automobiliste sort de son véhicule muni d’un revolver, un Colt 45, et tire une balle dans la tête d’un homme. Le tireur remonte dans sa voiture : c’est Martial Lanoir, un militant d’extrême droite violemment complotiste et antisémite, fanatique d’Alain Soral et de Serge Ayoub, deux figures de l’extrême droite radicale. Il a lui même été condamné pour incitation à la haine raciale.

L’attaque de ce vendredi est donc la troisième en quelques mois à Paris. Sans compter la multiplication des agressions d’extrême droite, les milices racistes le soir du match France-Maroc, les mosquées taguées ou les attaques contre des meetings FI.

Un climat qui encourage le passage à l’acte

“Je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers.” Dans les médias, l’écrivain néofasciste Michel Houellebecq appelait au terrorisme raciste il y a quelques jours seulement. Nous y sommes.

Le concept raciste de grand remplacement est repris par une partie de la classe politique, les idées islamophobes tournent en boucle dans les médias, un candidat pétainiste a bénéficié d’un temps d’antenne ahurissant pendant des mois.

Derrière la multiplication des violences d’extrême droite et l’attentat commis contre les kurdes, un climat et un discours propagés par les médias et une certaine élite, qui encouragent et arment idéologiquement les meurtriers.


Ces gens sont complices


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